Équeurdreville (commune déléguée de Cherbourg-en-Cotentin, Manche), le 8 octobre 2024 : les journaux faisaient l’évocation d’un « accrochage entre une trottinette électrique et un vélo » qui avait eu lieu la veille sur la piste cyclable, boulevard de la Saline, avant 7 h 30, alors qu’il faisait encore nuit.
Le choc avait fait deux blessés, transportés au centre hospitalier public de Cherbourg. Le terme « accrochage » s’est avéré trop faible au moins pour l’un des blessés, le cycliste, victime d’une double fracture dans la région cervicale, notamment celle d’un petit os à la base du crâne qui joue son rôle dans les mouvements de la tête, et aussi d’un pneumothorax.
Une immobilisation complète
Résultat : 100 jours d’ITT, une semaine d’hospitalisation, l’obligation de rester allongé sur le dos pendant une semaine, immobilisation complète en attendant que lui soit fourni le corset qui permette au blessé de retrouver un quotidien supportable jusqu’à la guérison complète, trois mois plus tard.
On imagine ce qu’a dû être l’impatience de cet accidenté (sans compter les souffrances dues au pneumothorax), qui est prof d’éducation physique dans un établissement cherbourgeois.
C’est d’ailleurs en se rendant sur son vélo selon son habitude vers son établissement scolaire qu’il a été victime de la collision avec le pilote de la trottinette électrique lancée à 55 km/h sur la piste cyclable (où un tel engin n’avait rien à y faire), sans éclairage. Le prof de gym n’a pas vu le coup venir. Le choc a été brutal.
Des conséquences financières
Devant les juges, l’homme à la trottinette, 24 ans, a expliqué qu’il était en retard pour prendre son travail, c’est pourquoi il était à pleine vitesse.
« Est-ce que ça peut justifier de mettre en péril la vie de quelqu’un, et la vôtre à l’occasion ? », lui a demandé le président de l’audience pour le replacer devant ses responsabilités, ce qui n’avait rien de superflu dans la mesure où, en plus des manquements déjà évoqués, il circulait sur un engin qui n’était pas assuré.
« Pas d’assurance, pas d’éclairage, pas de casque, pas de vêtements fluo pour le rendre visible », le pilote de la trottinette est dénoncé par le substitut du procureur pour son inconscience, sa mise en danger d’autrui. Mais quelle peine suggérer ? Une amende ?
Il faudra qu’il indemnise l’ensemble des conséquences de l’accident.
La magistrate a préféré proposer aux juges de décider d’une peine de 5 mois de prison avec sursis. Réponse le 25 mars 2025 à 13 h 30.
De son côté, Me Baudry, l’avocat du prof, a fait le bilan financier de ce qu’il en a coûté à son client dans cette mésaventure : la remise en état de son vélo pour 244,40 €, ses déplacements à Caen (Calvados), 348,50 €, 2 040 € pour le suivi des soins, auquel l’avocat ajoute une indemnisation pour les souffrances endurées à hauteur de 2 500 €.
« Il n’y a pas eu de perte de salaire pour lui, ni de frais médicaux à sa charge. Mais l’affaire aura coûté plus de 20 000 €. »
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