En fin de semaine dernière, Pont-Audemer (Eure) était « the place to be ». Au lendemain de la visite d’Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, c’est Sébastien Lecornu, ministre des Armées, qui s’est rendu à Pont-Audemer. Bon nombre de médias régionaux et nationaux avaient fait le déplacement pour cette visite ministérielle.
L’ancien président du département de l’Eure a visité le site Thalès vendredi 28 mars. « C’est un clin d’œil assumé. Ici, il y a un enjeu de relocalisation et un enjeu de fiabilité à produire de manière linéaire et prévisible des cartes électroniques. C’est l’occasion de voir que cette sauvegarde de l’emploi est réussie. Thalès a réinvesti en matière de défense », a-t-il indiqué.
Une seconde ligne en septembre
En 2020, peu avant la crise sanitaire, l’avenir du site de Pont-Audemer était très incertain. Les représentants syndicaux craignaient la suppression de 150 emplois. La raison ? Le déclin des cartes SIM. « Il y a eu un peu d’inquiétude », a reconnu Sébastien Lecornu, qui a suivi le projet de réindustrialisation de Thalès. Après deux ans de négociations, le fleuron français de l’industrie de l’armement annonce que des cartes électroniques assemblées (PCBA) seront produites à Pont-Audemer. Thalès a investi 30 millions d’euros sur le site (un tiers pour la formation, un tiers pour le matériel et les machines et un tiers pour le transfert des produits).
Les chiffres à retenir
Le site Thalès de Pont-Audemer compte 300 salariés, dont 50 % de femmes. La moyenne d’âge est de 48 ans.
En 2024, 80 millions de cartes SIM ont été produites et personnalisées à Pont-Audemer.
Depuis les années 2000, 80 milliards de cartes SIM ont été produites par Thalès.
20 000 à 30 000 cartes électroniques seront fabriquées par an à Pont-Audemer.
Le site de Pont-Audemer s’étend sur 8 ha, dont 1 ha sanctuarisé pour la biodiversité.
30 millions d’euros ont été investis pour la réindustrialisation du site de Pont-Audemer, dont 1/3 pour la formation.
30 personnes sont opérationnelles sur la nouvelle ligne de production de cartes électroniques, une dizaine est en formation. D’ici la fin de l’année, 60 à 70 personnes travailleront sur la seconde ligne de production.
Des cartes notamment utilisées pour les avions Rafale. La production de Rafale étant revue à la hausse, l’activité ira crescendo à Pont-Audemer. « Une seconde ligne de production permettra d’augmenter notre capacité de production. Elle sera installée en septembre », a souligné Dominique Redureau, directeur du centre de compétence des cartes électroniques. Les salariés de Thalès à Pont-Audemer fabriqueront également des cartes électroniques pour des radars, des brouilleurs ou encore des drones.
Sébastien Lecornu a également passé un message à Thalès, qui sera certainement très sollicité, lors de cette visite au sujet du système de défense sol/air, Samp/T : « Il y a un certain nombre de capitales européennes qui pensent à se désensibiliser d’un certain nombre d’armes américaines. Le Samp/T est un cran au-dessus du Patriot. Il y a une demande très forte. Je mets une saine pression. »
Un soutien de la Région pour les PME ?
Interrogé au sujet de la création d’un fonds normand dédié à l’industrie de la Défense, annoncé par Hervé Morin, le 26 mars 2025, le ministre des Armées s’est adressé aux élus normands : « Le réseau des PME normandes doit être capable de gérer ou de régler une crise de croissance, c’est dans ce domaine que j’attends beaucoup des régions. […] Il y a beaucoup d’entreprises en dualité (la Défense et le civil). La défense représente 5 % de leur chiffre d’affaires. On va devoir les aider à tenir. Beaucoup de start-up ont un besoin de financements. »
Autre message adressé à la Région Normandie : celui de la formation. « Beaucoup trop de demandes reviennent sur la formation, l’apprentissage, l’accès à des personnes qualifiées. C’est un point clé. On a un choc de commandes important. Derrière, ça redescend même si le ruissellement peut prendre du temps. Mais parfois, l’un des goulets d’étranglement, ce n’est pas que l’accès au financement, c’est aussi l’accès à une main-d’œuvre qualifiée. Cela nécessite une mise à jour des plans de formation », a souligné le ministre.
À l’issue de la visite du site Thalès réindustrialisé, Sébastien Lecornu a assisté à une démonstration de drones en essaim. Du matériel militaire équipé de cartes électroniques. Tous les drones étaient pilotés par une seule personne. Pour cette démonstration, six drones ont volé dans le ciel. « Il n’y a pas de limite de nombre », a indiqué Éric Lenseigne, responsable stratégie et développement chez Thalès. Et grâce à l’intelligence artificielle, ils peuvent voler en autonomie. Des drones qui permettront de « faire de la reconnaissance et de la surveillance, sur le terrain ». « C’est applicable sur le terrain dès maintenant. Nous sommes prêts », souligne Éric Lenseigne.
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