durant des années, Matthieu a lutté contre son homosexualité

« Pourquoi moi ? ». Âgé de 27 ans, Matthieu Rinoldo, originaire de Merten en Moselle, s’est souvent posé cette question. Durant toute son adolescence, il s’est senti différent par rapport aux autres garçons et n’est pas parvenu à comprendre qui il était.

Après de longues années passées à s’isoler, à se renfermer sur lui-même et à survivre dans un tourbillon d’idées sombres, il a finalement décidé de révéler cette partie de lui qu’il comparait à un fardeau : son homosexualité.

Un témoignage poignant qu’il a accepté de partager avec Lorraine Actu, mais aussi aux amoureux de la lecture avec la publication de son livre intitulé Je veux vivre.

« Ils me disaient de faire comme les autres garçons »

À l’instar de son livre, Matthieu se dévoile en plusieurs parties. Il se remémore notamment son enfance durant laquelle il a eu « des comportements qui n’étaient peut-être pas normaux aux yeux de la société ». Contrairement aux autres garçons de son âge, il préférait délaisser les terrains de football lors de la récréation et s’entourer de filles pour discuter.

S’il n’a pas particulièrement de mauvais souvenirs de cette période, il se souvient malgré tout de ces instituteurs qui, d’une certaine manière, tentaient de le faire rentrer dans le moule. « Ils me disaient de faire comme les autres garçons, de jouer au foot », se rappelle-t-il.

Se mentir à soi-même et aux autres

Arrivé au collège, Matthieu se souvient avoir compris qu’il était « différent ». Attiré par les garçons, il faisait tout pour l’oublier. « Je ne voulais pas me l’imposer, confie-t-il. En troisième, je suis même sorti avec une fille. C’était terrible, car je me mentais à moi-même et je lui mentais à elle aussi. »

Cette fille, justement, est la première à avoir posé des mots sur ce que Matthieu voyait comme une différence : « Elle m’a dit que j’étais gay. Je l’ai vraiment mal pris parce que pour moi, c’était mal vu d’être homosexuel. Cependant, d’une certaine manière, c’est comme si elle avait ouvert une fenêtre de la pièce dans laquelle je m’étais enfermé. »

« Je voyais mon homosexualité comme une malédiction »

Au lycée, Matthieu est passé par une période particulièrement difficile. « Je voyais mon homosexualité comme une malédiction. C’était vraiment quelque chose dont je ne voulais pas ! Je voulais m’obliger à aimer les filles », livre-t-il.

Durant cette période, je me suis beaucoup renfermé. Je me suis isolé durant tout le lycée. En seconde, j’étais seul. Dans mon livre, je parle d’un escalier B. Il s’agit d’un escalier qui se trouvait dans mon lycée. Je m’y cachais, seul avec mes pensées sombres. Je ne me comprenais pas, j’avais l’impression d’être à part de tout. 

Le jeune homme a donc eu des relations avec des femmes. Des relations rapides et à distance, sans contacts physiques. S’il avoue qu’il parvenait à s’attacher à ces échanges, amoureux des beaux mots, il n’avait pas de sentiments amoureux pour ses correspondantes.

Matthieu était prêt à se forcer d’aimer une femme et d’avoir des enfants

Il a fallu attendre l’arrivée de la vingtaine et une virée entre amis pour que le jeune homme se lance dans un long chemin d’acceptation. « Des copains de fac ont voulu m’emmener dans une maison close. Je me suis retrouvé face à toutes ces dames et c’était impossible pour moi de repartir avec l’une d’elles. Là, j’étais clairement face à mon homosexualité. Je me suis dit ok, je suis gay, il faut que j’en parle ».

Après coup, Matthieu se rend compte du chemin parcouru. « Jusqu’à mes 20 ans, c’était inconcevable pour moi d’être gay. J’étais prêt à me forcer d’aimer une femme et d’avoir des enfants pour être comme tout le monde, avoue-t-il. Mais je ne pouvais plus me cacher et mon coming-out s’est très bien passé. C’était fou d’en parler, c’était une vraie libération ».

Se livrer pour aider les autres

La publication de l’ouvrage Je veux vivre a aussi été un moyen pour Matthieu d’évoquer les différents aspects de la dépression. Mal auquel il a été confronté en 2024 après avoir reçu des menaces de mort sur son lieu de travail. Mais aussi de se livrer sur son long chemin mené pour s’accepter physiquement.

Bien entendu, les différents événements qu’il a dû traverser ont laissé des cicatrices. Mais, le jeune homme espère qu’à travers ses mots, les personnes qui se trouvent dans une forme de brouillard verront qu’il y a toujours de l’espoir. « J’ai raté mon adolescence parce que je n’acceptais pas qui j’étais. Gâcher sa vie, c’est inconcevable pour moi maintenant. On en a qu’une et si ce n’est pas celle-là, ce ne sera pas une autre. Alors, si je peux aider ne serait-ce qu’une personne, j’en serai ravi », termine-t-il.