Ne pas oublier et faire perdurer la mémoire de Jacques Roseau, froidement et lâchement assassiné par balles en 1993 à Montpellier. Trente-deux ans après et comme chaque année, une cérémonie s’est déroulée devant la stèle érigée à l’endroit où celui qu’on surnommait « Mr Pied Noir » est tombé sous les balles de trois papys nostalgiques de l’OAS, une organisation terroriste clandestine proche de l’extrême-droite, condamnés par la justice à l’époque.
C’était le 5 mars 1993 vers 20h30, dans la rue du Mas de Lemasson, au niveau du stade Sabathé et du parc Tastavin, dans le quartier du Mas Drevon : Jacques Roseau, 55 ans, porte-parole de la Confédération des rapatriés Recours-France venait de quitter la Maison des Rapatriés toute proche, sans se doute qu’un guet-apens allait lui être tendu dans l’obscurité, au moment où il grimpait dans sa voiture. Bien sûr qu’il était menacé de mort, que sa vie était en danger, mais il ne cédait jamais à la peur. Ce soir-là, la secrétaire du Recours France qui l’accompagnait avait été épargnée.
Chant des Africains et La Marseillaise
Ce mercredi 5 mars 2025 à 11h, la stèle a été fleurie en présence de la famille, de son meilleur ami, Jean Fauque, du conseiller départemental Jean Almarcha, de l’élue du quartier Nicole Marin-Khoury, d’Hélène Mandroux, ancienne maire de la ville, de responsables d’associations de rapatriés et de harkis, après un discours d’hommage, une minute de silence et avant les hymnes du Chant des Africains qui attisait la haine des terroristes et des partisans de l’OAS et de La Marseillaise.
Représentant le maire, son adjointe Mylvia Houguet a rappelé que, « Jacques Roseau était une figure emblématique de notre pays que la haine a voulu faire taire. Il reste vivant dans nos mémoires grâce aux valeurs qu’il a toujours défendues avec force, obtenant des avancées majeures pour les pieds noirs et les harkis, il se battait pour une certaine idée de la France, pour ses enfants, ce qui avait valu des rancoeurs violentes. Avec son assassinat ».
Des anciens policiers présents
Ce mardi matin, une délégation de la Sepia était présente et les membres de cette association, tous anciens policiers, ont entonné le Chant des Africains et La Marseillaise. Alain Aquilina, retraité de la police nationale qui fut longtemps en poste à l’état-major du commissariat de Montpellier expliquait que, « le 5 mars 1993, deux policiers honoraires de terrain qui sont là pour cet hommage émouvant ont été les premiers à arriver sur place, moins d’une demi-heure après l’appel aux 17, dont un qui était un des responsables à la brigade de surveillance nocturne, l’ex-BSN, devenue la Bac. Ils n’oublient pas ».
La Sepia est une association créée en 1953 à Alger par des pieds noirs bons vivants, amateurs de bons mets, comme l’était Jacques Roseau. « À Alger, à l’heure de l’anisette, ces amis allaient à la pêcherie, l’équivalent de nos halles pour déguster notamment de la friture de seiche. Dans l’organisation de la Sepia regroupant de nombreuses associations et qui se perpétue depuis soixante-et-dix ans, il y a le grand calamar et le calamar ! Dans l’Hérault, il ya des sections, dont celle de Sète, une ville portuaire où la pêche est reine. Le Sepia sétois est un club de copains gourmets et gourmands ayant de l’humour et de l’amour pour la Méditerranée. Il mettent l’ambiance lors de nos agapes et autres actions, mais nous restons très discrets », révèle Alain Aquilina, qui précise que, « la Sepia est apolitique ».
Ces anciens policiers ont longuement échangé avec la famille de Jacques Roseau, devant la stèle où trois gerbes ont été déposées. À Montpellier, le souvenir de « M. Pied Noir » perdure.
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