L’information choc a rapidement résonné à Compiègne ces derniers jours, et notamment dans le quartier Bellicart, où le fugitif le plus recherché de France, Mohamed Amra, avait trouvé une planque lors de sa cavale de neuf fois, après son évasion sanglante du 14 mai 2024 au péage d’Incarville (Eure).
Recherché par toutes les polices du pays, le narcotrafiquant avait trouvé refuge dans la deuxième ville de l’Oise. Il s’y était rendu « plutôt tôt » après l’attaque ayant tué deux agents pénitentiaires, comme indiqué mercredi par la procureure de Paris, Laure Beccuau, sur France 2.
Un petit appartement le long d’une route fréquentée
Plus précisément, Mohamed Amra aurait passé le temps dans un modeste logement loué via la plateforme Airbnb, comme révélé par Le Parisien. Une habitation pourtant banale, divisée en plusieurs appartements, située le long d’une grande rue passante de Compiègne.
Mohamed Amra logeait dans un petit T2 refait à neuf. Il disposait du minimum : un salon avec télévision, une chambre avec un lit, une salle de bain et des toilettes. L’annonce est d’ailleurs toujours en ligne.
« On ne s’en est absolument pas rendus compte »
Autour, plusieurs commerces. Mais personne ne l’avait croisé durant tout ce temps. « J’ai été surprise d’apprendre cela », réagit une commerçante du quartier. « Les clients commencent à en parler de plus en plus ».
Il était là mais on ne s’en est absolument pas rendus compte, on a vécu normalement nous. À mon avis il est resté caché à l’intérieur du logement.
Autour d’un café, un vieillard s’étonne lui aussi. « On a vu la police y aller lundi », se souvient-il. Mais le retraité ne se dit pas apeuré. « Du moment qu’on ne vient pas me faire chier, moi, à la maison ».
Dans un autre commerce, situé tout proche du logement concerné, un vendeur nous assure avoir été « un peu stupéfait, forcément ». « Mais on n’a rien vu… Se dire que l’homme le plus recherché de France était caché à côté, c’est surprenant, mais je n’ai rien vu de suspect ».
« C’est impossible qu’il soit venu tout seul ici »
Sur le trottoir d’en face, un autre commerçant assure n’avoir jamais croisé Mohamed Amra. « Il n’est jamais sorti, on se demande bien qui a pu l’aider pour se trouver à manger… C’est incroyable, cela paraît même impossible », s’étonne-t-il.
Ces gens-là sont très intelligents. Il y a forcément des personnes qui l’ont aidé à venir se planquer ici, c’est impossible qu’il soit venu tout seul. Si je l’avais vu, j’aurais immédiatemment prévenu la police.
Avant que l’un de ses collègues n’ajoute : « d’après ce que des voisins m’ont dit, l’appartement avait été réservé à un nom de femme ». Lorsqu’on toque à la porte, une habitante nous fait comprendre qu’elle ne souhaite pas parler de cette affaire.
Une nouvelle qui n’en finit pas de surprendre à Compiègne. Interrogé par nos soins lundi dernier, le maire (LR), Philippe Marini, avait lui aussi confié son étonnement. « Ce ne serait pas le premier ni le dernier à se mettre au vert dans la proche région de Paris », avait-il analysé.
Huit interpellations lundi
L’enquête devra déterminer si le narcotrafiquant a été aidé, comment et par qui, pour venir s’installer dans l’Oise, avant de migrer à Rouen puis de traverser l’Europe afin de rejoindre la Roumanie, où il a été arrêté le samedi 22 février dernier.
« Est-il arrivé à Compiègne immédiatement après son évasion ou a-t-il eu un endroit de rebond avant ? », s’interrogeait la procureure de Paris, Laure Beccuau, chargée des investigations.
19 suspects, dont « La Mouche », ont été mises en examen dans cette affaire. Huit autres personnes ont été interpellées lundi 3 mars 2025 et placées en garde à vue. Parmi elles, selon Le Parisien, l’une des personnes qui proposait le logement à la location, arrêtée au Clos-des-Roses, autre quartier compiégnois, tristement réputé pour son trafic de drogue.
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