Dimanche 8 décembre 2024, Olivier Tournelle, agriculteur à Mont-Saint-Jean (Sarthe), fait une macabre découverte. Un de ses veaux perdus est retrouvé quasi entièrement dévoré, dans le champ du voisin. Il reste une partie de la tête, une jambe sur les quatre et les os. Un loup rôde-t-il dans les parages ?
« J’ai été choqué par l’état de la carcasse. Il n’y avait plus de peau, ni de chair, les côtes cassées, confie celui qui élève des vaches laitières. Il a été traîné sur 70m jusque chez les voisins. » Il estime une consommation entre 20 et 30 kg. Une sacrée part.
Olivier alerte l’Office français de la biodiversité (OFB). Les intervenants venus sur place affirment qu’il s’agit de l’attaque d’un renard. Pour clarifier leur première analyse, ils repartent avec des poils et des fèces.
Un deuxième veau dévoré jusqu’aux os : l’œuvre d’un loup ?
Le temps passe et alors que la famille Tournelle fait son retour de vacances, le 29 décembre 2024, Olivier repère un veau mort dans son champ. Il le déplace dans la cour, l’équarrisseur doit intervenir dans quelques jours.
Il n’aura rien à ramener, puisque le 1er janvier 2025, l’agriculteur sarthois retrouve les restes de la bête 15m plus loin dans un fossé : « Je le retrouve dans le même état que le premier. Il ne reste que les os. La peau a disparu, la chair également. » Là aussi, entre 20 et 30 kg ont été consommés.
« L’hypothèse du loup, j’y crois »
Alors que le fils de la famille partage l’état des dégâts sur les réseaux sociaux, Olivier est contacté par Jean-Luc (voir l’article ci-dessous), un agriculteur du Sud Mayenne. L’une de ses bêtes a subi le même sort en octobre 2024. Depuis, ce Mayennais tient une page Facebook « Retour du loup en Mayenne », sur laquelle il répertorie et classifie des faits similaires.
Jean-Luc se déplace chez Olivier, et pour lui aucun doute, malgré l’absence d’empreinte, c’est l’œuvre d’un loup, voire deux.
« Cela fait 20 ans, que je suis installé ici. Je n’ai jamais vu ça. Mon père non plus ! J’ai eu des bêtes blessées à cause d’un renard, et ça ne ressemble en aucun cas à ce que j’ai vu dernièrement. L’hypothèse du loup, j’y crois », affirme Olivier Tournelle.
Des inquiétudes pour ses bêtes
Lors de cette deuxième découverte, l’agriculteur de Mont-Saint-Jean a fait venir de nouveau l’OFB. Là aussi, ils ont indiqué que c’étaient des renards. Là aussi, ils ont fait des prélèvements. « On n’a jamais eu les résultats. Du moins pour le moment. Peut-être que ça cache quelque chose ! »
En attendant, Olivier se montre inquiet pour les 150 bovins de son exploitation : « Je ne veux pas changer ma manière de travailler, mais je ne travaille plus vraiment l’esprit tranquille. On n’est pas à l’abri que ça recommence. Si ça venait à se reproduire, je vais acheter des caméras. Il me faut des preuves. »
« Pour moi, il n’y a pas de doute, c’est l’œuvre de deux loups «
Installé dans le Sud Mayenne, Jean-Luc est éleveur et depuis octobre 2024, ses semaines et son esprit sont occupés par le loup. Et pour cause, le 7 octobre dernier, il a retrouvé un cadavre de veau complètement mangé. Le veau était déjà mort.
Intrigué, il mène des recherches et trouve une page Facebook sur le « Retour du loup en Maine-et-Loire » créé par un connaisseur du sujet. L’homme se déplace et lui confirme que c’étaient les traces d’un loup.
Après cette découverte, il lance une page du même type, mais concentré sur la Mayenne. C’est par ce biais qu’il découvre le malheur des deux veaux dévorés chez Olivier Tournelle, du côté de Mont-Saint-Jean (Sarthe) : « Pour moi, il n’y a pas de doute, c’est l’œuvre de deux loups à la vue de la quantité ingurgitée en une seule nuit. »
A l’instar de chez la famille Tournelle, l’Office français de la biodiversité a indiqué que la consommation du veau de chez Jean-Luc, était le coup d’un renard. « Je suis dans le métier depuis longtemps, je n’ai jamais retrouvé l’un de mes animaux dans cet état-là ! »
Dans une volonté de crever la vérité, Jean-Luc a donné beaucoup de son temps ces derniers mois pour apprendre à connaître le loup : « Je me suis énormément documenté. Quand j’avance des choses sur les réseaux, derrière, il y a un gros travail où j’ai recoupé les informations, je suis allé sur le terrain, j’ai analysé les empreintes… »
Aujourd’hui, Jean-Luc consacre environ 10h par semaine aux loups. « Un groupe de travail de 25 personnes est monté dans le Maine-et-Loire, idem en Mayenne. En Sarthe, on vient de le lancer avec une dizaine d’éleveurs », affirme l’intéressé.
Pour la Sarthe, l’objectif est de convaincre le préfet de faire passer le département dans le cercle 3 en matière de protection des troupeaux contre la prédation. En résumé, il s’agit d’un plan qui permet aux éleveurs de toucher des aides financières pour avoir des chiens de protection de troupeaux et des clôtures électrifiées. Ce système est effectif dans le Maine-et-Loire depuis le 1er janvier dernier. « Il faut anticiper les choses avant que les dégâts ne soient trop nombreux ! »
« Peut-être que les langues vont se délier »
Si cette découverte n’a pas fait grand bruit, Olivier en a parlé à d’autres éleveurs du coin : « Ils ne me croyaient pas réellement, jusqu’au moment où ils ont vu les photos. Comme moi, ils ont été choqués par l’état de la bête. »
« Chez certains, je sais que des animaux ont disparu, mais ils n’y ont pas porté plus d’intérêt. Le fait d’en parler ouvertement, peut-être que les langues vont se délier. Ce loup est déjà venu à deux reprises chez moi, pourquoi il ne reviendrait pas dans les parages ? »
Contacté à plusieurs reprises par nos soins, l’OFB de la Sarthe affirme avoir fait des prélèvements sur place. Ces derniers ont été envoyés à une agence spécialisée dans les analyses de ce type. A l’heure actuelle, l’OFB est toujours en attente des résultats.
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