Un bilan 2024 très lourd qui doit nous interroger. C’est en ces termes que le préfet de l’Orne, Sébastien Jallet, a décrypté l’année écoulée en matière de sécurité routière dans le département.
Et 2025 qui prend la même trajectoire
Ce sont, en effet, 27 personnes qui ont trouvé la mort sur les routes ornaises en 2024 quand 305 autres ont été blessées dans un total de 237 accidents corporels. Si le nombre des accidents est stable par rapport à 2023, leur gravité est plus accrue et le nombre de morts plus important (21 en 2023 et 24 en 2022).
« En 2024, les pompiers de l’Orne ont effectué cinq interventions par jour pour des accidents de la route et réalisé deux désincarcérations par semaine. »
En 2024, un accident sur 10 a été mortel sur les routes de l’Orne.
« On revient aux chiffres d’avant-Covid avec 25 à 30 morts sur les routes de l’Orne, chaque année », relève le préfet qui pointe déjà un premier semestre 2025 catastrophique.
Huit personnes sont mortes sur les routes, ce sont cinq de plus qu’en 2024 à la même date. Et onze ont été blessées chez les 0-13 ans contre un à la même période.
Un accident sur quatre est mortel en 2025, une victime décédée sur 5 était un usager vulnérable (piéton, cycliste, trottinette) et une sur 5 avait plus de 65 ans.
Un comité local d’aide aux victimes
« En 2024, sur 27 morts, un tiers n’était pas responsable de l’accident et sont donc véritablement victimes des usagers de la route. Il faut que la mobilisation soit générale pour éviter ces drames », déclare Sébastien Jallet.
Un comité local d’aide aux victimes vient d’être créé « pour un accompagnement plus étroit des familles des victimes dès le début du drame ».
6 000 km de routes départementales
Les routes départementales dans l’Orne représentent 6 000 km : « c’est un réseau important », relève le président du Département, Christophe de Balorre. « Une enveloppe de 16 M€ est dégagée chaque année pour leur sécurisation ».
Evidemment l’Orne compte davantage d’asphalte que cela avec les routes communales, nationales et les autoroutes.
Le Département accompagne aussi les communes, à hauteur de 400 000 à 500 000 € par an, dans certains de leurs aménagements de voiries « grâce au fonds issu des amendes ».
Le Département a aussi en charge le Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) auquel sont affectés 10 M€ chaque année. « Dans l’Orne, les pompiers sont professionnels et volontaires. Un accompagnement psychologique leur est proposé après chaque intervention difficile ».
Christophe de Balorre appelle, lui aussi, « à la mobilisation générale contre ces drames » car, selon lui, « ce n’est pas tant l’état des routes que les comportements qui sont souvent mortels ».
Conduites à risques et risque routier professionnel
« La majorité des accidents mortels et corporels qui ont lieu dans l’Orne sont dus à des comportements dangereux ou inadaptés », martèle le préfet Jallet. Dans la stratégie globale de lutte contre l’insécurité routière, qu’il a définie avec les procureurs des deux tribunaux de l’Orne et le président du Département, les conduites à risques sont donc particulièrement visées.
56 % des accidents corporels sont dus à la vitesse et 54 % à l’alcool.
Dans ce cadre, la création d’un atelier pédagogique sur les distracteurs et une exposition itinérante sur les risques routiers professionnels sont notamment au menu de 2025. Ces derniers représentent 36 % des accidents mais aussi 44 % des tués et 43 % des blessés.
Trottinettes et motards
Avec, en 2024, 50 % du nombre d’accident impliquant une trottinette électrique, 40 % d’usagers vulnérables parmi les blessées des accidents et 22 % parmi les tués, l’accent est mis sur l’éducation à la sécurité routière via l’organisation de piste dans 123 écoles du département.
Les motards font aussi l’objet d’un axe de travail puisqu’ils représentent, en 2024, 11 % des tués sur la route et sont responsables de 76 % des accidents dans lesquels ils sont impliqués.
Une vidéo de sensibilisation sera réalisée à leur endroit. Et comme chaque année, un relais moto sera implanté sur l’aire de la Dentelle à Alençon à l’occasion des 24 heures du Mans les 18 et 19 avril, une journée moto est organisée par l’escadron départemental de la sécurité routière le dimanche 27 avril et l’événement « Orne to be ride » est programmé le samedi 24 mai.
100 000 € d’actions de prévention
Au total, 113 actions de prévention ont été menées en 2024 (parmi lesquelles 22 actions de sensibilisation sur le risque routier professionnel et 29 sur les mobilités douces) pour un budget de 100 000 €.
Le préfet de l’Orne a remercié les partenaires qui s’associent à ces actions de prévention et salué les 33 IDS (intervenants départementaux de sécurité routière) bénévoles qui les animent.
20 actions seront encore soutenues en 2025 dont une journée de prévention et sécurité routière à l’Epide, une opération « Jamais sans mes lumières » avec l’association A Bicyclette, une sensibilisation au risque routier agricole lors de la Fête de la Terre et la campagne « regards croisés » lors de l’opération Orne to be ride.
« Le manque de responsabilité se paye au prix du sang »
La répression reste évidemment de mise dans cette lutte contre l’insécurité routière.
114 624 infractions ont été relevées en 2024 et 1261 permis de conduire ont été suspendus. Des nombres en hausse par rapport à 2023.
« Le manque de responsabilité se paye au prix du sang», indique le colonel Benech, chef du groupement de gendarmerie dans l’Orne dont les actions de prévention, en 2024, ont augmenté de 14 % et à destination de tous les publics.
La répression a aussi augmenté via des contrôles quotidiens. « Les comportements dangereux ont augmenté de 8 %, les dépistages d’alcool de 25 % et ceux de stupéfiants de 52 % », poursuit Pierre-Olivier Benech.
Les refus d’obtempérer ont augmenté de 23 % dans l’Orne en 2024, heureusement, ils ont été sans accident sur nos militaires.
Du côté de la police, les contrôles ont aussi augmenté de 4 %. « L’accidentologie est en baisse sur la zone Police mais le nombre de morts augmente », constate le commissaire Renato Cavarelli. Le nombre de blessé a diminué « mais celui de victimes hospitalisées a augmenté sur la circonscription d’Argentan ».
« On constate aussi en zone Police une forte augmentation du défaut d’assurance ».
Un compteur de jours sans mort
Mais, rappelle le préfet, « l’insécurité routière n’est pas l’affaire que des délinquants, elle est aussi celle de M. et Mme Tout le monde ».
Il appelle à la responsabilité, à la mobilisation générale et « au sens civique quand on prend le volant ».
Ce n’est pas la route qui tue mais les gens, sur la route, qui se tuent.
Depuis ce mois de mars, la préfecture de l’Orne publie, chaque lundi, un compteur de jours sans mort sur les routes de l’Orne. « Parce que chaque vie compte. Ce 14 mars, nous en sommes à 12 jours et j’espère que nous pouvons faire beaucoup mieux ».
Source link
