Le temps d’une série de deux articles, l’ancien maire d’Équeurdreville-Hainneville (actuelle commune déléguée de Cherbourg-en-Cotentin, Manche), Jean Lerouvreur a accepté de revenir sur son parcours et ses engagements, avec un regard toujours d’actualité.
Homme désormais discret, il a été au cœur de l’actualité locale à travers ses mandats des années 70 à 2001. Pour l’histoire locale, il fut l’un de ceux qui ont contribué à faire évoluer et grandir l’agglomération de Cherbourg à travers la Communauté urbaine, qu’il a présidée de 1983 à 1989.
L’engagement politique est une valeur bien ancrée dans la famille Lerouvreur. Déjà, son grand-père, syndicaliste à la CGT et cheminot à Valognes, fut un militant de la SFIO et un élu municipal d’Octeville.
Sous l’étendard du drapeau socialiste
Fort des convictions politiques de son grand-père, son petit-fils mènera lui aussi une vie sous l’étendard du drapeau socialiste : « J’ai eu l’enfance et la jeunesse d’un fils d’instituteur à Hainneville. Il y a une culture familiale de l’engagement », se souvient Jean Lerouvreur.
Lors de ses études à Caen pour devenir instituteur, un groupe d’étudiants dont il faisait partie fréquentait le leader socialiste du Calvados, Louis Mexandeau. Ce fut le début de son militantisme : « C’est comme cela que je me suis retrouvé à faire de la politique. »
Un acteur de Mai 68
Le futur maire sera un acteur de Mai 68 : « Cette année-là, j’étais instituteur à Équeurdreville, j’étais de toutes les manifestations et le responsable du syndicat des instituteurs. J’ai bien vécu les débuts de Mai 68, mais à la sortie, j’ai constaté que ceux qui avaient eu gain de cause ont laissé les autres se débrouiller. Je n’ai pas apprécié cela. Mais je retiens de 68 une atmosphère agréable, parfois tendue. »
En 1969, il devient responsable de la section socialiste équeurdrevillaise. Aujourd’hui, il analyse les particularités du socialisme dans cette ville dans les années 60 : « J’ai travaillé avec Joseph Boscher, qui était conseiller général et maire. Le socialisme d’Équeurdreville était issu du syndicat FO, il y avait un monde enseignant fortement présent. Excepté Hippolyte Mars, le monde de l’Arsenal avait une présence moins importante chez les élus. »
Jean Lerouvreur reprend : « Il existait une lutte entre les partis dans les patronages laïques, entre les socialistes et les communistes. Cette lutte, on la retrouvait également dans le monde du sport. À l’Union sportive du travail, il y avait des luttes intestines, il fallait gérer cela. »
Plus jeune maire de la Manche en 1977
Albert Lesaunier, alors maire d’Équeurdreville, refusait le programme commun acté au niveau national entre le PS et le PCF et décida de se retirer.
Âgé de 35 ans, Jean Lerouvreur sera élu en 1977 maire de la commune. Il deviendra ainsi, par la même occasion, le plus jeune maire de la Manche : « J’étais bien jeune. Ma première action fut la mise en chantier de l’axe nord-sud. »
L’Équeurdrevillais, qui restera maire jusqu’en 2001, se souvient également du Cherbourgeois et député Louis Darinot : « J’avais d’excellentes relations avec lui. Je pense que le développement de l’Arsenal est aussi le résultat de son travail à l’intérieur de la Commission de la défense à l’Assemblée nationale. Je pense qu’il ne voulait pas vraiment être maire de Cherbourg. Ce qui l’intéressait, c’étaient les dossiers ».
Profondément lié à la Communauté urbaine
Jean Lerouvreur reste, avec son ami le gaulliste social Jean Levallois, l’un des derniers témoins de la création de la Communauté urbaine de Cherbourg en 1970 par Jacques Hébert : « Il y avait une volonté de faire avancer les dossiers et de travailler en commun. Au début, la gauche était dans l’opposition au conseil communautaire, mais cela se passait avec diplomatie. »
Présent dès le premier jour de la CUC, l’histoire politique de Jean Lerouvreur sera profondément liée à cette nouvelle Communauté urbaine, naissante et pleine d’espérance pour les citoyens.
La suite, dimanche prochain.
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