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la centrale nucléaire, oui ou non sur la commune ?

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La France des années 70 a besoin d’énergie. Mais le pétrole voit ses prix monter en flèche à partir de 1973, quand la production de charbon nationale commence à flancher au même moment. Dès lors, les pouvoirs publics entreprennent de se lancer dans un ambitieux programme de construction de plusieurs centrales nucléaires : Gravelines, Tricastin, Dampierre….

Questions

Et parmi les sites favorables qu’EDF a repérés, Flamanville, sur la côte est du Cotentin, coche pas mal de cases. La proximité de la mer, indispensable pour refroidir les réacteurs. La présence du raz Blanchard et de ses courants, pour disperser les rejets. Le voisinage de l’usine de retraitement de la Hague et de l’arsenal de Cherbourg, avec leur réservoir de têtes pensantes et de main d’œuvre ayant l’habitude de travailler en zones sensibles. Et une région isolée, qu’on pourra facilement couper du reste du monde en cas « d’accident « .

En jeu, pour les Flamanvillais, beaucoup de questions. L’emprise de la centrale sur le territoire de la commune, rurale. Les nuisances occasionnées par le chantier, puis le « risque » que représente une installation nucléaire. Mais des milliers d’emploi pour le chantier et plusieurs centaines de postes permanents à la centrale, une fois celle-ci fonctionnant. Et puis enfin des retombées financières inimaginables pour un village de 1 200 âmes, qui a perdu depuis la fermeture de sa mine sous-marine en 1962, plus de 300 habitants.

Doutes

A toutes ces questions, difficile de faire une réponse de Normand. Car, il va bien falloir se décider. Ce sera oui ou non. Il y a les pour, il y a les contre, tous irréductiblement convaincus qu’ils ont raison. D’ailleurs en cet hiver 1975, les insultes et les coups volent en escadrilles à plusieurs reprises dans le ciel de Flamanville. Mais il y a aussi les indécis, au premier rang desquels les conseillers municipaux et le maire Henri Varin. Fin décembre 1974, le conseil municipal s’était réuni pour prendre une décision, et parmi les conseillers, un seul s’était déclaré opposé au projet.

Mais d’autres réunions du conseil ont suivi, avec de nouveaux débats. Et des doutes sont apparus. A la mi-février 1975, le conseil municipal de Flamanville est désormais divisé sur la question – 8 pour, 6 contre – et Henri Varin lui-même confesse qu’il manque d’informations pour se prononcer en son âme et conscience. Alors, il décide de laisser la parole à ses électeurs en organisant un référendum local.

Voix

A 9 heures, ce dimanche 6 avril 1975, Henri Varin ouvre les portes de la mairie et déclare le scrutin ouvert. Dehors, de très nombreux journalistes font le pied de grue, dont beaucoup d’envoyés spéciaux des médias nationaux. Car le référendum de Flamanville, portant sur le nucléaire, est une première à l’échelle nationale.

Henri Varin, maire de Flamanville. ©Archives La Presse de la Manche.

A 9 h 30, première effervescence médiatique, car Henri Varin dépose son bulletin dans l’urne. A la demande des photographes, il va mimer son geste plusieurs fois : la photo est historique. Un quart d’heure plus tard, nouvelle bordée de flashes car c’est cette fois-ci l’abbé Genest, curé de Flamanville, qui vient accomplir son devoir républicain… Nouveau temps mort, avant qu’un des journalistes présents ne percute sur la personnalité d’un des assesseurs : Yves Rousset-Rouard, conseiller municipal, producteur de cinéma, dont le dernier film cartonne depuis des mois dans les salles françaises : Emmanuelle… A-t-il voté dans le même sens que l’abbé Genest ?

La journée va se passer dans le calme jusqu’à ce qu’à 18 heures, Henri Varin déclare le scrutin clos et qu’on ouvre les urnes. 435 voix pour (63,7%), 248 voix contre (36,3%) et dix bulletins nuls. La vox populi a tranché. Trois ans plus tard, les travaux de construction de la centrale commenceront.

Gatteville, c’est non.

En 1961, donc bien avant Flamanville, EDF annonce qu’elle regarde avec intérêt le village de Gatteville pour y implanter une centrale nucléaire (très exactement entre le phare et Barfleur). Le site présente les mêmes caractéristiques techniques que celui de Flamanville. Seul hic, l’opposition de la population locale et des élus, dès le départ inquiets de cette possible implantation, et rapidement opposés au projet.

On ne va plus en entendre parler jusqu’au début des années 70, quand EDF revient à la charge avec l’intention d’implanter une centrale nucléaire en Basse-Normandie. En piste, Saint-Manvieu (entre Bayeux et Caen), Flamanville et toujours Gatteville.

En 1974/1975, au moment où la décision doit être prise, tandis que Flamanville dit oui, Gatteville dit non de manière unanime : le nucléaire ne passera pas par le Val de Saire…

Manif des habitants de Gatteville : le message est clair.
Manif des habitants de Gatteville : le message est clair. ©Archives La Presse de la Manche.



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