Né à Montbray (près de Villedieu), Geoffroy de Montbray est issu d’une famille de riches barons normands. Et il a dévoilé tout au long de sa vie de multiples facettes de sa personnalité, qui en font un des compagnons les plus fascinants de Guillaume le Conquérant.
Par quoi commencer ? Par sa vie d’évêque, puisque c’est de cette fonction que tout le reste découle.
Dieu reconnaîtra les siens
Consacré évêque de Coutances en 1049, Geoffroy de Montbray découvre son diocèse en piteux état, notamment financier. Alors, il prend son bâton de pèlerin et se rend à Rome pour aller chercher l’argent là où il se trouve. En l’occurrence, chez les Hauteville, partis du Cotentin quelques années auparavant pour monnayer leurs talents de guerriers en Italie du sud.
La solidarité des Cotentinois joue-t-elle à plein ? En tout cas, Geoffroy de Montbray revient d’Italie avec un trésor donné par les Hauteville : des vases sacrés, des vêtements liturgiques richement ornés, de l’argent sonnant et trébuchant… Le tout provient des pillages effectués sans vergogne par les Hauteville dans les églises italiennes. Mais qu’à cela ne tienne puisque ce trésor va servir à redorer le diocèse de Coutances. Dieu reconnaîtra les siens…
De fait, Geoffroy rachète la moitié de la ville de Coutances, fait reprendre aussitôt les travaux de construction de la cathédrale (voir notre encadré ci-dessous), entreprend aussi de faire bâtir un palais épiscopal, et enfin achète des terres un peu partout dans le Cotentin. Dans le même ordre d’idées (pour engranger des revenus qui tomberont dans ses caisses), il fait aussi construire un pont permettant le passage de la Vire à Saint-Lô… moyennant un péage.
Enfin, il réorganise l’administration de son diocèse, notamment en favorisant la création d’une école pour les candidats à la prêtrise. En quelques années, il a ainsi remis en selle son diocèse.
Pas d’états d’âme
La seconde facette de la personnalité de Geoffroy de Montbray, c’est son engagement aux côtés de Guillaume, notamment lorsque ce dernier débarque en Angleterre en 1066. Avant que Guillaume ne parte à la bataille à Hastings, c’est Geoffroy de Montbray qui confesse ses soldats et célèbre la messe. Et quand Guillaume est couronné roi d’Angleterre à Westminster le jour de Noël 1066, Geoffroy, son fidèle homme de confiance, est encore là à ses côtés.
Une fidélité récompensée généreusement par Guillaume qui lui offre d’innombrables propriétés en Angleterre, faisant de lui un des plus riches barons du royaume. Au besoin, Geoffroy n’hésite pas à remonter en selle pour faire respecter l’ordre normand contre des rebelles anglo-saxons. S’il ne tire pas l’épée, il encadre et galvanise les troupes. Et il ne recule devant aucun moyen pour asseoir son autorité et celle de Guillaume : en 1075, il dirige ainsi la répression de la révolte des comtes, et fait couper le pied droit à tous les insurgés capturés, de manière à les marquer à vie…
Peu après la mort de Guillaume (1087), Geoffroy de Montbray quitte l’Angleterre et revient à Coutances. C’est là qu’il meurt le 2 février 1093.
Coutances, le chef d’œuvre de Geoffroy
La construction de la cathédrale de Coutances a été lancée par l’évêque Robert, mais c’est bien Geoffroy de Montbray qui se charge de (faire) terminer le travail dès qu’il succède à Robert en 1049.
A l’actif de Geoffroy de Montbray, la tour-lanterne et les deux tours de la façade. Quand le duc Guillaume (qui n’est pas encore le Conquérant) vient consacrer la cathédrale en décembre 1056, il a sous les yeux un bel édifice roman, dont il va utiliser l’élégance pour renforcer le renouveau spirituel de l’époque et promouvoir la paix dans son duché.
La cathédrale romane de Geoffroy de Montbray sera « relookée » en gothique à la fin du XIIe siècle. A priori, la tombe de Geoffroy se situe dans la cathédrale, dans le déambulatoire entourant le chœur.
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