Ce jeudi 6 février 2025, les sapeurs pompiers du SDIS 31 ont lancé un projet basé sur l’Intelligence Artificielle (IA) : « le Petit Camion ». L’objectif : améliorer la qualité d’intervention du SDIS en optimisant la gestion des appels reçus par les secours. Voici de quoi il s’agit.
Demande d’un « petit camion »
L’idée de créer un tel projet provient d’un problème, rencontré quelques années auparavant, par le SDIS 31. Ce jour-là, un appelant demande l’aide d’un « petit camion ».
Cette information jugée anodine par l’opérateur, va se révéler plus qu’essentielle quand le camion envoyé, confronté à l’étroitesse de la rue, ne pourra pas accéder au sinistre pour intervenir.
Afin d’éviter de telles erreurs à l’avenir, on réfléchit à une solution. Quelque temps plus tard, une première ébauche du projet du Petit Camion naît.
L’objectif : soutenir les opérateurs
En moyenne, les opérateurs des centres d’appels d’urgence du SDIS 31, reçoivent 1 000 appels par jour, soit environ un appel toutes les unes à deux minutes.
L’idée du projet est alors de développer une IA qui accompagnera, à l’avenir, les opérateurs lors des appels, afin de détecter les informations clés qui peuvent passer à la trappe.
« C’est tout un art de récupérer des informations et de s’adapter à la situation pour pouvoir envoyer des renforts », décrit le lieutenant-colonel Laurent Nicolas, chef du groupement territorial Est au SDIS 31. « Ce projet de recherche est là pour soutenir les opérateurs. »
L’ANR accorde 720 000 € au projet
En juillet 2024, le projet est accepté par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). L’ANR décide d’accorder un budget de 720 000 € pour réaliser ce projet, et ce pendant les 48 prochains mois.
Aujourd’hui, le SDIS 31 collabore avec le Laboratoire Informatique d’Avignon (LIA), l’institut National de Recherche en sciences et technologies numériques (INRIA), l’Institut de recherche en Informatique de Toulouse (IRIT) et AnthroPi, pour créer le Petit Camion.
Petit Camion analyse la parole et les éléments sonores
Le laboratoire LIA, participe dans le développement du Petit Camion avec une équipe spécialisée dans la parole et le langage. Corrine Fredouille, responsable scientifique de LIA détaille : « Au sein de ce projet, nous développons la cohérence linguistique. Grâce à cela, Petit Camion pourra extraire des informations pertinentes lors d’un appel. »
LIA, en collaboration avec l’INRIT, développe également la prise en compte des conditions environnementales des appels. « L’analyse de cet environnement sonore nous permettra de qualifier le comportement de l’appelant, mais également celui de l’opérateur. Nous pourrons également analyser le niveau de fatigue de ce dernier, par exemple », développe Julien Pinquier, responsable scientifique de l’INRIT.
« Le facteur humain est très important »
Face aux quelques inquiétudes vis-à-vis de l’utilisation de cette Intelligence Artificielle, Jean-François Bonastre, coordinateur du projet et directeur de recherche à l’INRIA Défense et Sécurité, répond : « Le but, c’est de pouvoir apporter une aide aux opérateurs. L’IA ne prendra jamais une décision ou n’influencera pas les opérateurs. Elle leur permettra d’acquérir des données réelles grâce à une évaluation très poussée. »
Le lieutenant-colonel Laurent Nicolas affirme à son tour : « Le facteur humain est très important. Ce système sera mis au service de l’opérateur. Il ne le remplacera pas. Et les choses ne se feront que en collaboration avec les pompiers. »
L’IA en situation réelle en 2028
Pour l’heure, les laboratoires ont travaillé sur l’interface. Afin d’entraîner l’Intelligence Artificielle qui sera plus tard derrière, ils travaillent dès à présent, à partir de données non réelles, créées de toutes pièces par un simulateur d’AnthroPi, proches des conditions réelles.
Pendant les trois prochaines années, l’IA va être développée. Le Petit Camion devrait être opérationnel en septembre 2028. Une fois lancé, le « respect de l’anonymat » sera toujours conservé, assure le SDIS 31.
Le projet prendra fin et tirera une évaluation quelques mois plus tard, en décembre 2028. « Rendez-vous dans quatre ans pour savoir si c’était la bonne démarche ou pas ! », conclut Jean-François Bonastre.
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