Samira* est aux aguets. « Je voudrais qu’on lui pose un bracelet anti-rapprochement », a-t-elle demandé à la barre du tribunal judiciaire d’Évry-Courcouronnes lors de l’audience correctionnelle du jeudi 20 février. Ses cheveux longs cheveux retenus par un bandeau noir assorti à sa tenue élégante, elle décrit en détails cette pression quotidienne qu’elle a dû endurer pendant des semaines, quand le père de sa fille a découvert qu’elle avait débuté une nouvelle histoire d’amour.
« Je me suis aperçu que je l’aimais encore »
Longtemps, elle l’a soutenu depuis leur rencontre, il y a une dizaine d’années, même quand il a été incarcéré pendant deux ans à la suite de sa condamnation pour son implication dans un trafic de stupéfiants. Depuis deux ans, ils se sont séparés sans anicroche. Ils ont organisé ensemble la garde de leur enfant de leur propre chef.
« C’est un bon père », explique la jeune femme maquillée de près. Mais tout a dérapé au mois de septembre 2024. Malik* apprend qu’un homme est entré dans la vie de Samira. Et ça il ne le supporte pas. « Je me suis aperçu que je l’aimais encore », reconnaît l’homme de 36 ans.
Alors qu’il est en vacances au Maroc, il lui adresse une drôle de déclaration d’amour, en l’appelant sans cesse et en multipliant les messages malveillants, comme en lui adressant une capture d’écran de la définition du crime passionnel.
24 mois d’emprisonnement
De retour de voyage, le prévenu passe à l’étape suivante. Dès sa sortie de l’avion, il se présente à l’école de sa fille et l’embarque sans prévenir son ex-compagne. Samira affolée enclenche une discussion sur un parking adjacent. La situation s’envenime, Malik lui crache au visage, lance un mégot de cigarette dans sa direction. « Je vais te l’écraser dans l’œil », la menace-t-il devant témoins.
Une première plainte est déposée. Samir est convoqué devant la justice une première fois. Une interdiction stricte de contact lui est signifiée. Mais cela n’arrête absolument pas. Il se présente dès l’aube à son appartement, emboîte ses pas dans le parking souterrain à peine éclairé de sa résidence à Grigny, l’a suit en voiture sur le chemin de l’école, bloquant au passage la circulation.
« Il n’arrêtait pas de m’appeler jour et nuit », confie la jeune femme aux bords des larmes. Au mois de décembre, elle dépose une nouvelle plainte tandis que le père de sa fille est à nouveau en voyage au Maroc d’où il ne cesse de l’importuner. Il sera alors interpellé par la Police de l’Air et des Frontières à son retour et placé en détention provisoire.
Dans son box, jeudi 20 février, pris dans les mailles du filet de son comportement douteux, Malik laisse échapper des regards glaçants en direction de Samira. Le Procureur de la république a stigmatisé sa reconnaissance des faits en demi-teinte en réclamant au tribunal, qu’il soit isolé de la société. A l’issue du délibéré, il a condamné à 24 mois de prison ferme, assortis d’un sursis de 12 mois. Il est interdit de tout contact avec sa victime pendant deux ans, comme de se rendre dans l’Essonne à l’issue de sa libération.
* Les prénoms ont été changés.
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