L’arnaque au pneu crevé continue de faire des victimes sur l’AP-7, l’autoroute qui relie Perpignan à Barcelone (Espagne). Les escrocs continuent de sévir, malgré de nombreux messages de vigilance sur les panneaux lumineux de cet axe toujours très fréquenté. Tiphaine, une touriste belge, a failli en faire la mauvaise expérience.
Une arnaque bien connue sur l’autoroute
Originaire de Liège (Belgique), cette mère de famille connaît très bien la Catalogne. « On a un appartement à Rosas. Ça fait 25 ans qu’on vient », témoigne-t-elle auprès d’Actu Perpignan. Avant ce jeudi 6 mars 2025, Tiphaine n’avait pourtant jamais entendu parler de cette arnaque en vogue.
« En ramenant mon frère à l’aéroport de Gérone, on a remarqué des messages en français et en anglais sur les panneaux lumineux de l’autoroute. On en a parlé brièvement, puis je l’ai déposé », se remémore-t-elle. Sur l’AP-7, les autorités informent régulièrement sur ces vols par ruse.
Les escrocs font croire à une défaillance du véhicule de leur cible pour la forcer à s’arrêter. Pendant cet arrêt, les voleurs (qui proposent souvent d’aider leur victime) volent discrètement dans l’habitacle ou repartent, parfois, avec la voiture.
La vacancière ne le sait pas encore, mais la discussion qu’elle a eue avec son frère lui a évité une sacrée mésaventure. « Cinq minutes après avoir repris la route (il était 11h15, ndlr), j’ai vu une Tesla et une Seat blanche. On aurait dit que les deux voitures faisaient la course. Elles se chevauchaient. Finalement, la Tesla s’est mise devant moi. La Seat est arrivée à mon niveau. Je n’arrivais pas à la dépasser », explique Tiphaine.
Un mode opératoire bien rodé et convaincant
La Belge ne comprend pas le comportement de cet automobiliste, probablement âgé entre 35 et 40 ans. « C’est là qu’il a commencé tout son speech ! Il parlait espagnol. Tout en roulant, il m’a fait comprendre que j’avais un problème à mon pneu. Il insistait vraiment ! C’était très dangereux ! », assure la touriste.
La Seat blanche accélère et se replace devant sa voiture, met ses warnings et ouvre sa fenêtre. « Il m’a fait signe de m’arrêter sur le bas-côté. Là, ça m’a fait tilt ! J’ai appelé mon frère et je lui ai expliqué la situation », enchaîne Tiphaine.
Son frère la dissuade de s’arrêter. Il lui conseille de continuer sa route et de contacter la police par téléphone. « Pendant ce temps, la voiture s’est mise à ma droite. Le conducteur m’a demandé d’abaisser la fenêtre », relate cette maman de trois enfants en bas âge.
Il me criait « El plástico ! El plástico ! (le plastique, ndlr) », tout en me montrant le bas-côté. J’ai pris mon téléphone, et je lui ai répondu « Policía ! Policía ! (la police, ndlr) ».
Démasqué grâce à ce réflexe salvateur (*), l’escroc a pris la tangente à la sortie suivante. À son arrivée chez elle, Tiphaine a tout de même vérifié l’état de son véhicule. Il était en parfait état. Elle a donc bien échappé à une tentative d’arnaque.
(*) : si vous êtes victimes d’une telle situation, n’hésitez pas à composer le 112, le numéro d’appel d’urgence valide dans toute l’Union européenne.
« J’ai hésité à m’arrêter »
Au lendemain de cette frayeur, Tiphaine se pose de nombreuses questions qui resteront sans réponse : « Qu’aurait-il fait si je m’étais arrêtée ? Si j’avais décidé de sortir, en ayant mes enfants à l’arrière… Comment ça se serait passé ? »
Je peux vous dire qu’il était vraiment convaincant. Il agissait dans l’urgence, comme un bon samaritain. En plus, je suis Belge, au fin fond de l’Espagne, je n’ai pas mes habitudes… Si je n’avais pas lu les panneaux et que je n’en avais pas parlé avec mon frère, je me serai arrêtée, c’est sûr ! Heureusement qu’ils mettent ces messages. Et encore, même en les ayant lus, j’ai hésité à m’arrêter.
Après avoir repensé plusieurs fois à la scène, Tiphaine estime que sa voiture immatriculée en Belgique a attiré l’escroc : « La Tesla qui était devant moi avait une plaque française. Après réflexion, je pense qu’il avait d’abord tenté avec cette voiture. Finalement, il a essayé avec moi ».
Un fléau difficile à endiguer
Tiphaine a partagé sa mésaventure sur les réseaux sociaux. Une façon d’alerter et d’éviter que d’autres automobilistes se fassent piéger. « Il ne faut pas s’arrêter ! », martèle la Belge. Sous sa publication, plusieurs internautes, victimes ou témoins, ont livré leur témoignage.
« Nous avons aussi vécu cela en août, vers Barcelone. Il (l’escroc, ndlr) voulait que je descende pour voir l’anomalie de mon pneu. Mon mari était déjà avec lui. Mon chien et mon chat étant à l’arrière, j’ai dit non. Il n’était pas content. Nous avons senti l’arnaque », confie l’une d’entre eux. Finalement, le couple a repris sa route, sans encombre.
Pour lutter contre ce fléau, les Mossos d’Esquadra (la police catalane) ont mis en place une unité spéciale. 17 agents sillonnent l’axe Perpignan – Barcelone – Tarragone pour traquer ces voleurs. Chaque année, une centaine de suspects est appréhendée. Mais c’est encore insuffisant pour faire cesser ces délits commis par des bandes (très) organisées.
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