La première marée d’équinoxe de l’année arrive à grand pas. Dimanche 30 et lundi 31 mars 2025, le coefficient atteindra 114, de quoi découvrir les endroits les plus reculés de l’estran. Une occasion que ne manqueront pas les quelque 2,1 à 2,7 millions de pêcheurs à pied amateurs en France. Dans la Manche, ils sont jusqu’à 7 000 en simultané rien qu’entre Champeaux et Gouville-sur-Mer lors des marées de vives eaux.
« Je suis tombée de haut »
Or, comme à chaque fois, il sera de rigueur d’être vigilant sur ce que l’on ramasse, sur les dates autorisées de prises, les tailles et les quotas des différents coquillages et crustacés. Diverses réglementations que n’est pas près d’oublier Françoise Decis. « Je suis tombée de haut », avoue-t-elle.
Il y a environ un an, cette octogénaire originaire de la région cherbourgeoise s’était rendue à hauteur de la plage face au golf de Barneville-Carteret pour pratiquer ce loisir qu’elle affectionne depuis de nombreuses années. Habituée à remonter l’estran dans les derniers, elle ne s’est pas fait rattraper par la mer, mais – à son plus grand étonnement – par la gendarmerie maritime.
Ce jour-là, Françoise, aujourd’hui âgée de 86 ans, avait oublié sa réglette pour mesurer sa pêche. Les forces de l’ordre, organisant plusieurs dizaines de contrôles le long des côtes l’occasion des grandes marées, ont ainsi procédé à la vérification du contenu de la hotte de Françoise.
Prise d’empreintes et photos de face
Bien souvent, les gendarmes prônent la prévention et incitent les personnes en infraction à relâcher leurs prises à l’eau. Or, cette fois-ci, la sanction est tombée pour Françoise, qui avait déniché deux ormeaux, dont un de trop petite taille et quelques étrilles.
« J’ai été convoquée à la gendarmerie de Barneville. Si j’ai été traitée avec courtoisie, la prise d’empreinte de mes doigts et les photos de face et de profil devant un mur blanc qui ont suivi me perturbent encore », témoigne-t-elle. « Comme si j’étais une grande criminelle. »
Consciente qu’il est nécessaire de faire respecter la loi, notamment pour préserver la ressource halieutique, elle juge son erreur « sévèrement punie ».
En effet, quelques mois après cette convocation, l’octogénaire a été convoquée au tribunal de Cherbourg. « On m’a laissé le choix entre une amende dont je ne connaissais pas le montant (le dépassement des quotas peut entraîner des amendes allant jusqu’à 22 750 euros. Ce montant reste cependant réservé aux braconniers, NDLR) et un stage de sensibilisation à la protection de l’environnement à Coutances. » Non sans difficulté puisqu’entre deux, Françoise a été victime d’une déchirure du tendon d’Achille.
Un stage à 250 euros
Pour couronner les conséquences de son erreur, les intervenants de cette journée – facturée 250 euros où une dizaine de personnes était présente – n’ont, selon elle, pas évoqué la réglementation liée à la pêche à pied.
Depuis sa mésaventure, l’amatrice d’air iodé n’a pas refoulé les plages des côtes de la Manche pour s’adonner à ce loisir. Cependant, en ce week-end de marée d’équinoxe, elle compte tourner la page et se rendre à Saint-Vaast-la-Hougue. Et cette fois-ci, sans oublier son outil de mesure.
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