Dès l’ouverture des débats au tribunal judiciaire d’Alençon (Orne), le président a rappelé au prévenu qu’il ne devait sa présence en audience correctionnelle qu’à l’indulgence du Parquet. Car la nature des faits commis aurait aussi pu faire l’objet d’une qualification criminelle, et le prévenu se serait alors retrouvé devant une Cour d’Assises.
Au lieu de cela, l’homme de 23 ans, membre d’un groupe de jeunes forains qui, lors des faits, passait une soirée dans le centre-ville d’Alençon, était poursuivi pour des délits de violences avec usage ou menace d’une arme et jugé, lundi 24 février 2025, dans le cadre d’une comparution immédiate.
Une voiture utilisée comme une arme
L’arme en question, c’est une voiture.
Une petite Honda que conduisait, à l’origine, sa fiancée, et avec laquelle le prévenu a foncé délibérément sur un petit groupe d’étudiants d’Alençon, vendredi 21 février. Il a ainsi percuté, à deux reprises, le même jeune.
La principale victime, présente à l’audience, souffre de plusieurs blessures légères mais qui lui vaudront toutefois une ITT supérieure à 8 jours.
Ils voulaient s’inviter à la soirée étudiante
Ce soir-là, le prévenu et trois de ses amis dînent entre copains dans un restaurant de la rue Saint-Blaise. Tous les quatre appartiennent à la communauté des artisans forains qui étaient alors installés à l’Ouest de la ville pour la fête de la Chandeleur.
Dans le même temps, la fiancée du prévenu et une de ses amies font, elles, le choix de laisser les garçons entre eux et de dîner de leur côté, dans un restaurant voisin. Il est convenu qu’à l’issue, les deux jeunes femmes, qui disposent chacune d’une voiture, viendront chercher les garçons pour regagner leurs caravanes.
Vers 23 h, les quatre garçons sortent donc dans la rue pour attendre leurs compagnes, mais remarquent qu’une fête costumée regroupant une trentaine d’étudiants de l’école de kinés se tient dans une maison voisine.
Ils décident alors de s’y inviter et pénètrent dans la maison.
Une bataille rangée en pleine rue
Face à cette intrusion, les étudiants leur signifient qu’ils ne sont pas les bienvenus et les prient de sortir, ce qu’ils refusent de faire. Au contraire, l’un d’entre eux cherche à couper le compteur électrique pour tenter de priver la fête d’électricité.
Les deux groupes se bousculent dans l’entrée et, rapidement, tout le monde se retrouve en pleine rue à échanger coups et insultes, malgré l’intervention d’un client du restaurant qui a vainement essayé de calmer les esprits.
C’est au beau milieu de cette bagarre que la fiancée du prévenu arrive au volant de sa petite voiture. Elle s’arrête à proximité lorsque le prévenu lui aurait alors crié : « roule leur dessus, c’est des enfoirés ! ». Ce qu’elle s’est bien gardée de faire.
Le prévenu la prie alors de prendre la place du passager et s’installe au volant. Il fonce alors deux fois sur le groupe adverse, n’hésitant pas, pour cela, à monter sur le trottoir. C’est là qu’il percute le même jeune à deux reprises.
Six mois sous bracelet électronique
Au tribunal, le prévenu s’exprime peu. Mais il dit « regretter sincèrement les actes qu’il a commis » et ne conteste pas les faits, attestés de toute façon par des témoignages et plusieurs enregistrements vidéo.
Le forain professionnel, inséré socialement, n’avait jusqu’alors jamais eu affaire à la justice. À 23 ans, il travaille encore avec ses parents mais se prépare à prendre leur succession.
Ce soir-là, il dit avoir agi sous le coup de « la colère et la peur », lui qui a subi, comme l’a rappelé son avocate, une agression à main armée lorsqu’il était adolescent.
Il est finalement condamné à 12 mois de prison, dont six mois assortis d’un sursis probatoire. Les six mois de prison ferme seront effectués sous bracelet électronique et seront accomplis chez ses grands-parents, sédentarisés au Mans.
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