29 avril 1945 : le droit de vote des femmes est validé en France. Pour fêter ce 80e anniversaire, les Archives départementales du Nord à Lille proposent une exposition documentée et émouvante sur les débuts de ce nouveau droit. Avec aussi les premières femmes nordistes qui se sont engagées en politique.
Le droit de vote des femmes exposé à Lille
Le droit de vote pour les femmes conquis de longues luttes est établi le 21 avril 1944 en France. Alors que la guerre n’est pas achevée. « Compte tenu du poids des femmes dans l’effort de guerre (mais il avait été considérable déjà lors du précédent conflit) et de leur action dans la résistance ».
Le Droit de vote pour les femmes ainsi établi, il fallait rendre possible son exercice. L’exposition des Archives, à l’initiative de Marine Vasseur qui la pilote et de l’Institut d’Histoire du Temps Présent, présente la problématique de la diffusion du nouveau droit. Elle donne l’occasion de découvrir de précieux et émouvants documents.
Pas de trace de débats familiaux comme en Italie tels qu’ils furent montrés dans le film évènement « C’e ancora domani », « Il reste encore demain » qui relate à quel point village après village, famille après familles, les femmes ont eu à affronter l’hostilité des hommes pour exercer leur droit. Il est question ici au contraire de la mobilisation des institutions, des partis politiques et notamment des mouvements des femmes, et aussi des premiers titres de la presse féminine pour que ce droit puisse devenir réel.
Un droit à exercer
Une campagne civique est mise en place. Elle a le mérite aussi de s’adresser aux hommes qui n’avaient plus été appelés à voter depuis un rendez-vous électoral en 1937. Une démocratie mise entre parenthèses pendant huit ans. Il faut dans un contexte de pénurie totale de papier, imprimer les cartes d’électeurs et les documents du vote.
Il est vrai que les élections vont se succéder (après les élections municipales du 29 avril, viennent les élections cantonales le 23 septembre, à 2 tours, puis le 21 octobre les élections à l’Assemblée Constituante).
L’inscription sur les listes électorales est un succès. Le corps électoral est composé de près de 52 % de femmes et compte tenu de leur moindre absentéisme, leur poids électoral et donc leur importance se révèlent largement supérieurs : 55,4 % de femmes contre 44,6 % hommes. Ce qui ne remet d’ailleurs pas en cause la prééminence des hommes dans la constitution des listes de candidat. L’égalité dans le droit de vote ne signifie pas l’égalité dans l’éligibilité. Il est réservé une petite place aux femmes candidates sur les listes et peu en position éligible.
L’émergence de nouvelles figures
Des figures issues de l’avant-guerre apportent leur notoriété à l’élection. Madeleine Léo-Lagrange est candidate sur une liste à Avesnes dans l’ancienne circonscription de son mari, ministre emblématique du front populaire.
On voit surtout émerger de nouvelles figures qui vont s’installer dans la Quatrième République. Denise Lesieux, l’égérie de la Cité des électriciens va devenir premier adjoint à Bruay-en-Artois ; Rachel Lempereur, l’institutrice, présentée par la SFIO qui accompagnera Augustin Laurent dans sa gestion de Lille est candidate pour la première fois, avant de devenir élue du département du Nord, et députée de la deuxième circonscription.
Sur la liste du parti communiste de Lille, on trouve Marthe Desrumaux, présidente de l’Union des Femmes Françaises, Nelly Pauwels, une autre communiste, devient maire de Louvroil, Isabelle Claeys entre au Sénat l’année suivante.
C’est une longue marche qui s’engage. Mais l’élan est donné, et la place des femmes dans la vie politique française ne cesse de prendre de l’ampleur. L’intérêt de l’exposition est de nous en rappeler les premiers pas. Ils méritent un détour par la rue saint Bernard au siège des Archives départementales.
Jean-Michel Stievenard
« Les femmes vont voter » aux Archives départementales du Nord, 22 rue Saint-Bernard à Lille, exposition ouverte jusqu’au 29 avril. Entrée gratuite. Ouvert du mardi au jeudi de 9 h à 17 h, le vendredi de 9 h à 16 h. Vendredi 21 mars : conférence avec l’Institut d’Histoire du Temps Présent à 18 h 30, avec lecture d’archives.
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