Il appelle le gouvernement à agir « avant qu’il ne soit trop tard ». Jean-Marie Vilain, maire (Les Centristes) de Viry-Châtillon, ne cache pas sa grande inquiétude après la nouvelle rixe impliquant plusieurs adolescents qui a eu lieu sur sa commune au début du mois de mars, dans un département, l’Essonne, où ce genre d’événements est malheureusement récurrent.
Dimanche 2 mars 2025, vers 16h50, une rixe impliquant 25 personnes qui a eu lieu à l’arrêt Coteaux de l’Orge, sur la ligne de tram T12, qui traverse le nord du département : un déchaînement de « violence gratuite », selon les mots du maire, qui indique qu’ »un des agresseurs a failli tuer une victime ». Une source policière confirme à Actu Essonne des blessures à coups de machette. Le point de départ de ces violences est inconnu à ce stade et la victime n’a pas souhaité coopérer avec les forces de l’ordre.
Les suspects avaient filmé l’agression
Dix jours après la rixe, huit jeunes nés en 2008 et 2009 (au maximum 17 ans) ont été interpellés « au petit matin par la police nationale » grâce notamment aux images des caméras de vidéosurveillance de la station de tram et de la ville. En consultant leurs téléphones portables des jeunes suspects, les policiers ont pu découvrir des vidéos permettant d’indiquer leur présence lors de cette rixe.
Abasourdi par la violence des faits, le maire est aussi indigné par les suites judiciaires de l’affaire. « Six de ces individus ont été déférés par le procureur de la République au tribunal pour enfants d’Évry » mais ont été « rendus le jour même à leurs parents sous contrôle judiciaire », dénonce-t-il.
« L’issue judiciaire de ces affaires est démotivante pour les forces de l’ordre, qui prennent des risques considérables pour un résultat au final dérisoire, et très dommageable pour la sécurité publique car elle génère un sentiment d’impunité chez ces jeunes mineurs délinquants, la justice n’ayant pas actuellement la possibilité de donner une réponse suffisamment rapide et sévère », déplore l’élu dans un long message publié jeudi 20 mars sur les réseaux sociaux.
Appel à une réforme pour « une plus grande sévérité » de la justice
Estimant que ce phénomène de violence « n’est pas propre à Viry-Châtillon et a malheureusement tendance à se généraliser dans notre pays », le maire appelle le gouvernement à « faire évoluer la justice des mineurs dans le sens d’une plus grande sévérité » en vue d’obtenir des « résultats concrets ». Un chantier qu’il qualifie d’« indispensable ».
Bien malgré lui, Jean-Marie Vilain connaît bien le phénomène des rixes de l’extrême violence entre jeunes. En avril, l’élu a eu à affronter le meurtre de Shemseddine, 15 ans, « massacré » par plusieurs personnes car il parlait de sexualité avec une jeune fille, des conversations jugées insupportables pas les grands frères de celle-ci. Un an après ce drame qui a trouvé un écho médiatique national, une réforme de la justice des mineurs « serait le plus bel hommage que l’on pourrait rendre à sa mémoire ainsi qu’à sa famille », vante Jean-Marie Vilain.
L’ancien Premier ministre Gabriel Attal, redevenu simple député et également président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, porte depuis plusieurs mois un texte visant à durcir la justice des mineurs. La proposition de loi a été adoptée mi-février à l’Assemblée nationale et va être examinée au Sénat à partir du 25 mars.
Le texte prévoit notamment la fin des atténuations de peines, sauf exception, pour les mineurs de 16 ans et plus condamnés pour faits graves et multirécidivistes, ainsi que la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs de 16 ans accusés de faits graves. Des mesures critiquées par de nombreux représentants d’avocats et de magistrats, qui voient dans l’accroissement de la répression une fausse solution qui risque en réalité de faire se développer la violence des jeunes.
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