Un procès assez rare s’est tenu le mardi 1er avril 2025 au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire. Un fils de 30 ans, résidant désormais à Toulouse, devait répondre de violences commises sur son père, le 9 mai 2024 aux Moutiers-en-Retz (Loire-Atlantique).
Incarcéré depuis le 16 octobre 2024 pour des infractions aux stupéfiants, le mis en cause était libérable ce 1er avril, mais il a préféré rester pour comparaître en visioconférence devant le tribunal correctionnel de Saint-Nazaire.
Ce 9 mai, le fils quitte Toulouse et se présente au magasin de vente de son père, aux Moutiers, qui lui demande de sortir.
Le père, absent à l’audience, déclare que le prévenu tempête aussitôt : « Tu fais du mal à maman ».
Les clients s’en vont alors que le fils, qui a reconnu être sous l’emprise d’alcool et de cocaïne, crie notamment : « Ici, c’est aussi mon patrimoine ».
Un rendez-vous est fixé à 13 h. Le ton monte. Le père s’empare « d’une barre de fer pour se défendre », alors que le fils a sorti une matraque télescopique de son caleçon.
« Ce n’est plus mon père »
De la prison toulousaine, le fils s’explique.
Je suis venu pour lui dire ses quatre vérités. Toute mon enfance, il m’a rabaissé, il a harcelé ma mère, elle n’a plus de sous. Oui, j’ai craqué, je n’étais pas dans mon état normal. C’est une erreur de ma part d’être venu, mais ce n’est plus mon père, je ne veux plus le voir.
L’un des deux salariés de l’entreprise a affirmé que c’est le fils qui a frappé le premier et qu’il avait tancé : « Je vais revenir avec une carabine ». Retrouvée, elle a été détruite.
« Une faille narcissique ? »
Si le père n’était pas là, a déclaré Me Maëlle Kermarrec, « c’est pour ne pas attiser la violence », d’autant que deux jours avant les faits, cet homme avait assisté aux obsèques de sa sœur.
Pour son client : « C’est un échec, un énorme gâchis, car il aime son fils ». Précisant que le mis en cause était déjà venu de Toulouse : « Il avait jusque-là réussi à l’éviter ».
Pour l’avocate, « le fils est venu pour tuer son père au sens figuré, mais l’affaire aurait pu mal tourner ». Elle dépeint « une faille narcissique en filigrane ».
Le fils a eu huit jours d’arrêt de travail. Le père en a eu trente, « non confirmés par un certificat médical », réagira l’avocate de la défense, Me Julie Conta.
« Deux caractères forts »
D’emblée, la procureure remarque : « Rancœur et colère ne sont toujours pas retombées ! »
Elle décrit une crise avec un mélange d’alcool et de cocaïne, et détaille : « Un mégot jeté au visage, des paroles au ras du visage, une provocation pour que la victime craque… »
Sans oublier ce qu’a précisé le président : « Diverses contusions et une fracture ouverte à l’avant-bras gauche ».
À ses yeux, c’est une évidence : « La réaction du père a été justifiée ».
Me Julie Conta fait le portrait d’un homme « incompris, délaissé, qui en veut à son père du fait qu’il a quitté une épouse qui vit actuellement du RSA ».
Elle poursuit : « Il était venu pour avoir des réponses, mais la scène a dégénéré du fait de deux caractères forts ».
Elle insiste sur « la coopération du trentenaire et son comportement positif ». Elle rappelle que son casier judiciaire ne fait état d’aucune violence.
En effet, les cinq mentions sont conséquentes relatives à des infractions routières. Sachant que père et fils ont été condamnés le 29 septembre 2016 pour usage de cocaïne.
Le tribunal a condamné le trentenaire à dix mois de prison avec sursis. Il a interdiction de tout contact avec son père et de détenir une arme durant trois ans. Il devra lui verser 800 € de frais d’avocat, sachant que les intérêts civils seront débattus le 12 février 2026.
Le prévenu a semblé satisfait de son maintien en détention : « Je travaille, je suis bien dans ma cellule, je préfère accomplir cette peine à la suite. »
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