Julien, aujourd’hui âgé de 44 ans, avait en fait été admis aux urgences du centre hospitalier de Vire Normandie, le 7 août 2017 pour un « pneumothorax droit complet » consécutif à un « important effort physique » effectué la veille. Le jour même, la pose d’un « drain » avait donc été réalisée, permettant le « retour du poumon à la paroi ».
Transféré au CHU de Caen
Mais ensuite, un « important hémothorax » avait été mis en évidence : il avait donc été transféré au CHU de Caen où il avait été opéré en urgence le 8 août 2017. Il avait finalement pu rentrer chez lui quatre jours après.
Le quadragénaire estimait après coup avoir été « victime d’une maladresse fautive » du médecin à Vire : l’extrémité du drain avait été « poussée trop loin ». Ce père de deux enfants et sa compagne Laura avaient donc saisi la justice pour que le centre hospitalier leur verse 43 000 € de dédommagements. En réponse, l’établissement avait fait réaliser « un rapport critique » qui avait conclu à « l’absence d’élément » permettant d’attribuer « de façon formelle et certaine » l’origine du saignement à la mise en place de son drain.
Une expertise judiciaire
Le 18 janvier 2024, une expertise judiciaire avait donc été ordonnée pour trancher le débat. Or le geste « vital et urgent » pratiqué à Vire a été « correctement appliqué et exécuté par l’équipe des urgences », avait jugé l’expert judiciaire, comme le rappelle le tribunal administratif de Caen dans une décision en date du 14 février 2025 qui vient d’être rendue publique.
L’expert avait aussi conclu que
la position du drain contre la veine cave supérieure […], sans être absolument idéale, est parfaitement conforme et non dommageable
D’ailleurs, le chirurgien du CHU de Caen intervenu dans un second temps n’avait relevé
aucune lésion secondaire à la pose d’un drain
« Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a eu aucune lésion des organes intrathoraciques par le drain ou sa pose », avait d’ailleurs conclu l’expert, contredisant la première expertise.
Un geste « indispensable » et « vital »
Au final, le tribunal administratif de Caen relève :
les soins prodigués par le centre hospitalier de Vire ont été attentifs, diligents, conformes aux données acquises de la science médicale « . Il n’avait donc retenu » aucun manquement dans la réalisation du geste. Au surplus […] l’embout du drain […] est en mousse, minimisant le risque de lésion
Julien et Laura se « bornent » pour leur part, « sans démonstration », à « faire état d’une complication probable en lien causal avec le geste de pose ». Or ils n’apportent
aucun élément permettant de contredire utilement les conclusions de l’expert
Le patient se plaignait aussi de ne pas avoir été informé « en détail sur les innombrables complications possibles de la pose d’un drain ». Mais ce geste était « indispensable », « vital » et « urgent », rappelle le tribunal : le requérant pouvait « difficilement s’y soustraire » sauf à « risquer des complications graves voire mortelles à court ou très court terme ».
« M. connaissait l’urgence de sa situation »
« Il résulte des témoignages du frère de M. , qui a déjà été victime d’un pneumothorax et chez qui M. se trouvait le 7 août 2017 lors de l’apparition des symptômes, et de leur mère – infirmière retraitée qui la conduit aux urgences et qui affirme avoir reconnu la pathologie […] – que M. connaissait l’urgence de sa situation et l’indication de drainage », souligne le tribunal administratif de Caen. Le patient s’est donc « volontairement soumis » au drainage pratiqué « sous anesthésie locale » par le centre hospitalier de Vire.
Tout compte fait, l’hôpital de Vire n’a donc pas manqué à son « devoir d’information » sur les risques d’un tel geste. Les requérants ne seront donc pas indemnisés ; ils devront même payer les 4 600 € d’honoraires d’expertises.
Ils ont jusqu’au 14 avril 2025 pour contester ce jugement devant la cour administrative d’appel de Nantes.
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