C’est un gaz méconnu qui serait présent dans 8 000 kilomètres de canalisations dans la Manche, selon les données du ministère de la Santé.
Le 1er mars 2025, nous rendions compte dans nos colonnes de la problématique liée au chlorure de vinyle monomère (CVM). À l’échelle de la France, les cinq départements normands figurent parmi les plus exposés.
De l’eau du robinet contaminée
Pour rappel, le CVM est une substance classée cancérogène certain pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 1987.
Ce produit chimique a été utilisé pour élaborer du PVC, lui-même utilisé pour fabriquer des canalisations d’eau potable qui ont été posées entre les années 1960 et 1980 dans toute la France. Lorsque ces tuyaux se dégradent, certains relâchent cette substance toxique qui aboutit dans l’eau de nos robinets. Les canalisations situées en bout de réseau et en zone rurale sont particulièrement touchées.
En janvier 2025, le chercheur Gaspard Lemaire* a publié les résultats de ses travaux sur le CVM en France, où il compile les jeux de données publiques qu’il a obtenues auprès de huit agences régionales de santé (ARS).
Plusieurs communes du Cotentin, que nous citions en exemple à partir des travaux de Gaspard Lemaire, faisaient l’objet de prélèvements supérieurs au seuil réglementaire de 0,5 microgramme de CVM par litre (retrouvez toutes les données concernant la Normandie à la fin de cet article ou en cliquant sur ce lien). Parmi elles : Valognes, avec 6,6 microgrammes de CVM par litre relevés le 14 septembre 2020 au point prélèvement « Achat d’eau Vaugoubert », qui correspond au Moulin de Beaumont.
La question s’est dès lors tout naturellement invitée au conseil municipal de Valognes le 31 mars 2025, par la voix de l’opposition :
Ces chiffres sont préoccupants. Quelle est la situation actuelle ? Quels moyens sont mis en œuvre pour réduire les risques de contamination de l’eau ?
Le maire, Jacques Coquelin, a apporté des éléments de réponse à la conseillère municipale, complétés ultérieurement à notre demande.
Sur le prélèvement du 14 septembre 2020
Il y a eu erreur !
« Cela n’a pas manqué d’alerter les élus, comme vous vous en doutez, confirme le maire. Une vérification a permis de relever que l’analyse réalisée en 2020 était erronée à la suite d’une mauvaise manipulation du laboratoire. Les services de la Communauté d’Agglomération du Cotentin (CAC), compétente en la matière, ont demandé une contre-analyse effectuée cette fois par l’ARS, dont les résultats se sont avérés normaux. »
Selon Jacques Coquelin, cette « contre-analyse » de vérification de ce prélèvement a été réalisée le 28 septembre 2020. Le résultat était alors de 0,23 microgramme de CVM par litre.
Sur les actions mises en œuvre
Deux secteurs de Valognes font l’objet d’attentions particulières.
« Il a été décidé de remplacer le PVC du secteur du Haut Castelet Sud par des tuyaux en PEHD, un matériau sans risque », indique le maire. Il ajoute que ces travaux se sont achevés le 29 novembre 2023 et qu’une « contre-analyse » y a été effectuée le 5 décembre 2023, révélant un taux inférieur au seuil réglementaire, tout comme le prélèvement suivant en date du 10 septembre 2024.
Lors du conseil municipal, Jacques Coquelin a également fait savoir que des travaux identiques étaient programmés dans le secteur du Moulin de Beaumont («Achat d’eau Vaugoubert » dans l’étude de Gaspard Lemaire).
« Dans l’attente de leur réalisation, des purges automatiques interviennent tous les jours, ajoute-t-il. Cette action est en effet nécessaire pour éviter la contamination de l’eau. »
Bien que ce moulin ne soit pas habité, des purges journalières sont réalisées puisque ce gaz est très volatil. L’ARS ne fait plus effectuer de contrôles sur ce point mais à la maison du garde du château de Beaumont, les résultats sont bons.
Sur les prélèvements supérieurs
L’étude de Gaspard Lemaire fait apparaître trois points de prélèvements : La Croix-des-Faulx (non concerné par le CVM, « le réseau d’eau étant récent », précise le maire), Castelet (Haut Castelet Sud, travaux de remplacement des canalisations achevés) et Moulin de Beaumont (Achat d’eau Vaugoubert, travaux de remplacement des canalisations programmés), non habité.
Il apparaît dès lors logique de voir encore un taux de 0,97 microgramme de CVM par litre au Moulin de Beaumont en date du 5 décembre 2023, ainsi qu’un taux de 6,8 microgrammes de CVM par litre au Haut Castelet Sud le 11 octobre 2023, soit avant le remplacement des canalisations.
Les prélèvements qui ont été effectués dans ces trois secteurs de Valognes jusqu’au 10 septembre 2024 ne font pas apparaître d’anomalies.
« Ces vérifications permettent de rassurer la population et d’affirmer que l’eau du robinet est parfaitement saine sur notre territoire », conclut le maire.
*Doctorant à l’Université d’Angers, enseigne le droit de l’environnement à Sciences Po.
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