En octobre dernier, le petit club de foot de l’US Kérity à Paimpol (Côtes-d’Armor) s’était ému, par la voix d’un de ses piliers, Gérard Gatineau, des difficultés d’obtention d’une licence pour le jeune Dramane, mineur isolé pourtant scolarisé au lycée public de la ville.
Le dossier d’inscription, après plusieurs allers-retours, à la Ligue s’était soldé par un blocage dû à l’absence de statut de réfugié ou de l’ouverture d’une Tutelle d’État par le Tribunal. En conséquence, Dramane n’a pas pu jouer en club cette année.
Statu quo
Quelques mois plus tard, le mercredi 19 mars, Gérard Gatineau a été reçu par les représentants de la Ligue de Bretagne de football, accompagné du Paimpolais Hervé Madoré, une des personnes hébergeant Dramane.
Mais la rencontre s’est achevée sur un statu quo, la ligue reconnaissant son impuissance à aller contre les exigences des fédérations supérieures. Rien n’a donc avancé sur le fond.
La Ligue, quelle que soit sa bonne volonté, se retrouve coincée dans un jeu pas du tout adapté.
En l’occurrence, le président de la Ligue Rémy Moulin et son directeur Olivier Durand ont expliqué que la décision réservée aux mineurs étrangers émanait du règlement de la FIFA, la fédération internationale de foot.
Empêcher le trafic de jeunes joueurs
Cette dernière entend par ces exigences empêcher, sinon limiter, le trafic de jeunes recrutés à l’étranger par des agents ou directeurs de grands clubs peu scrupuleux. Ces jeunes se retrouvent ensuite parfois dans des situations « honteuses », sans engagement réel dans un club, et totalement abandonnés en pays étranger.
Mais c’est un paradoxe qu’en France, au niveau plus local et départemental, les victimes de ces règles strictes soient aussi des jeunes qui ne pourront jouer de leur passion en club…
Le Ligue de Bretagne se voit imposer ce statu quo par la fédération nationale qui elle-même se voit imposer ces règles par la FIFA.
Des règles inappropriées au local
« À mon grand étonnement, je trouve cela flatteur que la fédération internationale s’intéresse à l’US Kérity, ironise Hervé Madoré. Mais ces règles valent pour les clubs nationaux de Ligue 1 ou 2 ; elles sont inappropriées et inacceptables pour des petits clubs en France. »
Le plus inquiétant est que la FIFA aille, par sa décision, à l’encontre du droit des mineurs isolés en France. Un droit qui doit être équivalent à ceux des enfants français, comme la scolarisation :
C’est un vrai conflit de droit et il serait bien que la FIFA revoie son règlement et ne l’applique qu’aux divisions supérieures.
« Le foot dont personne ne parle »
À Paimpol, « deux autres jeunes isolés aimeraient jouer au Stade Paimpolais FC et se retrouvent dans la même situation », informe Gérard Gatineau. Et le problème concerne sans doute quelques autres clubs locaux en Bretagne ou ailleurs. « C’est le foot dont personne ne parle, souligne Hervé Madoré, celui qui forme un maillage incroyable dans chaque commune. Et là, on lui interdit de rassembler et de créer des échanges alors que c’est son rôle principal. C’est l’apport même de la vie associative : aider les jeunes à avoir des contacts sociaux, à grandir et à s’intégrer à la société. »
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