Kévin Mauvieux a lancé un pavé dans la mare ce lundi 10 mars en séance de Communauté de communes Pont-Audemer/Val de Risle. Après l’exposé du rapport d’orientation budgétaire, le député a demandé la parole pour obtenir une clarification à propos de Jérémy Roseau, le directeur général des services (DGS), qui dirige l’administration de la collectivité.
Un directeur qui a plusieurs casquettes
C’est que Jérémy Roseau a plusieurs casquettes, plusieurs fonctions qui demandent de la disponibilité. Il partage son poste de DGS entre la comcom et la commune de Pont-Audemer. Mais ce n’est pas tout, depuis le 12 septembre 2024, il est président de la Communauté de communes Terre d’Auge dans le Calvados, une intercommunalité de près de 20 000 habitants (plus petite que celle de Pont-Audemer qui affiche près de 32 000 habitants). Il assure en outre le mandat d’adjoint aux finances de la commune de Pont-l’Évêque.
Est-ce qu’il est vraiment possible, réellement possible de cumuler la présidence d’une communauté de communes avec son poste actuel ?
Il félicite au passage Jérémy Roseau pour son mandat de président.
Le parlementaire indique qu’il aimerait en savoir plus. Y a-t-il un aménagement pour travailler deux à trois journées dans la semaine ? Y a-t-il une voiture de fonction ?
Un poste mutualisé avec Pont-Audemer
La question a froissé Francis Courel, qui s’est indigné. « C’est une attaque en règle… Je la perçois comme cela. » La fonction de Directeur général des services est mutualisée avec la ville de Pont-Audemer, explique le maire de Saint-Philbert-sur-Risle. Jérémy Roseau travaille donc pour 40 % de son emploi du temps pour la Ville et les 60 % restants dans l’administration intercommunale. Et le président de rappeler que Jérémy Roseau n’est pas un débutant qui découvre la fonction. La position du DGS n’a d’ailleurs pas toujours été confortable, selon Francis Courel.
« Pendant les années 2019, 2020, 2021, 2022 et 2023, Jérémy Roseau a tenu seul l’administration des deux collectivités. Il réclamait à hue et à dia un Directeur général adjoint que mon prédécesseur [Michel Leroux, N.D.L.R] ne voulait pas recruter et qu’on a enfin recruté. »
Le Directeur général adjoint en question est Laetitia Boisaubert, en poste depuis 2024. « Elle ne manque pas de travail non plus puisqu’à eux deux, ils sont débordés et ils maintiennent la boutique ! », martèle Francis Courel.
« Merci Jérémy d’avoir tenu ces deux collectivités pendant ces quatre années où l’on manquait de personnel qualifié, compétent. On n’avait pas de responsable portefeuille au niveau des ressources humaines. Et tu as eu les mains dans le cambouis tous les jours ! »
« Le travail est fait ! »
Sur le plan légal, rien ne s’oppose à ce que le DGS soit aussi président d’une autre communauté de communes, « Il n’y a pas d’incompatibilité, c’est autorisé par la loi. Maintenant, [la question], c’est de savoir si ça fait le taff ? Il a des amplitudes horaires qui dépassent celles de beaucoup de gens. Moi, Jérémy, il m’envoie des mails à 6 h du matin et à minuit. Donc, ça veut dire que quand il est là, ses journées sont pleines », fait valoir Francis Courel. « Donc, en dépit de sa double fonction, le travail est fait, et je lui fais entièrement confiance, en ce qui me concerne. »
La réponse n’a visiblement pas satisfait Kévin Mauvieux qui s’est étonné que sa demande soit mal reçue. « Je note que j’ai demandé comment était aménagé le contrat de M. Roseau compte tenu de ses fonctions, sans agressivité et pour rendre compte de l’usage des deniers publics. Et j’ai eu une réponse emportée et ne contenant pas la réponse à la demande initiale. Rien sur la voiture de fonction, les indemnités… »
« C’est populiste »
Interrogé en marge du conseil communautaire, Francis Courel a précisé que Jérémy Roseau était passé de 39 à 35 heures. Des horaires formalisés dans son contrat mais indicatifs dans la mesure où le DGS travaillerait plutôt 60 heures la semaine. « Hier dimanche, j’ai encore reçu dix mails », insiste le maire de Saint-Philbert-sur-Risle pour illustrer son propos. En outre, le conseiller départemental s’offusque que le député soulève une question sur la voiture de fonction. « C’est populiste », balaie Francis Courel. Objet du débat, Jérémy Roseau indique pour sa part qu’il ne souhaite pas rentrer dans la polémique et laisse cette question dans le champ du politique.
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