Voici un nouveau caillou dans la chaussure de Lorraine Aéroport. Après l’arrêt des vols de la compagnie Twin Jet vers Marseille en 2024, la Chambre régionale des comptes dresse un bilan inquiétant au sujet de la situation du site dans un récent rapport.
La juridiction pointe notamment du doigt le faible nombre de voyageurs depuis la crise liée au coronavirus et le mode de gouvernance actuel.
Des perspectives de développement limitées pour Lorraine Aéroport
Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes commence par indiquer que Lorraine Aéroport peut difficilement développer simultanément des activités aéroportuaires comme le font la plupart des aéroports régionaux.
Elle écarte les possibilités suivantes :
- fret aérien : redémarrage trop coûteux et activité déjà réalisée par l’aéroport de Vatry (Marne)
- aviation privée ou de loisirs : déjà assurée par l’aéroport Nancy-Essey situé à une quarantaine de kilomètres
- activité de maintenance ou de recyclage aéronautiques : manque de réserve foncière suffisante et d’un écosystème local avec de la main-d’œuvre qualifiée dans ce domaine
Conforter son socle existant pour atteindre 200 000 passagers par an d’ici 2030
Selon la Chambre régionale des comptes, Lorraine Aéroport doit conforter son offre de transport de passagers existant qui concerne des « lignes régulières à destination du sud de la Méditerranée et des vols vacances présentant un volume potentiel de l’ordre de 150 000 à 200 000 passagers par an ».
Concernant les autres options de développement du trafic (coopération avec le Luxembourg, développement de vols low cost), la juridiction précise qu’elles doivent être considérées avec prudence puisqu’elles supposent « un engagement financier significatif et durable des collectivités ».
La Chambre souligne que, en l’absence d’évolutions significatives sous cinq ans pour Metz-Nancy Lorraine, la question de la poursuite de l’activité commerciale de cette plateforme devra être posée.
Changer la gouvernance de l’aéroport pour intégrer d’autres parties prenantes
Actuellement, la Région Grand Est gère cet aéroport sous forme d’une « régie d’une collectivité territoriale à caractère industriel ou commercial ». Si ce statut permet d’intégrer d’autres collectivités, la Région conservera toujours la majorité des sièges au conseil d’administration.
La Chambre régionale des comptes recommande de changer ce mode de gouvernance pour mieux intégrer les parties prenantes, comme le Département de la Moselle et la Métropole de Metz qui ont exprimé « leur souhait de contribuer à la définition de la stratégie de l’infrastructure, en y apportant, le cas échéant, une contribution financière ».
Cette gestion plus souple serait possible dans plusieurs cadres : en créant une société publique locale (SPL), un syndicat mixte ou encore une société d’économie mixte à opération unique (SEMOP) qui permet l’entrée d’un opérateur privé.
Les syndicats CGT dénoncent le manque d’investissement de la Région Grand Est
Contactés par Lorraine Actu, les syndicats CGT de Lorraine Aéroport font part de leur inquiétude : « Depuis le passage à la grande région, nous ne pouvons que constater un désintérêt pour la structure. Un changement de gouvernance est plus que nécessaire, voire indispensable. »
Énormément de Lorrains sont attachés à cet aéroport et ils se désolent de ne pouvoir partir de Metz-Nancy-Lorraine, faute d’offres. Proposez des lignes vers la Corse, le Portugal, l’Italie, et d’autres destinations en Méditerranée, avec des prix attractifs, comme on peut en trouver au Luxembourg ou Strasbourg, et cela fonctionnera.
Selon eux, le manque d’investissement et de réelle volonté de la Région empêche son développement : « Il est faux de dire que l’aéroport coûte cher. Il ne représente que 0,1 % du budget transport de la région. Personne n’est en charge d’une quelconque prospective. L’aéroport Metz-Nancy-Lorraine est sacrifié au bénéfice de l’aéroport de Strasbourg. »
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