Le jeu du chat et de la souris va bientôt prendre fin dans la Manche. Pour le moment, il est encore « trop tôt pour en parler », même si « c’est vrai que la question revient souvent ». Certains envoient des signaux à peine voilés. D’autres attendent de prendre leur décision, encore plongés la tête la première dans leur budget.
Pourtant, l’échéance approche à grands pas. Dans plusieurs communes, de premières escarmouches apparaissent déjà, comme une sorte d’avant-goût avant d’examiner les bilans comme des héritages.
La fin d’un mandat si particulier
De 2020 à 2025, il y aura eu la crise sanitaire, les conséquences directes ou indirectes du retour de la guerre en Europe et l’inflation galopante.
Sur le plan local, les associations d’élus estiment que le taux de renouvellement des maires sera de l’ordre d’un sur deux l’an prochain. La lassitude guette.
Être maire, c’est une formidable mission, même si on met souvent en avant ce qui ne va pas. En vérité, c’est d’abord très enrichissant humainement. Très usant, aussi.
Au bout du compte, beaucoup de désillusions ont été constatées durant le mandat. Il y a parfois cet écart considérable entre les attentes et la réalité qui pousse certains à jeter l’éponge. Peu de novices peuvent se rendre compte de la charge qui va leur incomber avant d’enfiler le lourd costume de maire.
Les marges de manœuvre se rétrécissent. Plus la commune est petite, moins elle a de moyens, et plus l’élu est sollicité. De quoi devenir, parfois, des cibles faciles pour qui estime que toute personne qui porte une écharpe tricolore est un personnage politique.
L’immense défi démocratique
En termes de participation, les municipales sont généralement le scrutin préféré des électeurs, après la présidentielle. En 2020, la crise de la Covid a compliqué le rendez-vous des questionnements fondamentaux quant à la vie des communes, jusqu’à finir par les laisser au second rang des préoccupations.
Pour autant, la situation sanitaire ne peut masquer toutes les problématiques. Dans le département, de très nombreuses communes ne comptaient du coup qu’une seule liste de candidatures, dont les derniers noms ont souvent été obtenus au forceps pour obtenir le nombre légal.
La vitalité démocratique s’en est trouvée réduite. L’immense défi se trouve là, dans la capacité qu’auront les communes à faire vivre le débat. À la croisée des chemins, les communes sont appelées à se réinventer pour rester dans l’air du temps et conserver leur rôle dans la proximité.
Bouffée d’oxygène attendue
L’intérêt pour les affaires publiques s’est perdu au fil de deux décennies qui ont bouleversé les équilibres démographiques des communes et sérieusement encadré leur capacité et liberté d’action. Les collectivités attendent une bouffée d’oxygène pour être à la hauteur des contribuables qui leur ont fait confiance. L’investissement est porté par la dynamique des communes, sa capacité à faire du foncier et à peser sur l’activité économique. Pour équilibrer les budgets, elles peuvent être contraintes de reporter et d’annuler des investissements. Toute l’économie locale en pâtit.
Grands enjeux d’avenir
Plus que jamais, la commune s’inquiète de sa force d’influence, avec moins de moyens, parfois dans une commune nouvelle, désormais forcément dans une grande intercommunalité, appelée à pouvoir agir à la bonne échelle.
De près ou de loin, dans le Cotentin, l’Agglo sera intimement liée à tous les grands projets qui fleuriront pendant la campagne. Le contexte de la récente élection de Christèle Castelein et de ses vice-présidents dit ô combien la Presqu’île arrive à un tournant, au-delà des querelles de personnes.
Au cœur du prochain mandat municipal et communautaire, c’est la vision d’un territoire à moyen et long terme qui va se dessiner, rythmée par les conséquences ou l’avènement des grands programmes. L’enjeu de l’élection de ceux qui seront appelés à le représenter n’en sera alors que plus grand encore.
Source link
