Une centaine d’agents du service propreté urbaine sillonnent les rues de Brest et des communes de la métropole. Nous sommes allés à leur rencontre.
Qui ne râle pas après avoir buté dans une canette gisant sur le trottoir, ou pire, marché dans une crotte de chien ? Brest est-elle une ville sale ? « La propreté, c’est subjectif, ça relève des sentiments. Sur une même place, les ressentis des gens sont différents, mais, objectivement, nous mettons les moyens. Nous bossons tous les jours pour que la ville soit propre », avance Serge Bathany, responsable du service propreté urbaine de Brest métropole, qui réunit 136 agents. La Collectivité y consacre 7,6 millions d’euros de budget chaque année.

De mauvaises habitudes
Pascal Le Guevel, agent de maîtrise et responsable d’équipe, juge la situation « très correcte ».
Les gens ne sont pas forcément sales, mais ont certaines mauvaises habitudes comme le mégot jeté par terre.
« Il y a beaucoup trop d’emballages et de papiers dispersés dans l’espace public. On doit agir pour enrayer ce fléau, pointe Yves Du Buit, vice-président de Brest métropole, en charge de la propreté. C’est indispensable pour garantir un cadre de vie plaisant aux habitants. »
Brest métropole vient de signer une convention avec Citeo, entreprise spécialisée dans le recyclage des emballages ménagers, pour lutter contre les déchets abandonnés par terre. Un investissement à hauteur de 820 000 euros.
« De plus en plus de déchets d’emballages sont produits hors foyer, notamment liés à la restauration. Jusqu’à présent, on ne trouvait qu’un seul type de corbeille dans l’espace public qui ne permettait pas le geste de tri », indique Frédéric Quintart, directeur régional de Citeo.
D’ici mi-2026, 375 corbeilles jaunes seront installées dans le territoire de Brest métropole. Une centaine ont déjà fait leur apparition.

120 points noirs identifiés
Brest métropole, en lien avec Citeo, a dressé une cartographie des « points problématiques » : 120 ont été identifiés. Sans surprise, il s’agit essentiellement des lieux de passage et de vie. En tête, les rues Siam-Jaurès, les deux ports, les cœurs de quartier et de bourg ainsi que les parcs et jardins.
Les secteurs estampillés prioritaires font l’objet d’un nettoyage quotidien et de plusieurs contrôles dans la journée. Et ce sept jours sur sept, toute l’année, sauf le 1er mai et le 25 décembre. Il s’agit par exemple de l’axe place de Strasbourg/bas de Siam et du boulevard Clemenceau, de la gare à l’Harteloire.
Dès 6 h du matin, des agents entrent en piste. Une équipe de nettoyage manuel, avec toujours le même triptyque : désherbage, ramassage à la pince ou au balai et vidage des corbeilles. L’équipe mécanique officie en renfort, avec la balayeuse.
Depuis l’année dernière, le service est doté de trois Gloutons, sorte de gros aspirateurs (25 000 euros l’unité). Deux sont en service depuis janvier, le troisième le sera bientôt. « Ils aspirent tout, partout, dans les coins. C’est plus facile pour les agents. Nous allons plus vite et c’est moins sale », se félicite Serge Bathany.

« Il faut avoir l’œil partout »
« Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer », s’exclame Sandrine, équipée d’une souffleuse. « Il faut avoir l’œil partout », ajoute son collègue Georgi, pince à la main. Il inspecte ainsi les parterres de fleurs, les rebords de fenêtre et les panneaux électriques.
Au palmarès des déchets les plus répandus par terre : les mégots de cigarettes. Suivent les papiers, les emballages (du sachet de bonbon aux jeux de grattage) et les canettes. Étonnamment, les déjections canines ne seraient pas si omniprésentes. « Il n’y en a pas tant. Beaucoup de gens ramassent », assure Serge Bathany. « Il suffit d’un propriétaire qui fait toujours le même trajet pour être embêté », reconnaît Serge Odeyé, responsable des ressources humaines et des relations usagers. Comme il suffit d’un coup de vent ou d’un goéland affamé se jetant sur un sac mal fermé pour que des détritus se retrouvent à terre.
C’est sans fin. On peut tout nettoyer et une heure après, c’est sali.

Des dépôts sauvages et tags en hausse
En 2024, les agents ont collecté 335 tonnes de déchets via les corbeilles (1 500 sont présentes dans l’espace public) et ceux ramassés au sol ainsi que 240 tonnes liées aux dépôts sauvages. La bête noire du personnel.
Les gens prennent les points d’apport volontaire pour des déchetteries. Tous les jours, il faut intervenir et il faut agir vite avant que cela devienne un dépotoir. Le déchet appelle le déchet.
Sur le podium des abandons : cartons, matelas et électroménager. Face à la multiplication des « incivilités », Brest métropole envisage de verbaliser les indélicats.
La Collectivité fait également face à la recrudescence des tags : 3 664 ont été enlevés l’an passé contre 2 200 en 2022. « Ils polluent l’espace visuel, soupire le responsable de service. Nous n’arrivons pas à tout effacer, il y en a trop. » Une équipe de quatre personnes est mobilisée au quotidien, l’effectif va être renforcé avec l’arrivée de deux agents.
« Pour que la ville soit propre, chacun doit faire un peu, il faut être respectueux », résume Georgi. Ce sera le mot de la fin.
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