« À l’hôpital, j’ai décidé seule d’arrêter son cœur, je suis traumatisée. C’était ma mère, voilà ». C’est une famille endeuillée, représentée par les deux filles de la victime, qui a témoigné avec émotion au tribunal correctionnel de Fontainebleau, ce lundi 7 avril 2025, près d’un an et demi après un accident mortel en Seine-et-Marne. Le 2 novembre 2023, la période de la Toussaint avait été funeste pour Martine, 65 ans, qui avait été renversée par un motard sur un passage piéton de Montereau-Fault-Yonne, route de Provins. L’accident avait eu lieu alors que la retraitée se rendait au cimetière de la ville, pour fleurir la tombe de ses parents.
De multiples lésions
À bord Vers 16 h 40, elle était engagée sur le premier trait du passage protégé : le motocycliste qui roulait à 47 km/h à bord d’une puissante Suzuki, les yeux rivés sur son compteur de vitesse, avait juste eu le temps de faire des appels de phare en relevant la tête. Trop tard. Martine, projetée à 3 m 50, tombait à la renverse, sa tête heurtant le trottoir. Inconsciente, elle avait été transportée à Henri-Mondor, dans le Val-de-Marne. Souffrant de lésions cérébrales, de multiples fractures des os de la tête et d’une hémorragie sous-durale, elle décédait le lendemain. La sexagénaire était domiciliée à Marolles-sur-Seine, et avait quatre petits-enfants
« Je ne l’avais pas vue »
Christophe, le motocycliste âgé aujourd’hui de 41 ans, n’avait consommé ni alcool, ni stupéfiants. « Comment avez-vous fait pour ne pas la voir ? », a interrogé le président du tribunal. « Tout s’est passé en une fraction de seconde. Je ne l’avais pas vue, j’étais proche d’elle et je me suis dit qui si j’essayais de tourner à gauche, mon guidon l’aurait traînée sur plusieurs mètres. »
« Je suis interpellée par la façon dont il conduit, a plaidé l’avocate des parties civiles. C’était à la sortie d’un rond-point, en ligne droite, et il y avait une bonne visibilité. Le but des appels de phare était qu’il passe et qu’elle recule. Le choc a été extrêmement violent. C’est une vie de famille qui s’effondre dans une brutalité sans nom. »
Réquisitions et condamnation
De son côté, la procureure, pointant du doigt la faute de conduite, a rappelé que « le placement du regard et la gestion de la vitesse sont des règles fondamentales. » Elle a requis deux ans de prison avec sursis simple et l’annulation du permis, avec interdiction de le repasser avant 6 mois.
« Le destin de deux familles s’est joué ce jour-là. Mon client n’a jamais nié, ne roulait pas de façon excessive et chacun d’entre nous peut avoir un moment d’inattention, a plaidé l’avocate de la défense. Mon client travaille, il est inséré, et habite en milieu rural, où il n’y a pas de transport en commun. Si vous le privez de permis, c’est toute une famille que vous pénalisez. »
Au final, les juges ont reconnu le prévenu de négligences graves : « On n’écrase pas les gens qui traversent ! » Ils l’ont condamné à un an de sursis et à l’annulation du permis avec un délai de trois mois avant de pouvoir le repasser. En outre, le condamné devra verser plus de 60 000 euros à la famille de la défunte.
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