« Ils ont tous les deux une part de culpabilité. » Ça sent la relation toxique à plein nez au tribunal de La Roche-sur-Yon ce jeudi 3 avril. Alors que les deux concernés ne sont pas présents, ce sont leurs avocats qui décrivent leur relation d’amour-haine qui dure depuis dix ans.
Sauf que les magistrats se retrouvent à juger un homme de 37 ans pour des faits de violences conjugales envers la mère de ses enfants, qui l’aurait surpris au lit avec une autre. De terribles violences s’en sont suivies, provoquant un traumatisme crânien à la victime. Cette scène tragique remonte au 3 décembre 2024 à Montaigu.
« Elle est devenue hystérique »
À cette période, ce couple, parents de deux enfants, était séparé « depuis plusieurs semaines » selon le prévenu, « depuis deux jours » selon la victime, « depuis dix jours » selon la femme de ménage. Bref, une chose est sûre : ils n’étaient plus ensemble quand l’ex-conjointe s’est introduite dans son ancien domicile conjugal et y a trouvé le père de ses enfants au lit avec une autre.
« Elle est devenue hystérique », lâche l’avocat de la défense, reprenant les dires de son client. « Elle a commencé à s’en prendre à l’autre femme et à lui balancer du café brûlant. »
Pris au dépourvu, le prévenu a « tenté » de la maîtriser en lui faisant « une clé de bras », puis l’a prise au cou, l’a tirée violemment sur le lit avant de la balancer au sol, où elle s’est cognée contre le radiateur. La juge décrit une scène d’une violence inouïe qui a esquinté la victime, lui provoquant un traumatisme crânien, des hématomes sur tout le corps – dont un particulièrement important dans le dos – et des difficultés à la déglutition. Elle a été en incapacité totale de travail pendant quinze jours.
Ce à quoi la défense ajoute : « Il n’avait pas du tout l’intention de lui faire mal », suggérant le caractère immaîtrisable de la victime. « Et c’est toujours celui qui blesse qui se retrouve prévenu », lâche l’avocat.
L’infidélité comme fil rouge
Leur relation était devenue particulièrement conflictuelle lorsque le prévenu a appris l’infidélité de sa conjointe. « Il a adopté un enfant qui n’était pas de lui », explique son avocat. Depuis, rien ne va plus dans le couple. « C’est de l’amour vache », décrit le prévenu, avant de sortir un papier prouvant que la victime a été embauchée dans l’entreprise de son ex-conjoint en février dernier.
En effet, avec sept mentions à son casier judiciaire, notamment pour violence, rébellion et outrage, cet homme est également chef de trois entreprises, dont deux en Vendée et une à Bordeaux. Il y chapeaute une trentaine de salariés, dont son ex.
« Un séjour en hôpital psychiatrique »
Si le prévenu n’a jamais nié les faits, plusieurs points de cette affaire n’ont pas fait l’objet d’un consensus. Lors de son interrogatoire, il avait suggéré que son ex-compagne « aurait pu se faire ça toute seule ».
L’avocat de la défense en profite pour insister sur la personnalité de la victime : « Elle a déjà fait un séjour en hôpital psychiatrique. »
Une défense qui a su convaincre la présidente du tribunal, qui l’a finalement condamné à deux mois de sursis, alors que la procureure en réclamait six. Le père de famille devra effectuer un stage de prévention contre les violences conjugales. Il est privé de son droit d’éligibilité et devra verser 300 euros de préjudice moral.
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