Stéphane* avait écopé de vingt ans de réclusion criminelle devant la cour d’assises de la Sarthe pour avoir pris part en 2011 à la mort de Xavier Nasino, surnommé « Marseille » tué de cinq balles devant son domicile de Soulitré. Mais il avait fait l’objet d’une libération conditionnelle et avait été autorisé à partir vivre chez sa nouvelle compagne, Christelle*, à Nantes (Loire-Atlantique).
« Il s’est engagé dans une démarche de soins et indemnise les parties civiles plus que ce qui était prévu », a expliqué la procureure de la République pour justifier une telle mesure de faveur.
Le prévenu avait aussi son propre « domicile » à Rezé (Loire-Atlantique) et a décroché « un CDI de technicien », deux gages importants en matière de réinsertion sociale aux yeux des juges.
Mais le 31 janvier 2025, Stéphane a proféré des « menaces de mort » à l’encontre de sa nouvelle compagne : ce couple est « dysfonctionnel » et il avait lui-même « un problème » avec l’enfant de Christelle, né d’une précédente union. « Il voulait avoir sa compagne pour lui tout seul », a résumé la représentante du ministère public. « Je vais te tuer« , avait-il alors répété « à deux reprises » à sa compagne…
Des menaces de mort « d’autant plus graves dans la bouche de quelqu’un (…) condamné pour complicité d’assassinat » en Sarthe
C’est donc « avec regret » que la magistrate du parquet avait fait déférer cet homme devant le tribunal correctionnel de Nantes après sa « réinsertion modèle« . Reste que ses menaces de mort étaient « bien réelles » et qu’elles sont « d’autant plus graves dans la bouche de quelqu’un qui a été condamné pour complicité d’assassinat », avait-elle insisté.
Au vu du passé « extrêmement violent » de Stéphane et du risque que ce couple « explose », la magistrate avait donc demandé cinq mois de prison ferme et cinq autres avec sursis.
La procureure voulait surtout une « coupure forcée » entre Stéphane et Christelle, puisque cette dernière ne s’est « pas constituée partie civile ».
Un « écart de conduite gravissime »
Outre un mandat de dépôt « pour que ce soit respecté et qu’on en soit absolument certain » le parquet avait donc également requis une interdiction de contacts entre les deux à la sortie de détention, avec interdiction pour le prévenu de paraître à son domicile, pendant deux ans.
Une obligation de soins avait enfin été réclamée, tout comme un « stage de sensibilisation aux violences conjugales ». Elle avait donc « demandé de réincarcérer » Stéphane, en dépit d’un avis contraire du juge d’application des peines (JAP), pour cet « écart de conduite gravissime« .
« Il a passé quinze ans en détention, n’a jamais vécu en couple et elle-même a été victime de violences d’une gravité extrême de la part de son ex-compagnon », avait toutefois recontextualisé l’avocate de la défense.
Instaurer une « certaine forme de progressivité » dans la reprise de la relation
Me Anna Miralles avait donc « demandé un bracelet » électronique pour son client. Mais il n’en aura finalement même pas besoin : le tribunal correctionnel de Nantes l’a condamné à six mois de prison avec sursis probatoire au regard de ses « éléments favorables de personnalité« .
Le commanditaire de l’assassinat « crapuleux » de Soulitré pour « récupérer un point de deal » devra en revanche se plier à une obligation de soins, continuer à travailler et aura interdiction de paraître au domicile de sa nouvelle compagne à Nantes « pendant deux ans ».
Il lui a aussi été fait interdiction de la recontacter « pendant un an ». « On veut imprimer une certaine forme de progressivité dans la reprise de la relation : pendant un an vous faites une pause », a résumé en d’autres termes le président du tribunal correctionnel de Nantes.
Le jugement a été frappé d’exécution provisoire, ce qui signifie qu’il s’applique dès à présent, même s’il en faisait appel.
*Les prénoms ont été modifiés
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