Ce matin du mardi 28 janvier 2025, le bleu du ciel et le calme de la Vilaine contrastent avec la nuit que vient de vivre La Roche-Bernard (Morbihan).
À 5 h du matin, le fleuve a débordé sur une centaine de mètres de profondeur, recouvrant les quais et bien au-delà. Avant de se retirer, mais pas pour longtemps. Une nouvelle crue est attendue à partir de 16 h ce mardi 28 janvier 2025. La préfecture du Morbihan a placé la Vilaine aval en alerte rouge.
La veille, le maire de La Roche-Bernard, Bruno Leborgne, a photographié le débord de La Vilaine. Les images sont impressionnantes :
Se préparer à un nouvel assaut de la Vilaine
Il est à peine 10 h ce mardi sur les quais de la Roche-Bernard qui se prépare à affronter un nouvel assaut de la Vilaine, encore plus puissant que la veille, avec au moins 30 cm de plus.
Aux côtés des quelques promeneurs, les équipes des services techniques posent des rubalises pour interdire le stationnement. Les employés municipaux, avec le renfort de la commune voisine Nivillac, remplissent des sacs de sable pour les poser au pied des bâtiments les plus vulnérables, comme la nouvelle capitainerie, la salle Richelieu, les habitations et les restaurants. La montée des eaux, lundi soir, a surpris par son intensité. Du coup, la commune se prépare au pire.
Un restaurant inondé
Dans sa maison sur le quai, une riveraine, aidé d’un voisin, transfert au premier étage, où elle vit, tout ce qui peut être remonté du rez-de-chaussée.
Un peu plus loin, Marie et Noémie, du restaurant La Cambuse, écopent. « C’est un peu vider la mer avec une petite cuillère », lâche la restauratrice.
Son établissement a 12 cm d’eau.
On devait rouvrir vendredi après les congés, ce ne sera pas possible. Cela fait un an qu’on est là, un an de labeur pour finir les pieds dans l’eau.
Lundi, elle était au restaurant pour préparer la réouverture. « Quand j’ai vu le niveau de la Vilaine, il était comme ce matin. Je ne pouvais pas imaginer que cela allait déborder comme ça. Un voisin nous a dit qu’à 5 h ce matin, le restaurant était cerné d’eau ! », poursuit Marie.
Les plaisanciers évacués
Sur le port, la trentaine de personnes qui vivent à bord de leur bateau va devoir le quitter pour des raisons de sécurité. Le port va couper l’électricité et l’eau. Celles et ceux qui n’auront pas de solution de repli pourront accéder à une salle mise à leur disposition. La commune cherche également un autre local pour abriter des personnes qui seraient inondées dans leur habitation.
« Notre objectif, c’est la protection des habitants, des entreprises, des commerces. Nous avons déclenché une cellule de crise pour faire face », explique à l’Écho de la presqu’île le maire de La Roche-Bernard Bruno Leborgne qui cette nuit était sur le pont.
Pourquoi la Roche-Bernard ?
La commune est à l’aval de la Vilaine, juste avant l’estuaire et le barrage d’Arzal qui en ce moment débite 1000m3 d’eau par seconde, bien au delà du seuil de crise de 750 m3/s.
« Quand il y a des crues, ici, on les prend avec un décalage de trois jours. Donc même si ce mardi il ne pleut pas, on va quand même subir des débordements », explique Paul Martel, adjoint aux affaires portuaires de la Roche-Bernard.
Ces dernières semaines, le niveau de la Vilaine n’a cessé de monter. « Et les forts coefficients de marée annoncés ne vont rien arranger. On attend un coefficient de 100 samedi. Sous l’effet des marées, l’eau monte très vite et se retire très vite », poursuit l’élu qui se souvient qu’en 2014, une crue avait provoqué aussi des inondations. En 2000, c’est une panne du barrage d’Arzal, construit pour réguler le niveau d’eau et enrayer les crues, qui était à l’origine de débordements. « On avait été jusqu’à 4 m. Ce soir, on risque d’être à 3,80 m, 3,90 m. C’est évidemment un niveau anormal ».
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