« Le propriétaire est extrêmement choqué » souffle Christian Suronne. Le maire de Val-de-Scie a les traits tirés par la fatigue et un café chaud dans les mains, après une nuit de veille et d’angoisse face au brasier qui a détruit un bâtiment agricole de 900 m² dans la soirée du dimanche 16 mars 2025 rue du Fresne à Auffay. Dans le secteur, il s’agit, de mémoire d’élus, du 11e feu de bâtiment agricole en moins de deux ans. Mais alors que sur les dix précédents incendies, seulement de la paille et du lin avaient été détruits par les flammes, cette fois-ci, entre 30 et 35 taurillons, « nous avons du mal à compter » notent les sapeurs-pompiers sur place, ont été tués.
Les bêtes brûlées vives
Des bêtes brûlées vives et des morts qui choquent, notamment les voisins de l’agriculteur, venus en nombre à son soutien lundi 17 mars dans la matinée. Ce dernier, lui, n’est pas présent. « Il s’est retiré auprès de sa famille » explique Christian Suronne. Le premier édile de Val-de-Scie a du mal à mettre des mots sur ce qu’il s’est passé. Surtout, il craint que cet incendie, le premier du genre sur sa commune, ne soit pas le dernier. « Tout le monde tremble parce que rien que dans ce secteur de la rue du Fresne, il y a beaucoup de cibles potentielles. »
Il évoque à de nombreuses reprises les différents incendies qui ont touché le secteur, regrettant de ne pas être informé de l’avancée des enquêtes. Si pour le moment, l’origine du feu, accidentelle ou criminelle, n’est pas connue, l’élu note de nombreuses similitudes entre tous les dossiers : « C’est toujours la même heure, toujours de la même façon… »
L’individu qui fait ça n’a plus de limite.
À ses côtés, Olivier Bureaux, président de la communauté de communes Terroir-de-Caux enchaîne les coups de téléphone. « Nous voulons que le dossier passe en priorité » lance celui qui est aussi maire de Longueville-sur-Scie.
La crainte d’une escalade
Un discours partagé par Robert Le Bourgeois. Le député de la 10e circonscription de Seine-Maritime a fait le déplacement : « Jusque-là, ce n’était que du lin ou de la paille, maintenant des animaux. L’individu qui fait ça n’a plus de limite. Il faut que la préfecture donne les moyens aux gendarmes pour résoudre ce dossier. »
Le député souligne l’émotion qui l’a saisi. « Je suis fils d’agriculteur, je sais ce que ça représente. Quand on est éleveur, les bêtes, c’est un peu comme nos enfants. »
Tous les élus craignent surtout l’escaladent de la violence : « Quand on a 11 faits d’incendie en moins de deux ans, c’est normal que la psychose s’installe. Nous appelons à la civile, mais les agriculteurs sont affolés et furieux » prévient Robert Le Bourgeois.
Déjà, selon le député, les premiers effets se font ressentir. « Il commence à y avoir des assurances qui se retirent ou bien qui augmentent les prix. C’est un nouveau coup dur pour les éleveurs. »
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