Presque 20 ans dans le football, et bientôt autant dans l’encadrement des joueurs. À 34 ans, Stessy Legendre baigne dans le milieu du ballon rond depuis ses 15 ans, âge auquel elle a signé sa première licence.
« La carrière a été courte », ironise-t-elle, puisqu’elle a dû arrêter la pratique pour les études mais aussi « pour deux blessures aux ligaments ». Mais pas question de laisser sa passion de côté : elle a encadré des jeunes dès l’âge de 16 ans, avec « une première formation de Jeune animateur technique ».
Dix ans plus tard, son expérience l’a emmenée jusqu’à « prendre la présidence du club de Saint-Jacques-de-Néhou (Manche) », dont l’équipe senior évolue en 3e division de district (avant-dernier niveau français). Son mari est l’entraîneur des seniors.
Il m’a demandé il y a trois ans si je voulais prendre en charge la préparation physique de nos joueurs, car les blessures étaient récurrentes.
« Créer du lien entre les femmes du district »
Elle n’a pas hésité : « Je me suis prise au jeu, pour rentrer un peu plus dans l’action ». Aujourd’hui, elle a non seulement pris le coaching de la D3, mais aussi l’entraînement de la réserve, qui évolue en D4, une équipe nouvellement créée.
Aujourd’hui, la jeune femme poursuit son apprentissage, en étant l’une des cinq femmes sélectionnées pour « la première édition du diplôme fédéral édition senior », un programme d’accompagnement des éducatrices de Basse-Normandie, proposé par la Ligue.
L’ambition du projet est assez claire : « Essayer d’augmenter le nombre de femmes dans l’encadrement d’équipes ». À la réception d’un mail sur la boîte du club, Stessy Legendre a jugé bon de s’y inscrire, « étant toujours demandeuse d’évoluer dans les pratiques et les connaissances ».
Au-delà de l’aspect formation, c’était aussi « l’occasion de se créer des liens, du réseau avec d’autres femmes du district. Avant cela, je ne connaissais pas de femmes au sein d’autres clubs ».
Lors des présentations du programme, Stessy a rencontré Cloé Mariette, coach et arbitre du club de Bretteville-en-Saire. Elles nouent « une amitié dès le départ », et se motivent l’une l’autre :
Sans Cloé, je n’aurai pas envisagé de passer ce diplôme, à cause de mon emploi du temps.
Les voilà donc engagées depuis février 2025 dans cette formation, qui allie « théorie, travaux de réflexion et mise en application ».
Des connaissances qu’elle doit dans le même temps appliquer dans un stage, qu’elle effectue à l’UC Bricquebec, où le coach et responsable de l’école de foot Dorian Lay n’a pas hésité à devenir son tuteur.
Pas toujours évident toutefois de « faire la part des choses entre la théorie et le quotidien. Il faut savoir coller à la réalité du terrain ».
« Il ne faut pas mettre une femme à un poste par dépit »
Avant même une certification décernée en juin si son rapport de stage est validé, Stessy Legendre a déjà tiré profit de cette expérience :
Les rencontres sont belles. Nous sommes cinq femmes d’horizons différents, et pourtant on se rend compte que quelle que soit la taille du club, nous sommes confrontées aux mêmes problématiques, que ce soit dans l’engagement des joueurs ou dans la gestion des infrastructures.
Elle salue ce projet de la Ligue de Normandie, qui souhaite « rendre la formation accessible à toutes et tous dans le foot ».
Favorable au fait d’installer les femmes dans le paysage footballistique, elle tient à faire preuve de vigilance : « Il ne faut pas mettre une femme à un poste par dépit. Je suis partisane du fait de mettre la bonne personne. Cette formation permet d’envoyer le message qu’une femme peut occuper des fonctions dans un club. Elle doit : non ; mais elle peut. En tout cas, l’initiative peut permettre à d’autres femmes d’oser se lancer ».
Si Stessy ressort diplômée, ses compétences d’encadrement pourront s’étendre au niveau R3 masculin, ou R1 féminin. « Il y aura de quoi réfléchir si les opportunités se présentent, mais l’objectif aujourd’hui est d’en faire bénéficier mon club », conclut-elle.
Arthur PUYBERTIER
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