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Isabelle Perrein, « une coureuse de fond » prête pour les Municipales

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Encore inconnue il y a un peu plus d’un an, Isabelle Perrein est partie très tôt à la conquête de la mairie de Montpellier pour combler ce handicap. Présente avec son équipe sur le terrain et très active sur les réseaux sociaux en tirant à boulets rouges sur Michaël Delafosse tout en esquissant son programme, la Montpelliéraine d’adoption, mère de deux enfants, notaire de 54 ans, sait où elle va et de quelle manière elle veut y parvenir. Les futurs candidats sont prévenus, Isabelle Perrein est dans la course. Elle n’attend plus qu’eux.

En septembre 2023 vous présentiez votre association Alerte Montpellier en vue des municipales. Diriez-vous que vous êtes désormais bien installée dans le paysage montpelliérain ?

Je dirais que l’installation se construit de jour en jour. Ce qui est quand même vrai, c’est qu’un sondage, fait par Les Républicains en décembre sur quelques villes de France pour tester les candidats, fait ressortir que je n’avais que 15% de notoriété mais 20% d’intention de vote et que 70% des personnes qui me rencontrent veulent voter pour moi. Cela veut donc dire que nous sommes sur le terrain, très motivés et nous avons pas mal d’adhérents.  Nous sommes aujourd’hui à 500 adhérents et notre objectif est d’atteindre les 1 000 d’ici septembre. Là on pourra dire que je suis connue par tous les Montpelliérains.

Vous n’aviez jamais eu d’engagement politique. Pourquoi maintenant ?

Cet engagement est né de constats. Effectivement, je n’avais jamais eu d’engagement politique, je n’ai jamais été encartée dans un parti. Les années passant, j’ai fait des constats de saccage de la ville, de saccage de nos vies. J’ai beaucoup critiqué et à un moment je me suis dit qu’il fallait être responsable, être une citoyenne responsable, et que l’on ne pouvait être responsable que lorsque l’on s’engage. Critiquer c’est facile, s’engager c’est beaucoup plus compliqué. Le sens de mon engagement est que je veux absolument que cela change à Montpellier et je ne veux pas avoir de regrets. Le seul moyen de ne pas en avoir est de faire tout ce qui est en son possible pour faire changer les choses.

Vous avez l’association, une équipe, vous communiquez beaucoup… Une campagne coûte chère. Comment avez-vous construit tout cela ?

Aujourd’hui nous ne sommes pas en campagne. Nous sommes une association membre de la société civile. Vous avez chez nous tous les horizons politiques, de la gauche et de la droite comme du centre. Ce qui compte pour moi c’est l’envie de faire pour cette ville. Et l’envie de bien faire, sans dogme et sans tabou. Quand vous construisez une équipe comme la nôtre, vous construisez une équipe avec des compétences, car on vient tous d’univers professionnels différents, que l’on met aujourd’hui au profit et au service de notre démarche. Effectivement nous faisons beaucoup de choses, nous communiquons beaucoup mais chacun amène sa pierre à l’édifice grâce à l’expérience qu’il a.

Sans parler de parti politique, où vous situez-vous sur l’échiquier politique ?

Je pense que pour gérer une ville, vous n’avez pas besoin d’être à droite ou à gauche. Aujourd’hui, je ne sais pas me situer sur l’échiquier politique pour deux raisons. Quand vous regardez ce qu’il se passe, que ce soit au niveau national ou local, je ne pense pas que nos politiques donnent une bonne image de ce qu’est la politique. Pour moi, la politique c’est s’occuper de la cité et de ses habitants. Mais si vous voulez que je parle de moi, je dirais que je suis une libérale et une humaniste. Vous le verrez quand on rentrera dans les détails du programme, ce qui est trop tôt aujourd’hui, que personne n’est oublié. Il y a de vraies intentions libérales mais aussi beaucoup d’intentions humanistes.

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Vous n’avez pas de parti par contre vous avez des ralliements. Est-ce que l’objectif est de limiter les candidatures au centre et à droite pour incarner seule cette option ?

Pour gagner cette ville, il faudra que l’on soit tous unis mais pas uniquement les gens de droite. Si on ne veut plus de l’équipe qui est en place et si on ne veut pas de La France Insoumise, il faudra que tout le monde arrive à faire corps pour les faire partir et faire en sorte qu’ils ne reviennent jamais.

Vous avez rencontré Mohed Altrad. Quelle a été la nature de cet échange ?

Cela reste des échanges comme j’ai pu en avoir avec d’autres personnes. Rien de plus, rien de moins.

Vous avez dit qu’il était trop tôt pour rentrer dans les détails du programme. Comment sera-t-il élaboré justement ?

Cela fait déjà bientôt deux ans que l’on travaille. Une cinquante de personnes ont bossé sur le sujet. Toutes les grandes lignes ont été arrêtées et on va s’appuyer sur des piliers essentiels sur lesquels nous communiquons aujourd’hui. Il est essentiel de remettre de l’ordre en matière de sécurité. Tout comme en matière de circulation et de mobilités au sens large du terme. Je ne suis pas tout bagnole ou tout vélo, je suis pour un équilibre avec des choses qui ont du sens et pour que les Montpelliérains puissent facilement se déplacer quel que soit le mode de transport qu’ils prennent. Il y a ensuite la propreté car un espace public propre est un espace public dans lequel on prend plaisir à se déplacer, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le quatrième pilier, sans lequel on ne pourra rien construire d’autre, c’est l’économie. Pas de programme économique, pas d’ascenseur social, pas de programme pédagogique, pas de possibilité de développer la culture ou d’accompagner les clubs sportifs. Pour moi, l’économie est essentielle, c’est pourquoi on doit créer un terreau favorable pour nos entreprises avec une ville qui devient apaisé pour que son économie puisse se développer. Et il faut surtout être à l’écoute de tous les chefs d’entreprise pour voir quelles sont leurs problématiques et comment on peut les accompagner dans le règlement de ces problématiques.

Le constat que vous faites du mandat de Michaël Delafosse c’est un déclassement de Montpellier.

C’est clairement un déclassement je vous le confirme. Montpellier était la surdouée, elle est maintenant dans les ténèbres.

Beaucoup de candidats risquent de développer les mêmes priorités que vous, comment allez-vous vous démarquer ?

Je me démarquerai certainement sur les sujets sur lesquels on m’attend le moins et en particulier l’éducation. Sans un programme éducatif fort vous ne construirez pas la société de demain et une société va bien quand ses enfants sont bien éduqués. C’est quelque chose en quoi je crois profondément. Après, tout le monde peut parler de sécurité mais tout le monde n’est pas capable de le faire correctement et tout le monde n’aura pas le courage de le faire correctement. Nous, nous aurons un programme sécuritaire qui aura du sens et sera mis en application. Il n’y aura pas de dogme et on assumera jusqu’au bout. Les Montpelliérains peuvent nous faire confiance, on rétablira l’ordre.

Vous réagissez beaucoup aux faits-divers sur les réseaux sociaux en mettant en cause le maire. Mais en quoi est-il responsable d’une agression dans la rue et qu’est-ce qui vous fait dire, si vous devenez maire, que vous pourrez les empêcher ?

Déjà, il faut regarder ce qu’il se passe, quels sont les moyens nationaux et comment est équipée aujourd’hui la police municipale. On a deux fois moins de policiers que la moyenne nationale donc on a deux fois moins de policiers dans les rues et on est moins dissuasif. Si vous avez plus de policiers, les agresseurs vont y réfléchir à deux fois. C’est une évidence. Ensuite, on a un système de vidéosurveillance obsolète avec un tiers des caméras qui ne marchent pas et huit écrans pour plus de 360 caméras. Quand vous avez le nombre de policiers suffisant et le nombre de caméras suffisant, avec des personnes en nombre suffisant devant les écrans pour les regarder 7j/7, 24h/24, et que vous avez des sachants en matière de sécurité et pas des gens qui se sont improvisés, déjà vous sécurisez beaucoup mieux votre ville. De plus, quand vous avez un programme auprès des jeunes, que vous les accompagnez, que vous ne les lâchez pas, que ce soit les enfants à l’école primaire ou les ados, vous avez plus de chance d’avoir moins de problèmes en matière de sécurité. Quand vous prenez les arrêtés qu’il faut pour être dissuasif, quand vous faites votre boulot de police municipale sur la voie publique pour la sécuriser afin qu’il n’y ait pas des trottinettes et des vélos partout ou pour que les gens ne se croient pas tout permis dans le tram cela va faire descendre nettement tous les problèmes de sécurité.

Sur les mobilités, est-ce que cela se résume à déconstruire ce qu’à fait Michaël Delafosse ? Souhaitez-vous remettre en cause la gratuité des transports, revoir le plan de circulation ou rouvrir le tunnel de la Comédie par exemple ?

Sachez que je ne déconstruis pas pour le plaisir de déconstruire. Quand cela a du sens, il n’y aucune raison de déconstruire. Par contre, quand cela n’en n’a pas, je prends les bonnes décisions. Et les bonnes décisions, pour moi, ce n’est pas ce qui me plait ou ce que je pense, mais c’est ce qu’il faut pour que cette ville aille bien et pour répondre aux besoins des citoyens. Mon engagement est un engagement pour la ville et pour défendre l’intérêt général. Des boulevards ont été fermés et vous vous retrouvez sur l’avenue de la Liberté, par exemple, avec 3 000 véhicules par heure et aucun vélo. Je ne pense pas que cela ait beaucoup de sens et en matière de pollution et d’écologie, on ne va pas faire un débat longtemps, je ne pense pas que ce soit très vertueux. Regardez les quatre boulevards, on est à plus de 17 000 véhicules et 900 bus par jour, c’est à dire que l’on a rapproché le boulevard périphérique du centre-ville. Cela n’a aucun sens et ce n’est pas ce qui est préconisé aujourd’hui en matière d’aménagement. Quand à la gratuité des transports, déjà ce n’est pas gratuit, il y a quelqu’un qui paye à la fin. Ensuite, quand c’est gratuit, vous n’avez pas les moyens d’entretenir et à termes cela va coûter beaucoup plus cher car vous allez faire durer votre matériel le plus longtemps possible. On parlait de 42M€/an, on aura bientôt la 5e ligne de tram à laquelle on ajoute une demi-ligne de bustram. Cela veut dire que c’est 42M€ vont devenir 50, 55, 60M€. Cette gratuité a des conséquences avec des quartiers moins bien desservis, une baisse des amplitudes horaires, des problèmes sur les cadences et nous n’avons pas maillé correctement notre territoire. L’ambition était d’avoir cinq lignes de bus à haut niveau de service, on se retrouve avec une demi-ligne. On voit bien que la gratuité a ses limites. Pour moi, la gratuité est une inégalité du citoyen devant le service public. Personnellement, je ne prends pas les transports en commun, je fais tout à pied, pourquoi je paierai ma piscine ou le musée Fabre ? Les impôts sont destinés à mettre en place les éléments nécessaires aux équipements publics, ils ne sont aucunement destinés à permettre l’usage des équipements publics. L’usage doit être payant. Et un usage payant, c’est peut-être une meilleure police municipale, une ville plus propre, une amplitude horaire plus importante des trams, des quartiers mieux desservis et donc plus de Montpelliérains qui prennent les transports en commun et moins de voitures sur nos routes.

Vous vous êtes positionnée très tôt contre les ZFE. Sa suspension à Montpellier et sa possible abrogation à l’Assemblée nationale, est-elle une première victoire pour vous ?

Oui c’est une première victoire mais c’est surtout la victoire de la politique du bon sens. De l’écologie oui, de la punition et du dogmatisme non. On ne va pas punir les gens qui ne changent pas de véhicule et on ne va pas les empêcher de se déplacer, ce sont des gens qui sont déjà en difficulté. Pour moi la ZFE, c’est avant-tout de l’injustice sociale et de l’injustice territoriale, ce n’est aucunement de l’écologie. La personne qui roule avec un véhicule classé entre les Crit’Air 3 et 5, elle ne le fait certainement pas par plaisir. Peut-être qu’elle aimerait avoir une jolie voiture tout neuve mais n’a pas les moyens de se la payer. Elle galère déjà dans son quotidien et là, en créant la ZFE, on lui rajoute une couche. Pour peu qu’elle soit dans un village mal desservi par les transports en commun c’est encore une galère de plus. C’est inadmissible.

Sur la propreté, on le voit depuis des années, c’est un sujet très compliqué à mettre en place. De quelle manière allez-vous l’aborder ?

Je ne pense pas que ce soit un sujet plus compliqué qu’un autre. Selon où je vais dans notre pays, les villes sont propres. Et même certaines villes du Sud sont très propres donc ce n’est pas parce qu’on est dans le Sud qu’on est plus sale qu’ailleurs. J’étais dernièrement en Bretagne, tout est propre.

Donc ce serait un problème d’organisation ici ?

C’est un problème d’organisation, peut-être aussi d’éducation de la population, et c’est un problème de politique et de volonté municipale. Mais c’est toujours pareil, moins vous avez d’agents sur la voie publique pour regarder ce qu’il se passe et sanctionner, plus vous avez d’incivilités.

Vous avez une attention particulière sur l’Écusson à travers les commerçants mais quel regard portez-vous sur les autre quartiers ?

Tous les quartiers m’intéressent. Une ville, c’est fait d’un tout. Montpellier est une ville qui a une forte identité qu’il faut préserver. Il faut que l’on soit fier de notre ville, que l’on est tous envie d’appartenir à cette ville. Pour cela il faut que l’on est tous le sentiment que l’on s’occupe de nous, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Suivant les quartiers où vous vous déplacez, vous sentez bien que ce sont des quartiers abandonnés. Alors oui il y a des travaux pharaoniques à La Paillade mais cela fait 50 ans que l’on répète les mêmes erreurs c’est à dire que régulièrement on se réveille, on pose un chèque de 50M€, on fait une petite rénovation urbaine et on s’en va sans s’occuper des gens. Si vous ne vous occupez pas des gens, si vous n’êtes pas là pour éduquer, mettre de la culture, faire du sport, si vous n’entretenez pas les rues… cela ne peut pas marcher. C’est un tout. Pour que cela marche, il ne faut pas uniquement faire un chèque, il faut s’occuper des gens.

Pour l’instant, vous êtes la seule candidate réellement déclarée. Vous menez donc votre campagne sans vraiment d’adversaire direct, êtes-vous impatiente que cela commence ?

Chaque chose en son temps, je suis une coureuse de fond. J’ai un objectif et je ne lâcherai pas mon objectif. Je serai constante jusqu’au bout. Nous allons progressivement monter en puissance. Plus nous allons nous approcher de l’échéance, plus nous allons dévoiler des mesures de notre programme, plus on fera mouche et plus on parlera de nous.

Lors des précédentes municipales, il s’est passé plusieurs épisodes improbables. Quelles sont vos limites dans les alliances ?

Déjà, j’ai pour ambition de vous dire que je ne ferai alliance avec personne, ce sont les personnes qui feront alliance avec moi. Ce n’est pas la même chose. Après, je ne ferai jamais alliance avec des gens qui sont là pour déconstruire nos valeurs républicaines et je ne ferai jamais alliance avec des gens qui ont fait alliance avec eux. Tout ceux qui ont déjà fait alliance avec LFI, et LFI bien sûr, il n’est pas question que je fasse d’alliance avec ces gens-là.

Pour terminer, comment va s’articuler la suite de votre campagne ?

Comme je vous l’ai dit notre objectif est d’arriver à 1 000 militants en septembre. Nous sommes actuellement sur la stratégie de terrain. Le programme est construit et va s’affiner au fur et à mesure des échanges que j’ai avec les Montpelliérains. Encore le week-end dernier en échangeant avec des commerçants dans les halles, une dame m’a soufflé une excellente idée que l’on mettra dans le programme. Donc ces échanges sont très importants et fructueux. Nos équipes sont sur le terrain, maillent tous les quartiers, font du porte à porte, de l’affichage… Nous allons très régulièrement sur les marchés au contact de la population et, personnellement, cela fait 18 mois que trois fois par semaine je rencontre des Montpelliérains. Et désormais le week-end en plus. Nous faisons des réunions avec de plus en plus de personnes. Nous allons monter en puissance.



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