souvenirs de la dernière épopée européenne de Castres

Il y a des souvenirs nettement plus heureux pour Romain Teulet avec Castres, mais il a accepté de s’ouvrir sur ce qui reste néanmoins un moment marquant de son parcours. Quand, lors de sa première année chez les professionnels, il avait atteint avec ses coéquipiers les demi-finales de HCup. Pour Actu Rugby, l’ancien arrière revient sur la dernière épopée du CO dans la grande Coupe d’Europe et se projette sur le 8^e de finale à venir d’un club qui lui reste cher. Avec un petit pronostic à la clé !

Souvenirs d’Europe : la dernière épopée de Castres

Saison 2002-2003, Romain Teulet souffle à peine sa 23^e bougie et se voit déjà aligné dans le XV de départ du Castres Olympique avec les tauliers. Cette année, là, il ne le sait pas encore, mais il disputera aussi une demi-finale de coupe d’Europe face au grand Munster.

Celui qui sera pontifié une décennie plus tard par le Stade Pierre-Fabre débutait alors sa première saison avec le club bleu et blanc. Un exercice compliqué en championnat, où ils flirtent même avec la descente, mais prolifique en Coupe d’Europe, puisque les Tarnais atteignent le dernier carré de la compétition.

« C’était ma première saison donc forcément, j’en garde un magnifique souvenir. L’année d’avant, j’étais encore à Bergerac (3^e division, ndlr), et là, je me retrouve propulsé en demi-finale de Coupe d’Europe, au milieu de ces stars, c’est un super moment », souffle-t-il.

Et pour cause, le jeune Romain Teulet va croiser le fer avec des légendes comme Ronan O’Gara, Paul O’Connell ou encore Peter Stringer. Un duel de buteur duquel la légende irlandaise, actuellement entraîneur de La Rochelle, sortira vainqueur.

Mais celui que l’on surnommera plus tard « Robocop », peut compter également sur un effectif pléthorique. Gregor Townsend, Raphael Ibanez, Ugo Mola, Mauricio Reggiardo, Arnaud Costes, Alexandre Albouy et bien d’autres figures emblématiques du club dans les années 1990/2000.

« On loupe clairement le coche, notamment sur la première mi-temps, on doit marquer plus, quand on rentre aux vestiaires nous devons mener d’au moins neuf ou dix points. Je rate un drop en fin de première période, et au final, on se retrouve au coude-à-coude (9-6). On les avait dans la poule, on perd de 5 points chez eux, mais on finit par se qualifier et par battre Clermont. Sur cette demi-finale, on ne fait pas notre meilleur match de la campagne européenne, ils méritent la victoire », avoue, celui qui restera 13 saisons à Castres.

Une saison 2002-2003 contrastée pour Castres

Si le parcours de Castres dans cette coupe européenne semble historique, il l’est d’autant plus quand on constate les résultats en championnat. Les coéquipiers de Romain Teulet terminent à la dernière place du groupe 2 du Top 16 (le passage à la poule unique a été réalisé en 2004). Ils se maintiennent de justesse, en passant par les play-downs, un barrage entre les 4 dernières équipes des deux poules. Une année d’autant plus particulière pour Romain Teulet.

« J’avais 23 ans, c’était une année où c’est allé très vite pour moi. Je passe de la 3^e division au Top 16, puis à une demi-finale de Coupe d’Europe, et des convocations avec l’équipe de France A. Cette saison 2002-2003, elle est paradoxale, puisqu’on joue la descente et cette coupe d’Europe, c’était une grande bouffée d’oxygène pour le groupe. C’est vrai que je n’ai pas eu le temps de réfléchir à tout ça. J’espérais juste faire un maximum de feuilles de match et de pouvoir m’aguerrir pour, petit à petit, devenir un joueur qui allait s’exprimer », nous raconte-t-il.

Dans sa carrière de joueur, Romain Teulet soulèvera un bouclier de Brennus avec Castres en 2013, une nouvelle épopée pour le club, qui sera orphelin de son icône dès la saison d’après. Il continuera tout de même sous l’égide du Castres Olympique à entraîner les buteurs du club, mais aussi des différentes équipes de France.

Un statut qui lui permet d’encadrer les jeunes pépites du centre de formation tarnais, un axe important selon lui, qui permet au club d’étoffer l’effectif de l’équipe pro. Un pari gagnant qui porte ses fruits cette saison.

« À Castres, nous n’avions pas forcément la prétention de pouvoir se dire qu’on jouerait sur les deux tableaux. Nous n’avions pas l’effectif nécessaire. On devait faire des choix, sans pour autant galvauder la compétition, mais la priorité, c’était le championnat », rapporte Teulet.

Une époque qui a bien changé : cette saison, le Castres Olympique s’est appuyé sur 43 joueurs en Top 14. Un turn-over important pour le CO, désormais muni d’un effectif qualitatif, à l’image également d’une équipe Espoirs qui tourne bien (2^e de poule) et offre de nouvelles possibilités au staff selon Romain Teulet.

« La concurrence cette saison a créé beaucoup d’émulation dans l’effectif. Il y a des joueurs qui ont montré qu’ils valaient peut-être mieux. C’est à l’image de ce que fait bien le staff de Xavier Sadourny, cette volonté de challenger tout le monde impulse une dynamique », estime l’ex arrière.

« Les joueurs ont vraiment joué le jeu, ça se challenge beaucoup lors des entraînements en semaine puis les joueurs acceptent d’un week-end à l’autre de passer de titulaire à hors groupe. C’est ce qui permet d’amener un certain équilibre à l’effectif, quand un joueur sort et qu’un autre rentre, l’équipe ne perd pas en qualité, et ça, c’est une volonté du staff. Par exemple, le jeune Théo Chabouni vient challenger des tauliers comme Julien Dumora et Geoffrey Palis », souligne-t-il.

Castres : un rendez-vous avec l’histoire contre Trévise

Si Romain Teulet se surprend à rêver d’un parcours historique du Castres Olympique cette saison, il n’en reste pas moins pragmatique quant à une hypothétique victoire contre Trévise. Il loue également l’importance du 16^e homme et se permet même un petit pronostic.

« Trévise reste une très bonne équipe de rugby, avec beaucoup d’internationaux. C’est quand même presque toute la sélection italienne qui sera à Pierre-Fabre. Je pense qu’on gagnera, de quelques points, au moins de 5. Poussé par le public du petit chaudron de Pierre-Fabre qui aura son rôle à jouer », conclut-il.

Le premier pas d’un parcours qui pourrait raviver de beaux souvenirs dans le Tarn !