On peut facilement imaginer le choc dans la commune de Fresney, entre Pacy-sur-Eure et Saint-André-de-l’Eure, village de quelque 300 âmes, qui vient de perdre son maire dans des circonstances effroyables. Les rubalises et les nombreuses voitures de gendarmerie qui bouclaient la rue des Oiseaux ne laissaient aucune place au doute quant à l’ampleur du drame.
Son fils avait signalé sa disparition
La rumeur de la mort de Didier Dessaint, 75 ans, qui se répandait dans les environs, a vite été confirmée, comme l’avait révélé Eure Infos La Dépêche d’Évreux. Le matin du mardi 4 mars 2025, son corps a été retrouvé enterré dans le jardin de la propriété qu’il partageait avec son fils âgé de 28 ans. C’est ce dernier qui a alerté les enquêteurs, la veille, signalant la disparition de son père depuis samedi 1er mars.
Mais les soupçons se sont rapidement retournés contre lui, ce qui a conduit, dès lundi soir, à l’ouverture d’une enquête pour homicide aggravé et à son placement en garde à vue, avant que ne soit faite la macabre découverte.
Un conflit autour d’une relation avec une femme thaïlandaise
Le jeune homme avait, en effet, confié son crime à une amie de la famille qui a alerté les gendarmes. Recherché, le fils a été interpellé et a reconnu les faits sans difficulté, précise le procureur de la République Rémi Coutin, qui a tenu une conférence de presse à ce sujet jeudi.
E. Dessaint vivait avec Didier Dessaint depuis une dizaine d’années, après le départ de sa mère du domicile familial. Il n’aurait pas supporté de voir son père nouer une relation avec une femme thaïlandaise avec laquelle il aurait projeté de se marier. Le matin du samedi 1er mars, il a souhaité avoir une discussion à ce sujet avec son père. Mais face au refus de ce dernier d’en parler, il s’est saisi d’une massette et lui a porté un premier coup au crâne, alors que la victime lui tournait le dos, avant d’en porter plusieurs pour achever son œuvre.
Enterré dans le cabanon des chèvres
Le jeune homme a ensuite nettoyé la scène avant de transporter le corps de son père dans une brouette et de l’enterrer dans un cabanon qui sert d’abri aux chèvres, dans le jardin. Afin de brouiller les pistes, il a pris la voiture de la victime et l’a laissée dans une forêt appartenant à la famille afin de faire croire que son père ne serait pas revenu d’une promenade.
L’autopsie menée mercredi à l’institut médico-légal de Rouen s’accorde parfaitement avec les propos du fils. Si l’enquête vient à peine de débuter, le déroulement des faits est plutôt clair, indique par ailleurs le procureur. Le mobile, lui, l’est beaucoup moins. « Les propos qu’il a tenus en garde à vue sont confus. Il aurait, peut-être, eu peur de l’abandon », précise le magistrat.
Il risque la perpétuité
Rémi Coutin s’interroge également sur « le déferlement de violence », qui doit être expliqué. Car l’auteur des coups de massette a assuré qu’il souhaitait d’abord assommer son père avant d’être emporté par sa fureur.
E. Dessaint a été vu par un psychologue et a été reconnu pénalement responsable. Sorti de garde à vue mercredi, il a été mis en examen pour homicide sur ascendant, des faits pour lesquels il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Il a été placé en détention provisoire dans l’attente d’un probable futur procès en Cour d’assises.
Le jeune homme est bien connu à Fresney. Son activité de fabrication de vélos électriques a, par ailleurs, fait l’objet d’un article dans nos pages. Il vivait seul avec son père et avait une vie sociale peu étoffée, selon l’entourage de la famille, qui a également déclaré aux gendarmes que les relations étaient difficiles entre les deux hommes. Jusqu’à maintenant, E. Dessaint était connu de la justice pour un simple refus d’obtempérer.
Source link
