Montebourg (Manche), début janvier 2025. Une jeune femme qui était en couple depuis 2021 avec Vincent (*), 27 ans, mais qui s’était séparée de lui, reçoit un SMS de son ex qui l’avertit qu’un colis dans lequel il y a son portefeuille l’attend dans un supermarché à Montebourg.
Sans défiance (son ex s’étant fixé à Lyon), elle se rend au supermarché et, là, on lui dit qu’on n’a pas reçu de colis à son nom. Quand elle est sortie, il était là. L’altercation était inévitable. L’homme l’a alors saisie par les cheveux et lui a asséné un terrible coup de genou dans le visage, touchant un œil.
Devant cette scène d’une violence extrême, un habitant du secteur est intervenu. Il a arraché la femme des mains de son tortionnaire et l’a emmenée chez lui pour la protéger et avertir les gendarmes.
Vincent, revenant à la charge, les a suivis. Et brandissant son portable, il a voulu prendre en photo son ex et son sauveteur. Son portable s’est fait éjecter de ses mains.
La femme a porté plainte. Deux jours plus tard, elle recevait un message de son ex, revenu à Lyon (Rhône), qui lui faisait croire qu’il avait été hospitalisé à la suite de l’altercation à Montebourg, et il lui demandait de retirer sa plainte.
Une victime sous antidépresseurs
Vincent avait demandé par la voix de son conseil de renvoyer cette affaire parce que ça n’était pas simple pour lui de venir de Lyon à Cherbourg. La réaction de la magistrate du parquet a été immédiate : « Il n’y avait pas eu de difficulté pour lui de venir de Lyon jusqu’à Montebourg pour nuire à la plaignante. Il y va de l’intérêt de tous que ce soit traité aujourd’hui. Il est essentiel de la protéger. »
D’où la demande de la magistrate d’interdire tout contact avec sa victime. Une victime, décrit Me Hairon, son avocate, qui a subi « un stress important, qui dure encore aujourd’hui, deux mois après ce qu’elle a enduré. L’emprise de Vincent continue. C’est de cela qu’il faut la protéger, en lui interdisant tout contact avec elle et en lui interdisant de paraître dans la Manche : il n’y a pas de famille, ni de travail, il n’a rien à y faire. »
Me Hairon a demandé une expertise médicale pour la victime : « Elle a eu les yeux tout noirs, elle a encore une bosse au front. Son préjudice psychologique est important. Elle est sous antidépresseurs. Elle dort mal, elle hésite à sortir de chez elle. Par prudence, elle a changé son numéro de téléphone. Elle a peur. »
« Il est violent, c’est sa nature, reconnaissait lors de ses réquisitions la magistrate du parquet à propos de Vincent, ajoutant qu’il était « en récidive de récidive« . D’où sa demande de prison ferme et ensuite d’un sursis probatoire pour s’assurer de ses soins contre sa violence. Lyon est loin de Cherbourg, mais la distance ne saurait le mettre à l’abri de toute sanction. C’est pourquoi la magistrate a requis qu’il soit délivré à l’endroit de cet homme un mandat d’arrêt.
Vincent a été condamné à 10 mois de prison plus 4 mois d’un sursis révoqué. Un mandat d’arrêt est prononcé à son encontre. Il lui est interdit tout contact avec son ex et il lui est interdit de paraître dans la Manche pendant trois ans.
Pour l’évaluation des dommages subis par la victime, l’affaire est renvoyée sur intérêts civils après expertise médicale au 22 septembre.
(*) : le prénom a été modifié.
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