C’est sur la musique des Daft Punk, le titre emblématique One more time – clin d’œil à une future candidature à sa succession ? – que le député socialiste Philippe Brun a fait son entrée pour sa cérémonie des vœux, ce mercredi 29 janvier 2025. Avec une voix enrouée, il a indiqué aux quelque 550 personnes compactées dans la salle des fêtes d’Incarville (Eure), près de Louviers, qu’il s’agissait là de son 44e discours de vœux, lui qui a sillonné les communes de la 4e circonscription de l’Eure ces dernières semaines.
Sans notes, Philippe Brun a déclamé un discours d’une bonne heure. Il a défendu son bilan, déroulé sa feuille de route et motivé ses récentes décisions politiques qui ont fait de lui l’un des artisans de l’accord de non-censure du gouvernement Bayrou. Son principal vœu est de « retrouver une stabilité politique du pays ».
« Situation politique actuelle navrante »
Pour commencer, le parlementaire est revenu sur sa réélection au soir du 7 juillet dernier, après la dissolution de l’Assemblée nationale voulue par Emmanuel Macron. « Plus de 30 000 personnes ont voté moi [N.D.L.R. : au second tour, Philippe Brun a obtenu 31 914 voix quand son adversaire du RN, Patrice Pauper, était à 28 495 voix] et pour une certaine conception de la République. Ici nous avons réalisé un exploit. Nous sommes la seule circonscription de France où un député de gauche a augmenté son score par rapport au RN et par rapport à 2022. »
Philippe Brun a ensuite longuement regretté la « situation politique actuelle navrante ». Il a rappelé qu’il a porté, « dès cet été », la proposition d’un accord de non-censure vis-à-vis du gouvernement Bayrou, à la condition que le gouvernement accepte de faire des concessions. « C’est un outil pour mettre fin à la pagaille républicaine qui s’est installée depuis le 7 juillet 2024. Il faut que l’on se mette autour de la table en étant conscients de nos divergences mais en trouvant ensemble le chemin pour notre pays. Nous avons un devoir : celui de donner un budget à la France. »
« Je ne crois pas que les Français veulent le chaos »
Le député siège d’ailleurs depuis aujourd’hui dans la commission mixte paritaire sur le budget, rassemblant sept sénateurs et sept députés. Hier soir, il promettait : « Je me battrai pour la hausse de 1,5 % du SMIC en 2026, pour la hausse de 10 % de la prime d’activité, pour des mesures écologiques ambitieuses, pour une augmentation considérable de l’enveloppe du fonds vert. »
Puis, de manière plus générale, Philippe Brun a fait référence à un grand député français.
Comme Jean Jaurès, je pense qu’un pas en avant vaut mieux que 1 000 programmes. […] Je ne crois pas que les Français veulent le chaos et que les gouvernements tombent comme un château de cartes.
Plus localement, il est revenu sur des actualités récentes, comme les suppressions de postes chez Barry Callebaut Louviers, les fermetures d’Holophane et d’Europhane aux Andelys, mais aussi la contestation populaire après l’annonce de l’augmentation drastique des tarifs de l’eau dans les environs du Neubourg et du Roumois.
Trump, « un chef d’État irresponsable »
Pour marquer sa stature d’opposition au gouvernement, Philippe Brun a rappelé à plusieurs reprises qu’il n’appréciait pas « François Bayrou, ses ministres et leurs idées ». « J’ai refusé deux fois d’être ministre dans le gouvernement Barnier et dans le gouvernement Bayrou », insiste-t-il.
Le député est également revenu sur l’élection de Donald Trump aux États-Unis et son arrivée récente aux pouvoirs.
Je ne me satisfais pas que la France devienne le vassal des USA, d’un chef d’État irresponsable et dont la grossièreté n’a d’égal que sa dangerosité.
L’élu a par ailleurs indiqué qu’il attendait une réponse du ministre de la Justice concernant la demande qu’il a formulée avec le maire de Val-de-Reuil, Marc-Antoine Jamet (PS), pour une plaque d’hommage aux agents pénitentiaires tués au péage d’Incarville le 14 mai 2024. Une demande qui a engendré les applaudissements du public. Il espère en outre « plus de postes pour notre commissariat de police ».
« Je souhaite à la France de se relever »
Pour l’année 2025, le député déclare : « Je souhaite à la France de se relever. Je souhaite que tous et chacun dans la salle nous vivions mieux que l’an passé. Je souhaite aussi de bons vœux à nos communes. […] Il y a des restaurants qui ouvrent, des entreprises qui investissent, tout ne va pas si mal. Il faut relever la tête, garder confiance. »
Enfin, pour clore le sujet politique, Philippe Brun a rappelé les dossiers sur lesquels il travaille en tant que député. Il fait référence à sa loi pour éviter le démantèlement d’EDF qui entrera en vigueur ce 1er février, sa proposition de loi contre les pannes d’ascenseurs qui vient d’être adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale. Il n’en oublie par sa proposition de loi, avortée à cause de la dissolution, au sujet de l’aide envers les familles monoparentales (très souvent des femmes). « J’espère pouvoir la faire adopter durant cette année », dit l’élu. Enfin, il a évoqué la proposition de loi transpartisane à laquelle il participe autour des déserts médicaux.
« La Légion d’honneur des braves »
À la fin de son discours de vœux, Philippe Brun a enchaîné avec une longue phase concernant la remise de la médaille de l’Assemblée nationale à 17 habitants de sa circonscription. « Ce sont les héros du quotidien, ceux qui ne reçoivent jamais de vrais remerciements, qui n’ont pas la Légion d’honneur. Cette médaille, c’est la Légion d’honneur des braves », dit en préambule le député.
Voici un diaporama avec les photos de tous les médaillés
Les maires du territoire ont été sollicités pour proposer eux-mêmes des personnes de leurs communes. Ont ainsi été honorés 17 habitants pour leurs engagements associatifs, solidaires, d’élus ou de simples citoyens : Eddy L’Huillier et Jessica Danssi à Surtauville / Messaoud Rafa à Louviers / Étienne Callouet au Bosc-du-Theil / Barbara Mursch et Mathieu Caillaud à Autheuil-Authouillet / Said Azargi à Léry / M. et Mme Benazech à Saint-Étienne-sous-Bailleul / Les frères Jérôme et Frédéric Halbout à Porte-de-Seine / Isabelle Rukavina et Francis Bourienne à Clef-Vallée-d’Eure / Claude Rosse et Quentin Gouas à Saint-Aubin-sur-Gaillon / Maryvonne Davot et Daniel Breiner à Pont-de-l’Arche / Yves Maillard à Saint-Ouen-du-Tilleul / Isabelle Aubry et Jean-Claude Billey à Hondouville.
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