À l’invitation du sénateur Sébastien Fagnen (PS), le président de groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner s’est rendu à Cherbourg-en-Cotentin (Manche) ce vendredi 14 février 2025.
« C’est un symbole important que le président du groupe socialiste soit présent pour découvrir l’outil de production industriel qu’est Naval Group et échanger avec les équipes sur ce que représente le programme Barracuda et SNLE 3G pour l’autonomie stratégique du pays », a souligné le parlementaire cherbourgeois Sébastien Fagnen.
Invité également, le vice-président commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat Rachid Temal n’a pas pu être présent, pour raisons de maladie.
Quel était l’objectif de votre visite à Naval Group ce vendredi matin ?
La situation géopolitique nous a amenés à développer la défense de notre pays. La question d’une défense européenne n’est pas d’actualité, on peut le regretter, mais c’est une réalité. Notre pays doit se doter des moyens qui lui permettent cette grande autonomie. Nous sommes la seule force nucléaire de l’Union européenne. Les décisions géostratégiques que prendra Trump dans le cadre de son nouveau mandat seront déterminantes. Il est évident que la manière qu’il traitera la place de l’Otan et la place des USA au sein de l’Otan, déterminera aussi notre capacité à devoir prendre des décisions urgentes pour renforcer l’UE et ses membres face aux menaces extérieures. Nous sommes entourés de nouvelles formes d’impérialisme qui peuvent peser sur notre sécurité. Nous avons eu une campagne européenne, pas si lointaine, où le candidat que nous avons soutenu Raphaël Glucksmann avait mis ce sujet en première ligne de ses préoccupations : l’indépendance militaire de l’Europe et la première force militaire qu’est aujourd’hui la France.
« Naval Group fait vivre 80 départements différents »
Vous avez aussi rencontré le maire de Cherbourg Benoît Arrivé (PS) avec qui vous avez notamment parlé des enjeux du logement ?
Notre visite de Naval Group a été précédée par une rencontre avec le maire de Cherbourg qui nous a expliqué les enjeux économiques et sociaux de l’extension de Naval Group. Quand on voit le nombre de salariés actuels, et à venir, il y a un écosystème autour de Naval Group manifeste.
Naval Group fait vivre 80 départements différents. Chez moi dans le Nord, à Framatome, dans le bassin de la Cendre chez moi et à Outreau sur la côte boulonnaise, où il y a un fournisseur de pompes qui vont dans les sous-marins, un secteur de niche.
En tant que parlementaire, notre rôle est d’accompagner et contrôler la politique générale du logement en améliorant le budget logement porté par Madame Létard, un peu moins mauvais que celui de Monsieur Barnier. Nous sommes encore très loin du compte. En 2024, 300 000 logements neufs ont été livrés. Quand j’ai quitté le gouvernement, nous étions sur un rythme de 500 000 logements.
Sur le territoire, les élus locaux ont un rôle d’influence. Benoît Arrivé nous a expliqué sa volonté que, d’une manière ou d’une autre, par une force réservataire les entreprises s’engagent à sécuriser un projet de logements neufs au profit de leurs salariés.
C’est une préoccupation qui me parle parce que dans le Nord nous avons aussi un grand projet industriel avec des Gigafactories. 20 000 emplois vont être créés.
Benoît Arrivé va venir sur le Dunkerquois rencontrer le maire Patrice Vergriete qui va faire des usines sans voiture, sans parking, obligeant les salariés à utiliser les transports en commun. C’est osé et bien sûr il faut qu’il y ait, derrière, une masse critique de transport.
Le Parti socialiste n’a pas voté les motions de censure sur les projets de loi de finance. Est-ce une rupture avec LFI ?
Le mot de rupture est fort. Ce qui est certain c’est que nous avons des divergences stratégiques et une conception de nos relations avec LFI qui pose une réelle difficulté. C’est un choix stratégique, que nous appelons entre nous d’éthique de la responsabilité accompagnée néanmoins d’une éthique de conviction. Nous avons estimé que, même si le budget n’est pas bon, les conséquences d’une absence totale de budget étaient plus dramatiques que le budget lui-même.
Nous déposerons lundi prochain une motion de censure sur les choix sociétaux du gouvernement.
Nous estimons que la présence de ministres, en particulier de Monsieur Retailleau qui porte une ligne très proche de l’extrême droite sur le volet sécuritaire et de l’immigration, mérite une décision politique de notre part. Nous constatons en permanence des décalages. Le duo Darmanin et Retailleau fonctionne très bien ensemble. Madame Borne a émis des grandes réserves sur les politiques de Monsieur Retailleau. Certains parlent de cacophonie, de polyphonie. En tout cas, c’est un grand écart permanent sur un plan idéologique et à un moment donné ça fait mal aux adducteurs. Il va falloir trouver un équilibre.
Est-ce que Monsieur Bayrou est capable de trouver cet équilibre ? Nous restons perplexes. Monsieur Mélenchon et ses amis de LFI Insoumis ont une priorité absolue calendaire de faire tomber le président de la République. Ce n’est pas notre priorité. Notre priorité est d’abord de servir les Français en étant une opposition déterminée et qui prend ses responsabilités.
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