Qui aurait soupçonné que ce couple transportait pour 250 000 euros d’herbe de cannabis ? Les douaniers. Dans la nuit du samedi 29 au dimanche 30 mars 2025, Aya et Mohamed ont été arrêtés au péage d’Allainville, dans les Yvelines, alors qu’ils venaient de quitter l’autoroute A10. Les quatre valises qu’ils transportaient, trois dans le coffre et une sur la banquette arrière, contenaient plus de 55 kg d’herbe de cannabis.
Acculés, les deux vont immédiatement admettre qu’ils convoyaient les stupéfiants de Grenade, en Espagne, vers les Pays-Bas. Ils vont aussi expliquer que leur voiture ouvreuse leur avait ordonné de sortir à ce péage pour éviter les forces de l’ordre. Ce n’était pas le meilleur conseil.
Des trajets qui mettent le doute
Devant le tribunal de Versailles, mardi 1er avril 2025, l’homme de 34 ans a assumé les faits. « Je l’ai fait car j’ai beaucoup de dettes à payer et des responsabilités familiales avec trois enfants. Et Aya n’a rien fait de mal. » La juge ironise : « Ben voilà. C’est pas plus compliqué que ça. On doit de l’argent, on transporte de la drogue. »
Le tribunal s’inquiète de son implication plus ancrée dans le trafic. « Car lorsque l’on vous confie 55 kg, c’est déjà que l’on a confiance. » La régularité de ses voyages interroge aussi.
« Alors, oui, je suis allé deux fois aux Pays-Bas. Mais c’était pour repérer le trajet. À Eindhoven, on en a profité pour visiter. Tout simplement. »
Il demande des conseils
Une simplicité qui se retrouve dans une absence de prudence. Le couple n’a même pas pris le soin de cacher la marchandise dans la Peugeot 5008. « Mais vous vouliez que je les mette où ? », lance le prévenu, comme une demande d’avis. « Je ne sais pas. Ce n’est pas moi qui trafique. Et je ne vais tout de même pas vous donner des conseils », abrège la juge.
Il dénonce sans dénoncer
Pour détendre l’atmosphère, Mohamed rappelle qu’il a voulu collaborer avec les douaniers :
« J’ai dit qu’il y avait un camion qui livrait 200 kg de drogue par semaine à Lille. Et qu’il y avait aussi un trafic d’armes. »
Sans information de provenance ou de destination, sans date ni horaire, autant dire que l’intérêt est réduit. « Franchement, je ne pensais pas que le risque était aussi élevé », assure le trafiquant. « Le risque, c’est 20 ans de prison. D’autant plus que vous avez déjà été condamné le 13 octobre 2014 à Lille pour des faits similaires », rétorque la présidente. « Oui. Je devais transporter 2 kg de MDMA de la Hollande vers l’Espagne. »
6 heures au téléphone
De son côté, Aya assure être complètement étrangère au tout. « Je ne me suis pas posée de question sur ces valises. Je pensais qu’on partait en voyage. Et je n’ai pas senti d’odeur suspecte car je fumais. » Elle n’aurait pas entendu non plus un mot de la longue conversation entre la voiture ouvreuse et Mohamed : un appel téléphonique ininterrompu de 6 heures. « J’écoutais le Coran avec mon casque », assure la jeune femme de 20 ans.
Dans les débats, le tribunal s’interroge aussi sur le couple en lui-même. Ils disent se fréquenter depuis quatre petits mois. « Et du coup, Monsieur vous donne de l’argent pour vous aider, alors qu’il est endetté jusqu’au cou ? C’est difficile à croire. Ne seriez-vous pas plutôt un faux couple formé pour éviter d’éveiller les soupçons des douaniers ? », lance la juge. Pas de réponse. Ni de la part du gérant d’entreprise, ni de l’étudiante en deuxième année de français.
À l’issue de son délibéré, le tribunal a prononcé une peine de 3 ans contre Mohamed et de 18 mois contre Aya. Tous deux ont été incarcérés avec, en plus, une interdiction définitive du territoire français.
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