C’est contre un cador du football que l’US Avranches (USA) va se mesurer. Cette fois-ci, ce n’est pas sur la pelouse du stade René-Fenouillère, mais bien sur le parquet du tribunal administratif de Paris que les acteurs du match vont s’affronter, à une date encore inconnue. Le club de National 2 est en procès contre la Fédération Française de Football (FFF).
Le litige porte sur un match de National de la saison 2023-2024 face au FC Villefranche-Beaujolais (FCVB), que les instances du football français avaient demandé de rejouer. « Villefranche avait aligné un joueur qui ne possédait pas la licence fédérale, obligatoire pour jouer en National. Nous avons alerté la FFF car normalement, ce devrait être une défaite sur tapis vert selon le règlement. Mais la fédération a demandé de rejouer la rencontre », s’indigne Nicolas Leroux, président de l’US Avranches.
Selon lui, Villefranche a enfreint les règles durant 11 matchs avec ce joueur. Mais en National, seuls les matchs datant de moins d’un mois peuvent être rejoués dans de tels cas.
« Nous avons dû rejouer trois matchs contre Avranches, Rouen et Le Mans. C’était déjà une grosse note à payer pour nous, déclare Gaëtan Mazzola, manager général du FC Villefranche-Beaujolais. Nous reconnaissons pleinement notre erreur. Mais il s’agit d’un problème de contrat, cela n’aurait absolument rien changé sur le terrain. Il ne s’agissait pas d’un joueur suspendu ».
Initialement, Avranches avait perdu 2-0 à domicile le 1er décembre 2023. Lors du match rejoué le 26 mars 2024, le FCVB a de nouveau gagné sur le score de 3-1.
Avranches veut réintégrer le National
Si cette affaire prend autant d’ampleur, c’est parce qu’elle a de gros impacts sur le classement final du championnat. « Nous avons été relégués à la fin de la saison. Avec la victoire sur tapis vert qui aurait dû être prononcée, nous aurions eu assez de points pour nous maintenir. Et c’est Villefranche qui serait en National 2, précise le président de l’US Avranches. Cette décision n’est pas une erreur du club. C’est une faute de la Ligue ».
C’est pour cette raison que l’USA intente un procès contre la Fédération Française de Football. La commission consultative du Comité National Olympique du Sport Français (CNOSF) a rendu un avis en faveur du club manchois sur le dossier. « Nous sommes donc confiants sur nos chances au tribunal administratif. Nous espérons un jugement au printemps, avant la fin de la saison », ajoute Nicolas Leroux.
En cas de victoire au procès, le président veut obtenir une réintégration en National, 3e échelon du football français, dans lequel le club évoluait depuis une décennie avant cette relégation. « Je ne sais pas si c’est possible, mais nous allons essayer. Sinon, nous demanderons des indemnités financières pour ce préjudice », insiste-t-il.
Avec la victoire sur tapis vert qui aurait dû être prononcée, nous aurions eu assez de points pour nous maintenir.
Villefranche sauvé de justesse
Du côté du club du Rhône, ce procès fait l’effet d’un tacle assassin. « C’est lunaire de faire ça. Notre club aurait dû être relégué aussi puisque nous avons perdu certains matchs rejoués (4-0 contre Le Mans NDLR) qui étaient au départ des victoires. Nous avons été repêchés suite au dépôt de bilan de Niort », soutient le manager général. Gaëtan Mazzola demande « un minimum de solidarité entre clubs amateurs ».
« Ce combat est un aveu de faiblesse de l’US Avranches. Ils avaient largement le temps de redresser la barre sur le terrain. Ils n’y sont pas parvenus. Il y avait un respect mutuel entre nous. Il n’y aurait jamais eu d’histoire de matchs rejoués avec l’ancien président Gilbert Guerin. Nous aurions trouvé une issue bénéfique pour les deux clubs. Aujourd’hui je ne vais pas pleurer sur leur sort », martèle-t-il.
« On ne va pas se laisser faire »
Mais les deux clubs se rejoignent sur un point : la FFF s’entête à ne pas reconnaître ses fautes. « Ils nous traitent ainsi car nous sommes des clubs amateurs. Les professionnels n’auraient jamais connu une telle situation », estime Gaëtan Mazzola.
Même son de cloche du côté de l’USA. « Ils vont nous emmener jusqu’en cour d’appel si on gagne. Ils iront jusqu’au bout pour avoir raison. Mais ce serait malvenu de leur part. On est petit mais on ne va pas se laisser faire », prévient Nicolas Leroux. Pour l’heure, aucune date d’audience n’est retenue et ces affaires peuvent durer plusieurs années.
Contactée, la Fédération Française de Football n’a pas répondu à nos demandes d’interviews.
Un air de déjà-vu
Dans le même temps que ce procès, Avranches a remporté un premier litige contre la FFF, ce lundi 10 février, à propos d’un match perdu sur tapis vert pour avoir aligné Victor Daguin, suspendu, en août 2022 face au SO Cholet en National. Celui-ci venait tout juste d’arriver au club, en provenance de la réserve du FC Nantes, en National 2. Selon Nicolas Leroux, l’USA n’était pas au courant de cette suspension, décidée dans un autre championnat. Après avoir perdu au tribunal administratif, la Fédération a emmené le club manchois en cour d’appel, mais sans succès. Le classement de la saison 2022-2023 de National va donc être mis à jour, mais sans conséquence cette fois pour les équipes.
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