« La délinquance rapporte. Il y a des sommes considérables qui circulent illégalement sur le territoire », note David Charmatz, procureur de Toulouse, fraîchement arrivé dans la Ville rose. Ce mardi 4 février 2025, il présentait le bilan de l’année en Haute-Garonne. Et parmi les sujets qui mobilisent le plus, la lutte contre le trafic de drogue occupe une belle place. Un chiffre interpelle. En 2024, le montant des saisies, au global, s’élève à environ 2,2 millions d’euros. Un commerce fructueux que les tenants veulent défendre à n’importe quel prix.
Hausse des règlements de comptes
C’est ce que constatent de plus en plus les forces de l’ordre, sur le terrain. Les règlements de comptes sont en hausse « dans les quartiers sensibles ». Et ils virent parfois au drame. Samedi dernier, un homme de 22 ans a été attaqué à la machette sur fond de trafic de drogue.
« Les délinquants s’accrochent à leur territoire, souligne Pierre-André Durand, préfet de la Haute-Garonne. Ils n’hésitent pas à faire appel à une aide extérieure – venue de Montpellier, de Marseille et même de Paris – pour exécuter des contrats ».
« 13 personnes ont été blessées » lors de ces règlements de comptes, « deux sont mortes », ajoute le procureur. Dans quelques cas seulement, la pression peut aller jusqu’à l’enlèvement avec demande de rançon.
1 485 opérations de démantèlement en 2024
Pour mettre un terme à ces commerces illégaux, des opérations de démantèlements, et plus spécifiquement des opérations place nette – dispositif qui avait été présenté par le président de la République, Emmanuel Macron, en mars 2024 – ont été mises en place. Dans certains cas, elles peuvent prendre une dimension XXL en s’étalant sur plusieurs semaines.
1 485 opérations de démantèlement avaient été organisées en 2023. On en rapporte 1694 en Haute-Garonne en 2024 (+17%). Le nombre de trafiquants mis en cause a également augmenté : +7,6%.
Une opération XXL historique
20 points de deal ont pu être démantelés, dont un qui était historique dans la Ville rose, et qui a fait l’objet d’une première opération XXL, étalée sur cinq semaines, en avril dernier, au Mirail. Une centaine de policiers et de gendarmes avait été mobilisée, tandis que la police administrative s’était occupée des saisies (armes, produits stupéfiants…) et de la destruction de marchandises.
« 25 000 personnes et plus de 15 000 véhicules ont été contrôlés.300 amendes forfaitaires ont été infligées à des consommateurs. Des tonnes d’objets et de marchandises ont été saisies », poursuit le préfet.
L’opération, appelée à être renouvelée en 2025, a également engendré 18 fermetures de commerces sur les 52 visités. 212 personnes ont été placées en garde à vue, « la moitié a été déférée », insiste David Charmatz.
À Toulouse, le trafic se déplace
À Toulouse, l’opération place nette XXL en avril dernier avait mis en lumière deux gros points de deal : les quartiers des Izards et Empalot. Dans ce dernier secteur, le trafic a tendance à se déporter de l’autre côté de la Garonne, « à Bagatelle », fait remarquer le préfet.
Commande en ligne, livraison à domicile
Au-delà du terrain, la bataille contre le trafic se fait aussi en virtuel. On passe commande via des messageries cryptées. Et pas besoin de se déplacer, la livraison est assurée par « uber-shit ». « Il y a une digitalisation du trafic […] parce que la police est sur le terrain. La criminalité s’adapte », observe le préfet.
Un phénomène qui explique pourquoi le trafic de drogue n’est plus uniquement présent dans les grandes villes. « L’activité s’étend jusque dans les zones rurales, et c’est une tendance nationale. »
Les dealers ne sont pas la seule cible des forces de l’ordre. Les consommateurs, sans qui les trafics ne se feraient pas, sont aussi surveillés. 3 753 amendes forfaitaires ont été distribuées (+2,8% par rapport à 2023). Là encore, le préfet entend « intensifier les efforts ».
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