Paul Deschanel naquit le 13 février 1855 en Belgique où son père, l’écrivain républicain Émile Deschanel, était alors exilé. Après la chute de Napoléon III, Émile Deschanel fut élu député et le prestige de ce géniteur permit à son fils Paul d’exercer très tôt de hautes fonctions : à 23 ans, « avec pour seul bagage une formation littéraire et juridique », le jeune homme devint sous-préfet à Dreux puis à Melun.
Un rendez-vous manqué
Le 2 décembre 1879, Paul Deschanel fut nommé sous-préfet de Brest. La cité du Ponant, alors « la plus importante sous-préfecture de première classe de France » avec ses 220 000 habitants, était de sensibilité monarchiste et représentait donc une terre de mission pour la jeune IIIe République.
Paul Deschanel état désireux de faire aimer le nouveau régime et de montrer que ses dignitaires œuvraient pour le bien commun, mais le rendez-vous fut manqué. « Loin de ses parents, de ses amis, de ses relations », il ne goûta guère cette ville « terne, médiocre, sinistre » où on lui reprocha « un certain défaut de direction et la main peu sûre ».
En mars 1880, le journal anti-républicain Le Courrier du Finistère accusa le jeune sous-préfet, pourtant réputé pour la modération de ses discours, d’avoir orchestré une « razzia » de catéchismes en breton au Relecq.
En avril 1881, après ces « seize mois perdus », on proposa à Paul Deschanel le même poste à Meaux : il ne se fit pas prier pour l’accepter. Par la suite, il fut deux fois président de la Chambre des députés avant d’être élu à la présidence de la République en 1920. La suite appartient à l’histoire.
Benoît Quinquis
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