Manon Bigot, c’est un parcours ô combien atypique. Et rare dans le sport de haut niveau. La talonneuse de Blagnac, originaire du Loir-et-Cher, n’a commencé sa carrière de joueuse de rugby qu’à l’âge de 23 ans. Mais très vite, elle s’est révélée, et a connu quelques sélections en équipe de France en 2016. En 2018, animée par un projet personnel, Manon a décidé d’abandonner le ballon ovale. Ce n’est que 5 ans après qu’elle a rechaussé les crampons. Fracassant tout sur son passage. Samedi, elle sera remplaçante avec les Bleues pour affronter l’Irlande à Belfast lors de la 1ère journée du Tournoi des 6 Nations 2025. Forçant ainsi l’admiration.
Une carrière en pointillé
Anciennement chasseur alpin à Annecy pendant 3 ans, Manon Bigot s’est mise au rugby… en tapant « Rugby Féminin » sur Google. Une vraie réussite, car la jeune femme a très vite séduit ses coéquipières par son courage et ses qualités de guerrière.
En 2016, place au XV de France, en doublure de l’indétrônable Gaël Mignot. « C’est vrai, j’ai eu la chance de partager des moments avec Manon », se remémore l’actuelle entraîneur-sélectionneur des Bleues.
Mais en 2018, Manon Bigot plaque tout. Son souhait : devenir pompier professionnel. Elle a passé avec succès son concours, et porte depuis l’uniforme des soldats du feu. Respect. En 2023, un ballon remis dans les mains lui redonne envie de retrouver les terrains. Et c’est tout naturellement qu’elle reprend une licence à Blagnac, son premier club.
Elle « marche sur tout le monde » à son retour
Un retour qui n’est pas passé inaperçu. « Manon, c’était assez incroyable son retour. Elle arrête 5 ans le rugby, et très vite, elle a marché sur tout le monde », confiait auprès d’Actu Rugby sa coéquipière en club et chez les Bleus Axelle Berthoumieu.
« C’est un sacré phénomène, c’est une force de caractère que j’ai rarement vue. Elle enchaîne son métier de pompier avec les entraînements d’un sport de haut niveau : rien que ça, cela démontre la détermination qu’elle a au quotidien », admire la centre Gabrielle Vernier. Cette dernière, joueuse également de Blagnac, ne tarit pas d’éloges sur Manon Bigot :
« C’est une grosse ferrailleuse. Elle a des qualités énormes qui font qu’elle est revenue en équipe de France un an à peine après avoir repris en club. C’est assez fou. Elle mérite amplement d’être là, avec tout le travail qu’elle fournit. […] C’est un exemple pour beaucoup. On suit son lead par l’exemplarité qu’elle met au quotidien dans tout ce qu’elle fait ».
Une place méritée en Bleues à 34 ans
Rappelée face à l’Écosse lors du Tournoi 2024, Manon a enchaîné par le WXV au Canada en septembre. Une aventure durant laquelle elle s’est fracturé une malléole. Une fois sortie de l’infirmerie, elle a remis le bleu de chauffe, et ses prestations sur le pré ont parlé pour elle : à 34 ans, elle est toujours aussi redoutable.
« Sa place avec les Bleues est toute naturelle », avoue Gaëlle Mignot. « Elle performe très fort avec Blagnac. Elle est autodéterminée, elle aime être à la pointe du combat, et porter l’équipe. Elle a travaillé très fort, très dur pour se fixer des objectifs. Aujourd’hui, elle montre la voie ». Un atout de poids pour les Bleues afin d’aller décrocher une victoire en Irlande.
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