Les déjeuners et dîners luxueux de l’ancien président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, continuent de soulever de nombreuses questions.
L’élu Les Républicains, devenu député de Haute-Loire en juillet dernier, n’a toujours pas levé le voile sur le détail de ses repas très coûteux organisés à Paris avec des journalistes parisiens, des élus et des personnalités.
Il assurait avoir remboursé certaines dépenses de sa poche, mais aucune preuve n’a été rendue publique. Du moins pour le moment.
Quelles sont les dépenses « excessives » ?
C’est un rapport de la Chambre régionale des Comptes s’intéressant au coût de la communication de la collectivité régionale qui avait jeté un pavé dans la mare en levant le voile sur les dépenses de restauration. La Chambre avait demandé à la Région des détails pour quinze repas en 2022 et 2023.
Parmi eux, on retrouvait surtout un dîner en tête-à-tête avec l’écrivain Michel Houellebecq pour la coquette somme de 1 248 euros, soit une addition de 624 euros par personne, ou ce déjeuner avec un directeur des affaires publiques et sûreté d’une entreprise du CAC 40 et trois journalistes de Valeurs Actuelles pour… 5 140 euros soit 856,66 euros par personne.
Dans la longue liste, on découvrait aussi ce repas avec un chef de projet Paris 2024 pour 3 600 euros, un déjeuner avec deux journalistes de L’Opinion à 1 536 euros, un déjeuner avec trois journalistes du Figaro pour 1 740 euros…
Un aveu flou
Invité de BFM TV il y a quelques jours, Laurent Wauquiez est revenu sur la polémique qui ne finit plus d’enfler. Tout en défendant l’organisation des « dîners des sommets » qu’il « assume totalement », il a reconnu une « erreur » de dépenses « excessives » pour les frais épinglés dans le rapport de la Chambre régionale des comptes.
Il indique par ailleurs avoir remboursé les montants pharaoniques. Mais sans donner le détail des sommes ni de quels repas ont précisément fait l’objet d’un remboursement.
Contacté par actu Lyon, le cabinet du président Fabrice Pannekouck, nouveau patron de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, assure d’abord que « le remboursement de ces sommes relève d’une démarche volontaire et personnelle ».
Un cabinet qui précise par ailleurs que « la démarche ne transite pas par la Région qui ne dispose pas de ces éléments, mais uniquement le comptable public destinataire du paiement ». La Région n’a pas donné davantage d’informations sur l’identité du comptable public.
Nous avons essayé également de joindre l’entourage du député de Haute-Loire, sans obtenir plus de précision.
L’opposition fulmine
Du côté des autres groupes politiques de la Région, la colère monte. « J’étais devant ma télévision quand Laurent Wauquiez a annoncé en direct qu’il avait remboursé les sommes, mon sang n’a fait qu’un tour » se souvient Johann Cesa, vice-président du groupe « Socialiste, Écologiste et Démocrate », interrogé par actu Lyon.
Il explique, documents à l’appui, qu’il cherche depuis octobre, avec ses pairs, à obtenir les documents officiels qui tracent les paiements.
Ça dépasse le raisonnable. Quand on a des notes de frais, dans le privé comme dans le public, on se doit de les justifier. Le comptable a forcément les factures de ces repas […] On dirait qu’il a utilisé une caisse pour ses ambitions personnelles : la présidentielle en 2027.
Un recours a été déposé au tribunal administratif en février, tandis que la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) est aussi saisie.
« On cache quelque chose »
Du côté de Maxime Meyer, coprésident du groupe Écologie à la Région, le discours flou de Laurent Wauquiez est impossible à entendre : « Il a peut-être remboursé un ou deux repas, pour dire qu’il l’a fait. Mais on ne sait pas lesquels, ni pour quels montants. Lorsqu’on ne communique pas dessus, on cache quelque chose. »
Les frais de restauration de l’élu ont été en 2022 de 77 180 euros, soit environ 210 euros par jour, est-ce que vous pensez qu’un français moyen mange pour ce prix ? Pour certains, c’est une claque dans la figure.
Maxime Meyer conclut en proposant à Laurent Wauquiez des adresses « pour manger moins cher et local » comme la cantine Bellebouffe, une asso militante de La Mulatière non loin de l’Hôtel de région, ou « les restaurants situés juste en face du bâtiment », sur l’esplanade François Mitterrand.
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