Il était jusqu’ici connu pour être un arnaqueur en série. Condamné à plusieurs reprises pour des escroqueries et des usurpations d’identité. Mais désormais c’est pour des viols qu’il est condamné. Le « Rocancourt du Tarn », Tony Peillon, a été reconnu coupable mercredi 29 janvier 2025 devant la cour d’assises d’Albi. Verdict : 17 ans de prison.
Tony Peillon était accusé dans ce procès de viols contre cinq femmes et d’agression sexuelle contre une sixième, des faits qui auraient été commis entre 2015 et 2021 à Rennes, Albi et Narbonne (Aude). Condamné à de multiples reprises pour escroquerie, l’arnaqueur avait été revu en Ukraine en 2022, où il avait tenté, encore une fois sous couvert d’une fausse identité, de revendre des munitions en pleine guerre avec la Russie. Il avait finalement été arrêté à Paris.
« Risque élevé de récidive »
Devant la cour criminelle du Tarn, l’avocate générale avait requis 18 ans de réclusion en début de journée. Stéphanie Bazart avait souligné que la « pluralité de victimes, la personnalité de l’accusé et le risque élevé de récidive » la poussaient à requérir également un suivi socio-judiciaire pendant 10 ans, une injonction de soins, une interdiction d’entrer en contact avec les victimes et l’inscription au fichier national des auteurs d’infractions sexuelles.
De nombreuses vies
Né en Thaïlande, abandonné bébé et adopté à l’âge de trois ans par un couple français, passant son enfance dans l’Aveyron, puis à Albi, Tony Peillon s’est, à 29 ans (depuis le 20 janvier) dont trois en prison, inventé de nombreuses vies pour monter ses arnaques, s’attirant chez les médias locaux le surnom de « Rocancourt du Tarn », du nom de Christophe Rocancourt, célèbre pour avoir arnaqué plusieurs stars françaises et américaines.
Ce sont d’ailleurs ses larcins, quelques centaines d’euros – et un chien – à l’encontre de la plupart des parties civiles, qui ont attiré l’attention de la justice sur ses viols. Lors de l’audition d’une victime de ses escroqueries, en 2018, la justice a pour la première fois eu vent de ces accusations contre Tony Peillon.
Il nie toujours
Lui n’en démord pas : tant lors de l’instruction que des débats au tribunal judiciaire d’Albi, il a continué à fournir le même argument, suggérant que ces femmes, furieuses qu’il les ait flouées, aient pu se liguer contre lui pour inventer de fausses accusations.
Une version que les investigations n’ont pas permis de corroborer. Et que les avocats des parties civiles se sont attachés à démonter, soulignant l’absence de contacts en ce sens entre les victimes, ou encore les conclusions des expertises psychiatriques. Celles-ci ont révélé chez elles des fragilités avant les faits présumés et après, de lourds stigmates, dont un stress post-traumatique pour certaines.
Quelques larmes
Les quatre journées d’audience ont été marquées par la personnalité de Tony Peillon, qui a maintenu ses dénégations, refusant d’abord de commenter les témoignages successifs, avant de se défendre lors de l’interrogatoire au troisième jour avec un aplomb seulement fendillé par des hésitations et revirements pointés du doigt par la défense et le ministère public.
Il ne s’est départi de son calme qu’un bref moment mardi, à l’évocation de sa mère qui, affectée par tout cela, aurait selon lui évoqué la possibilité de mettre fin à ses jours. L’accusé a alors sangloté dans son box, avant de vite reprendre contenance pour ferrailler l’instant suivant avec un avocat des parties civiles.
Que des mensonges
« Le discours de Tony Peillon n’est que mensonges », a déclaré mercredi Stéphanie Bazart lors de son réquisitoire, au cours duquel elle a demandé aux cinq magistrats de la cour de retenir comme circonstance aggravante la multiplicité des victimes. « Vous êtes passé complètement à côté de votre procès. Vous avez manqué l’opportunité de nous montrer votre humanité », lui a par ailleurs lancé Me Morgane Cayéré, l’avocate d’une des victimes.
Le tribunal a notamment été secoué, lundi, par le témoignage de Lucie* (prénom modifié), dernière victime en date, dont les déclarations en visioconférence, ponctuées de spasmes, de crises de rire et de larmes, ont marqué jusqu’à Tony Peillon. « On voit qu’elle a vécu un traumatisme », avait-il dit le lendemain, continuant toutefois de marteler face aux accusations : « Je n’ai pas la même lecture du dossier ».
Une contradiction apparente que même ses avocats ont relevée, dont il a ignoré les « mains tendues » en vue de le guider vers un début de reconnaissance, au moins de ce dernier viol. « À partir du moment où je serai déclaré coupable […], il y aura quelque chose qui va s’éteindre en moi », avait-il dit mardi.
Avec AFP
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