Alors que le XV de France se prépare pour disputer ce qui sera quasiment une finale contre l’Irlande dans le Tournoi des 6 Nations, le staff va devoir trancher dans plusieurs secteurs. Notamment en ce qui concerne le débat du centre du terrain. Retour de Gaël Fickou ou continuité de la paire Moefana – Barassi : un ancien Bleu à 86 sélections donne son avis.
Barassi ou Fickou au centre des Bleus : l’avis de Damien Traille
Actu : Qu’avez-vous pensé des performances de Yoram Moefana et Pierre-Louis Barassi depuis le début du Tournoi ?
Damien Traille : C’est une paire de centres assez nouvelle, ils n’ont pas trop joué ensemble. Ce sont des joueurs très forts dans leurs clubs respectifs, l’UBB et Toulouse qui dominent ce championnat et qui proposent un jeu assez huilé. Chacun est capable de jouer sa partition, après, c’est différent en équipe de France. En équipe de France, il faut se connaître, il faut avoir certains automatismes pour jouer ensemble, le système de jeu est différent. C’est sûr qu’il n’y a pas eu les grandes envolées qu’on a pu voir dans leurs clubs. Mais on constate que ce sont des joueurs qui ne lâchent rien, que ce soit offensivement ou défensivement.
Quel match vous a le plus plu jusqu’à présent ?
D.T. : Je pense notamment que sur l’Italie, on ne va pas trop en compter. Parce que quand tu gagnes 70 points… Mais j’ai apprécié ce premier match face aux Gallois où il y a eu une grosse densité physique notamment en défense. Cette paire de centres a besoin de jouer, ils ont un fort potentiel.
XV de France : des lacunes défensives collectives
Entre les promesses et les quelques difficultés aperçues, vous semblez prendre le parti de l’optimisme…
D.T. : Oui, on peut dire qu’il y a eu quelques errances défensives. Mais je ne suis pas le mieux placé pour parler de la défense parce que je ne défendais pas trop ! (Rires) Mais c’est pareil. Je crois que c’est tout un système qu’il faut mettre en place. À chaque fois, il y a eu un 10 qui a été changé. Il faut avoir des automatismes. Pour l’Italie, ça passe. C’est sûr qu’en Irlande, si on a autant de difficultés qu’on a pu avoir sur les matchs précédents, ça sera plus compliqué.
Comprenez-vous que Pierre-Louis Barassi ait été davantage pointé du doigt que d’autres pour les erreurs défensives vues en Italie ?
D.T. : Ça rejoint ce que j’ai dit avant. C’était Thomas Ramos qui était 10. Je crois qu’on le sait, ça va encore probablement changer. Déjà en club, c’est compliqué de défendre même si on a des repères plus précis. Là, en équipe de France, c’est différent. Oui, il y a eu quelques erreurs par manque de communication. Mais ces problèmes-là, on ne les retrouve pas en club. Je pense que c’est plus un problème d’automatismes que de performances individuelles.
Moefana – Barassi : un baptême du feu à Dublin ?
Pensez-vous qu’un joueur puisse payer la note après un match gagné aussi largement ?
D.T. : Attention, ça peut aller vite. On l’a vu, Damian Penaud a raté quelques plaquages face aux Anglais et il a été sorti du groupe. C’est sûr que le côté positif de l’Italie, il faut le garder. Mais on ne se focalise pas là-dessus. Quand tu gagnes avec 70 points sur un match international, ce n’est pas offensivement, ce n’est pas sur les points positifs que tu vas te concentrer. On en apprend beaucoup plus de ses erreurs. Sur des matches de plus haute intensité, avec des oppositions plus fortes, ça se paie cash. Surtout que tu ne marqueras pas des points aussi facilement.
S’ils sont maintenus, on devrait voir Yoram Moefana et Pierre-Louis Barassi revanchards à Dublin…
D.T. : Je l’espère. J’espère qu’on gagnera facilement contre les Irlandais… mais ça m’étonnerait que ce soit une partie de plaisir ! Je pense que chacun a pris conscience des lacunes qu’il y a eu en Italie notamment défensivement. Il y a un staff avec Shaun Edwards, le spécialiste de la défense qui a prouvé que celle-ci avait été une force de cette équipe par le passé. Je me dis que ces lacunes sont peut-être dues à ce manque d’automatisme et ce remaniement qu’il y a eu sur l’axe 10-12-13, qui fait qu’on a été un peu moins performants. Ce qui est sûr c’est qu’on ne pourra pas se permettre ces petites erreurs défensives, car à chaque fois elles coûtent des points, des essais ou nous mettent en difficulté. On défend, on laisse beaucoup plus d’énergie. Et l’énergie, il va falloir l’utiliser dans d’autres secteurs de jeu qui seront beaucoup plus rudes à Dublin.
Le retour de Gaël Fickou
Certains observateurs n’ont pas tardé à appeler le retour de Gaël Fickou, un des patrons de la défense du XV de France ces dernières années…
D.T. : Pour Fabien Galthié et son staff, c’est sans doute un casse-tête, mais je pense qu’il y a un paquet de sélectionneurs qui aimeraient avoir ces maux de tête-là. Aujourd’hui, est-ce qu’il faut changer ? Est-ce qu’il faut faire rentrer Gaël Fickou ? Gaël qui a été le leader et capitaine de la défense de l’équipe de France, qui a cette expérience des grands rendez-vous. Évidemment, la question va se poser aussi de qui va jouer numéro 10. Est-ce que Damien Penaud va revenir ? Est-ce que Ramos va repasser à l’arrière et on va faire sortir Barré ? Ça dépendra de la stratégie que met en place Fabien Galthié avec le banc 7-1…
Avec le retour de Romain Ntamack et les garanties défensives qu’il apporte, un match à Dublin ne serait-il pas le meilleur baptême du feu pour la paire Moefana – Barassi ?
D.T. : Soit ils misent sur l’expérience et évidemment il faut faire entrer Gaël au centre, soit on reste un peu sur la continuité du début du Tournoi, et je pense que c’est aussi l’avenir avec Moefana et Barassi, en plus d’un beau vivier avec Gailleton, Depoortère, Costes, etc. En Irlande, on peut penser aussi que si Ntamack joue en 10, il aura un peu plus de repères avec Barassi. Récupérer Romain, ça apporte aussi un peu de sérénité à l’intérieur des centres, tu sais que lui va s’y filer. Il défend un peu plus que Thomas Ramos, il a les automatismes avec Barassi, et ça, ce n’est pas neutre.
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