Il y a quelques mois, assis dans les fauteuils d’un salon du Sénat, on demandait à Philippe Bas son endroit préféré au palais du Luxembourg. Il amena les journalistes en haut des marches du grand escalier qu’empruntent les ministres, le mercredi, jour des Questions au gouvernement. Là, une fenêtre donne sur le jardin. « Il ne faut jamais oublier l’honneur que c’est de représenter le territoire en ces lieux », racontait l’élu de Saint-Pois (Manche).
Philippe Bas est le choix de la légitimité.
Ces derniers jours, ses proches le racontaient rattrapé par une forme de nervosité à l’heure d’entamer un nouveau chapitre de la vie.
« Être auditionné par la Commission des lois, qu’il a présidée à deux reprises, était quelque chose de très particulier pour lui, raconte Béatrice Gosselin, sénatrice LR de la Manche. Il connaît la Constitution sur le bout des doigts. C’est un moment émouvant de sa vie. Pour lui, rejoindre le Conseil constitutionnel est évidemment un honneur, pour lequel il est légitime, mais aussi un choix difficile à faire. C’est tirer un trait sur tout un pan de sa vie auquel il tient beaucoup. »
Depuis 2011, Philippe Bas siégeait au Sénat, où il a notamment présidé six ans la commission des lois, se forgeant une réputation de travailleur rigoureux et de fervent défenseur des institutions républicaines. Il fut également questeur, un rôle pivot dans l’organigramme de l’institution. De quoi renforcer, un peu plus, son aura dans les couloirs du Palais. Même s’il semblait légèrement en recul depuis le dernier renouvellement de l’hémicycle.
En décembre 2020, lorsqu’elle devient sénatrice de la Manche, l’élue de Gouville-sur-Mer reçoit un conseil du sénateur manchois : « ne jamais s’éloigner du territoire, et porter ses spécificités au Parlement », se souvient-elle.
Un point de repère
« Philippe Bas est quelqu’un qu’on écoute. Sa voix porte beaucoup au Palais du Luxembourg. Il impose le respect, au sein du groupe des Républicains et plus globalement au sein de la majorité sénatoriale. Et puis, c’est quelqu’un dont la technicité est un formidable atout à l’heure de trouver l’amendement qui allait convaincre. »
Il a aussi joué un rôle important dans la constitutionnalisation de l’IVG, faisant adopter en février 2023 au Sénat un texte pour l’inscription dans la Constitution de la « liberté » d’avorter. Ce qui lui valut autant de critiques internes que de reconnaissance de la part de l’opposition quant à sa capacité à négocier.
« Philippe Bas est respectueux des différences, tout en ayant lui-même des convictions fortes, souligne Sébastien Fagnen, sénateur PS. Il est compétent, toujours courtois. Sur l’IVG, par exemple, il a œuvré pour rapprocher les sensibilités et trouver un compromis qui permette d’avancer. Son travail au sein de la Commission d’enquête sur l’affaire Benalla a replacé le Sénat dans son rôle de contre-pouvoir. »
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