Battu par Christèle Castelein lors de l’élection à la présidence de l’Agglomération du Cotentin jeudi 13 mars 2025 à Valognes (Manche), commune dont il est maire, Jacques Coquelin est revenu sur cette défaite.
Un peu plus de quinze jours après votre défaite face à Christèle Castelein pour la présidence de l’Agglomération du Cotentin, êtes-vous remis de vos émotions ?
(Sourire) Vous savez, on se remet d’une déconvenue électorale, et par ailleurs je ne voudrais pas faire pleurer dans les chaumières ! En revanche, j’ai beaucoup plus de mal à me remettre du manque de loyauté, pour ne pas dire de la trahison de certains élus. Je n’ai pas très bien vécu les quelques jours d’intérim (en tant que premier vice-président de l’Agglomération, Jacques Coquelin devait assurer de fait la présidence en remplacement de David Margueritte en attendant l’élection du 13 mars 2025, NDLR). Quand le mardi on vous tape sur l’épaule et que le vendredi on signe une tribune pour soutenir quelqu’un d’autre, cela ne fait pas plaisir. Je dois reconnaître que j’ai beaucoup appris sur la nature humaine et sur le manque de franchise. Mais il y a aussi des élus qui ont fait preuve d’une correction exemplaire. Je veux citer les élus de Cherbourg, Benoît Arrivé en tête, et ceux de La Hague, notamment Manuela Mahier.
« Il était naturel que je me pose en candidat pour l’année qui restait »
Certains vous ont reproché d’avoir annoncé votre candidature trop tôt, à peine David Margueritte avait-il officialisé sa démission de la présidence de l’Agglomération pour cause de départ au Sénat…
Je veux bien. Mais comme dans toute collectivité, quand le président ou le maire part, c’est le premier vice-président ou le premier-adjoint qui assure l’intérim. Pour moi, il était naturel que je me pose en candidat pour l’année qui restait (avant la fin du mandat). J’ai donc dit : je suis prêt ! Je l’ai fait avec d’autant plus de liberté que mon objectif ne sera pas de me présenter à la présidence de l’Agglomération en 2026. Je serai candidat à Valognes. Celui de maire est le mandat que j’apprécie le plus.
Finalement, vous n’avez pas forcément été surpris du résultat du 13 mars 2025 ?
En effet, je n’ai pas été si surpris compte tenu ce que je vous ai dit précédemment. Et je l’ai même été, d’une certaine manière, dans le bon sens, puisque seulement 5 points nous ont séparés Christèle Castelein et moi.
Quand la politique s’invite…
Vu de l’extérieur, on a bel et bien l’impression que la politique s’est invitée dans cette séquence…
Je ne vous le fais pas dire ! Si tout ça n’est pas politique et qu’il n’y a pas eu opposition entre le pôle urbain et le pôle rural, qu’est-ce que c’est alors ??? Je pense que personne n’est dupe de ce qui s’est passé. Cela peut laisser des traces. Il faudrait faire attention à ne pas mettre notre territoire en difficulté pour des ambitions personnelles [… ].
À ce stade, je voudrais rappeler que nous avons créé cette agglomération pour faire en sorte que la richesse du Cotentin puisse être répartie équitablement sur l’ensemble du territoire. C’est la raison pour laquelle, dès 2017 (la communauté d’agglomération n’est pas née en 2020 !), avec Jean-Louis Valentin, la DSC (dotation de solidarité communautaire, NDLR) et les fonds de concours ont été mis en place. D’ailleurs, quelles sont les richesses de l’Agglomération ? Ce sont bien les ressources fiscales ! Et qui les apporte en partie ? Cherbourg-en-Cotentin, la Hague et Valognes ! Ce sont bien ces richesses qui permettent aux communes rurales d’avoir des dotations, et c’est une très bonne chose, mais prétendre que ces trois pôles auraient des intérêts hégémoniques sur l’ensemble du territoire est une hérésie. De même que quand certains m’ont accusé d’avoir asséché la DETR (dotation d’équipement des territoires ruraux) du département de la Manche au profit de Valognes. Quel mensonge ! [… ]
Une continuité active
Et vos relations avec Christèle Castelein, la nouvelle présidente, où en sont-elles avec tout cela ?
Je voudrais juste rappeler que c’est moi qui lui ai proposé en 2015 de se lancer aux élections départementales. Puis il y a eu celles de 2021… Elle a décidé de se présenter contre moi pour l’Agglomération, poussée par d’autres, je prends acte. Mais il n’est évidemment pas question que je reforme un jour un binôme avec madame Castelein !
Vous êtes toujours vice-président de l’Agglomération, avec de gros dossiers auxquels vous devez continuer à vous atteler…
Ce qui m’intéresse, vraiment, c’est notre territoire. Il est en plein développement et nous avons des dossiers importants tels que l’Aval du futur, le projet d’Orano qui nous a d’ailleurs été exposé juste avant le conseil d’agglomération du jeudi 27 mars 2025. Un conseil au cours duquel, au passage, nous avons pris la bonne décision de créer une agence d’urbanisme qu’il faudrait d’ailleurs plutôt nommer agence de développement, et qui me rappelle la DATAR sous le général de Gaulle…
Je vais particulièrement me consacrer, comme les mois précédents, au sujet qui me passionne et qui est ô combien important pour le Cotentin : la politique de santé. Nous avons déjà bien travaillé avec Ralph Lejamtel [… ].
L’objectif pour nous tous est certes d’assurer la continuité du mandat jusqu’aux élections municipales de 2026, mais de façon active. On ne peut pas se contenter de paroles et de discours.
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