Le maire de Lille Martine Aubry l’inaugurera officiellement le samedi 15 mars à 11h. En attendant, la belle attend, dans son enveloppe de marbre d’un blanc immaculé. La statue du P’tit Quinquin, dont le nom officiel est le Monument à Alexandre Desrousseaux (compositeur de la chanson « L’canchon dormoire », qui a inspiré l’oeuvre), a retrouvé sa place à l’entrée du square Foch, à Lille. Son prédécesseur a subi un sort funeste : en novembre 2023, la représentation de la dentelière portant son enfant Narcisse, avait été décapitée. Face à l’irréversibilité de cet acte de vandalisme, c’est une réplique, celle en place, qui a été façonnée.
Un bloc de 20 tonnes soigneusement choisi en Italie et plus de 1000 heures de travail
La statue a retrouvé son emplacement historique aux toutes premières heures de la matinée, jeudi 13 mars. Elle a été sculptée dans un bloc de marbre de 20 tonnes, minutieusement sélectionné : « du marbre blanc de Carrare, choisi dans une carrière en Italie pour ses qualités », informe la Ville de Lille. De cette base brute, la technique de la mise au point a permis de « passer du moulage en plâtre au marbre en reproduisant fidèlement la copie ». C’est un appareil avec des bras articulés et des rotules qui a alors posé des repères sur le bloc, à la manière d’un calque en 3D.
Les sculpteurs, ceux de l’Atelier des sculpteurs situés dans le Sud-Ouest de la France, ont ensuite pu dégrossir le bloc, et lui donner progressivement les contours de la dentelière à l’enfant. De 20 tonnes, on est ainsi passé à 4 tonnes, une fois le travail achevé. Fait cocasse : dans les dernières étapes, ce sont des « ciseaux de plus en plus fins » qui sont utilisés, « pour enlever peu de matière et entrer dans le détail ».
Il a au total fallu plus de 1 000 heures de travail pour faire renaître le P’tit Quinquin !
Retour sur son histoire : la statue est réalisée pour la première fois en 1902 par l’artiste roubaisien Eugène Depléchin. Elle représente une dentellière de taille humaine berçant son enfant sur ses genoux, et s’inspire directement de la berceuse « L’canchon dormoire » (« Chanson pour dormir »). Alexandre Desrousseaux la compose et la chante pour la première fois en 1853.
À travers cette berceuse, il décrit toute la pauvreté et la précarité du travail des dentellières, mais aussi la détermination de ces ouvrières pour survivre dans un monde masculin, avec un enfant. Le P’tit Quinquin est devenu l’hymne populaire de Lille, et ce depuis que les soldats nordistes l’entonnaient en partant pour la guerre franco-prussienne de 1870. La chanson est encore aujourd’hui sonnée par le carillon du beffroi de la Chambre de commerce et d’industrie de Lille.
Vous savez où vous rendre pour apprécier ce bout monumental de patrimoine local.
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