C’est le 6 août 2024, en début d’après-midi, que le drame s’est joué sur le rond-point situé à hauteur du viaduc de Toupin, Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor).
La chaussée est humide, des traces de gasoil sont également visibles sur la route. Deux employés de la commune travaillent sur les lieux au moment de l’accident.
Des témoins essentiels
Ces deux témoins vont être primordiaux pour éclaircir les faits. Ils sont formels, le cycliste se trouvait déjà au sol lorsqu’il a été écrasé par la voiture de la prévenue. Cependant, ils ne comprennent pas pourquoi le véhicule ne s’est pas arrêté immédiatement après le choc.
Ils précisent que la victime a été trainée sur plusieurs mètres avant que la Clio ne s’arrête à la suite de leurs gestes et de leurs cris.
Tout comme lors de la garde à vue, la conductrice, âgée de 24 ans, n’est parvenue à fournir une justification, jeudi 27 février 2025, devant le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc.
Elle se souvient avoir senti que sa voiture a fait un sursaut et avoir vu un vélo dans son rétroviseur. Elle est convaincue de s’être immédiatement arrêtée.
La présidente regrette qu’aucune investigation n’ait été réalisée par les enquêteurs afin de savoir si le téléphone de la conductrice était en fonction au moment de l’accident, ce qui aurait pu provoquer un moment d’inattention.
L’homme décède deux jours plus tard
Alors qu’il se trouve sous la voiture, l’homme demande de l’aide. Il est conscient. Plusieurs personnes soulèvent la Clio afin de dégager son corps. Il est ensuite pris en charge par les secours.
Finalement, souffrant de nombreuses blessures, notamment thoraciques, l’homme de 57 ans décède au centre hospitalier de Saint-Brieuc le 8 août 2024.
Soumise à un dépistage aux stupéfiants immédiatement après l’accident, le taux de THC (Tétrahydrocannabinol, la substance active du cannabis) de la jeune conductrice est de 0,65 nanogramme. Celui de la victime est également positif, 2 nanogrammes.
1g d’alcool
Le 24 août 2024, la jeune fille, qui n’est plus en possession de son permis, sort de discothèque au petit matin.
Tous ses amis ont bu, elle aussi. Mais elle prend « ses responsabilités », comme elle l’a dit au tribunal, mais surtout, elle prend le volant.
Le contrôle des gendarmes révèle un taux de 0.57 mg/l, (milligramme par litre d’air expiré) ce qui correspond à quasiment 1.20g d’alcool dans le sang.
« Comment avez-vous pu conduire en ayant bu 15 jours après avoir écrasé et tué un homme ? »
Je sortais de boîte de nuit. J’avais bu de la vodka et du champagne. Je n’ai pas pris conscience des conséquences.
Prison ferme et mandat de dépôt requis
Le frère et la sœur de la victime étaient présents à l’audience. Ils ont pris la parole à tour de rôle afin d’évoquer qui était leur frère. « Ce jour-là, on nous a enlevé notre frère. » Les paroles se sont étouffées dans les pleurs.
Leur avocate a ensuite souligné que la prévenue devrait savoir ce que provoque la perte d’un proche. Elle a elle-même évoqué un peu plus tôt la mort brutale de son petit ami, assassiné il y a près de deux ans.
Le Ministère public a requis une peine de trois ans d’emprisonnement dont la moitié avec sursis et sollicité la délivrance d’un mandat de dépôt.
Avant que le tribunal ne rende son jugement, la prévenue, en pleurs, a présenté ses excuses aux membres de la famille de la victime.
Finalement, la jeune femme a été condamnée à trois ans d’emprisonnement dont deux assortis d’un sursis probatoire, avec obligations de soins, de travail et d’indemniser les parties civiles.
L’année ferme sera aménagée ultérieurement par le juge d’application des peines. Son permis de conduire est annulé. Elle devra également s’acquitter de 1213 euros afin de régler les frais de justice des parties civiles.
Quant aux dommages et intérêts, ils seront déterminés lors de l’audience du 16 mai 2025.
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