Ce mardi 25 mars 2025, quatre personnes ont été placées garde à vue dans l’enquête sur la mort du petit Émile, disparu en juillet 2023 : il s’agit des grands-parents maternels de l’enfant et deux des enfants majeurs du couple.
Ils ont été placés en garde à vue pour « homicide volontaire » et « recel de cadavre », comme confirmé par Jean-Luc Blachon, procureur du tribunal judiciaire d’Aix-en-Provence ce mardi. Parmi les personnes en garde à vue, un profil déjà connu de la justice, Philippe V.
Ces placements en garde à vue s’inscrivent dans une phase de vérifications et de confrontations des éléments et informations recueillis lors des investigations réalisées ces derniers mois.
Affaire de violences
Son passé judiciaire était déjà sorti au grand jour en mars 2024, quand Le Parisien et Le Canard enchaîné avaient révélé que le grand-père d’Émile était cité comme « témoin assisté ». Il était alors entendu en 2018, dans une affaire de violences sur enfants dans l’internat de la communauté religieuse de Riaumont, où il officiait sous le nom de « Frère Philippe » dans les années 1990.
L’institut religieux de la Sainte-Croix de Riaumont, dans le Pas-de-Calais, se présente comme « attaché aux règles traditionnelles de la vie religieuse et d’une liturgie plus que millénaire ». Très conservateur, donc.
Chrétien, Philippe V. voulait, à l’époque, devenir prêtre. Il embrassera finalement la carrière de kinésithérapeute ostéopathe installé à La Bouilladisse (Bouches-du-Rhône), près de Marseille.
Il a séjourné à l’institut religieux de la Sainte-Croix de Riaumont, entre 1991 et 1994, où il était chargé de faire régner la discipline au sein de l’internat. Selon Le Canard Enchaîné, il était « vêtu d’une robe de bure et chaussé de rangers à bout coqué ».
Plaintes contre l’établissement
Entre 2014 et 2017, plusieurs plaintes ont été déposées par des anciens élèves rapportant des faits de maltraitances, violences physiques, sexuelles et également des viols.
Plusieurs informations judiciaires ont été ouvertes, dont l’une a mené à la mise en examen d’André H., ancien prieur de Riaumont, pour agressions sexuelles sur mineur de 15 ans pour des faits remontant au début des années 1990.
C’est précisément sur ce volet qui Philippe V. apparaît sous le statut de témoin assisté [entre le témoin et la mise en examen, NDLR]. Dans anciens pensionnaires ont rapporté que le grand-père d’Émile pouvait infliger « des tartes mémorables ».
Il a été entendu par la police judiciaire de Lille, après avoir été mis une garde à vue en avril 2018, où il aurait reconnu des punitions « un peu sévères » sur les enfants. « Des gifles », mais « pas souvent », aurait-il déclaré.
Les coups de pied, oui, j’en ai mis au derrière. Les gifles, j’en ai mises quelques-unes. Les coups de poing, j’en ai mis quelques fois, mais par exemple au niveau des épaules.
Une éducation rigoriste ?
Philippe V. intéressait les enquêteurs aussi pour sa personnalité. Il inculquerait à ses 10 enfants, une éducation rigoriste avec une vision traditionaliste de la religion. Messes en latin et chants grégoriens auraient une place importante.
« Je passe pour un dominateur qui terrorise tout le monde », réagissait Philippe V. dans une interview accordée en septembre dernier à Famille Chrétienne.
Tout cela est faux mais je m’en moque. La presse nous fait du mal mais les gens autour de nous sont vraiment extraordinaires ! La preuve que Dieu existe, c’est la bonté qui nous est témoignée chaque jour.
Un habitant du hameau du Haut-Vernet racontait à BFM TV qu’il « gueule sur tout le monde », après un accrochage entre Philippe V. et un agriculteur.
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